Très apprécié dans les plats béninois, le kpanman, peau de bœuf fumée ou bouillie, séduit par son goût et sa texture. Pourtant, mal préparé ou trop consommé, ce met traditionnel peut avoir de graves effets sur la santé humaine. Des nutritionnistes tirent la sonnette d’alarme sur les risques invisibles que cache ce morceau si prisé.
Apprécié pour son goût unique, le kpanman peut toutefois devenir un vrai danger pour la santé humaine. Cette peau de bœuf, très consommée au Bénin, peut entraîner de graves maladies si elle est mal préparée ou consommée trop souvent.
En effet, dans de nombreuses familles béninoises, le kpanman est présent dans les sauces, les grillades et les repas de fête. Cuit, fumé ou bouilli, il est fréquemment considéré comme une viande tendre et savoureuse. Pour beaucoup, ce morceau est même vu comme un complément de viande riche en protéines.
Mais les spécialistes de la nutrition alertent : le kpanman peut contenir des substances toxiques si sa cuisson n’est pas bien faite. Il peut aussi être dangereux pour le cœur, les reins, la peau et le foie, surtout lorsqu’il est consommé de manière excessive.
Entre bienfaits supposés et réalité toxique
Le kpanman contient du collagène, bon pour la peau et les os. Il peut renforcer les articulations et aider à garder une peau ferme. Pour ces raisons, plusieurs personnes le trouvent bénéfique.
Mais cette peau peut aussi contenir des produits chimiques dangereux, comme des pesticides ou des restes de médicaments administrés au bétail. Ces substances ne disparaissent pas toujours à la cuisson. Mal fumé ou mal bouilli, le kpanman devient un véritable poison invisible.« Il peut contenir des résidus de produits chimiques, comme le cyanure, s’il n’est pas bien traité », explique Fifamè Loristia Kpadonou, nutritionniste en santé publique.« Lorsqu’il est consommé en grande quantité, il peut causer l’hypertension, le diabète ou l’obésité », a-t-elle ajouté.
Une mauvaise cuisson, des risques réels de maladie
Sur les marchés, beaucoup de vendeurs fument le kpanman avec du plastique, des pneus ou des bois traités. Résultat : des taches noires apparaissent sur la peau. Ces marques sont souvent le signe de substances cancérigènes.
Ebénézer Kpédjé, consommateur, témoigne :« Je n’en mange pas. Les taches noires me font peur. J’ai entendu dire que ça crée des maladies. »
Une cuisson mal faite laisse les matières grasses s’accumuler dans le sang. Cela peut faire grimper le cholestérol et affaiblir les organes internes. Selon l’OMS, les produits carnés mal préparés sont liés à 34 % des maladies cardiovasculaires en Afrique de l’Ouest.
Mathieu Hounzandji, autre consommateur, confie :« Je pense que comme c’est une peau issue du bœuf, ça contient sûrement des protides. »
Cependant, cette idée, très répandue, ne suffit pas à justifier une consommation régulière. Selon une étude de la FAO (2024), consommer fréquemment la viande de bœuf mal fumée augmente de 40 % le risque d’hypertension artérielle.
Comment consommer le kpanman sans danger ?
Le kpanman ne doit pas être interdit, mais mieux préparé. Le faire bouillir longuement, dans de l’eau propre, permet d’éliminer plusieurs substances toxiques. Il est aussi fortement déconseillé de le fumer avec des matériaux polluants comme le plastique ou le caoutchouc.« Il faut faire bouillir le kpanman assez longtemps et ne jamais utiliser du plastique pour le fumer », insiste Fifamè Kpadonou.Cela permet de garder les éléments utiles sans empoisonner l’organisme.
Ainsi, le kpanman est un aliment culturellement apprécié. Il rappelle les traditions, les fêtes et les repas partagés. Mais il faut l’adapter aux réalités sanitaires d’aujourd’hui. Trop en manger, ou le préparer dans de mauvaises conditions, peut ruiner la santé.
Il vaut mieux bien cuire le kpanman que regretter ses effets tardifs sur la santé. Il est temps d’agir pour que ce plaisir culinaire ne se transforme pas en poison quotidien.
Innocent AGBOESSI