ÉRIC ADOSSOU À PROPOS DE LA CHENILLE LÉGIONNAIRE D’AUTOMNE : « Au Bénin, il y a des méthodes accessibles et moins coûteuses pour combattre de façon efficace ces ravageurs »
La chenille légionnaire d’automne est un ravageur qui sévit très fortement dans les champs de maïs au Bénin. Un mal auquel les producteurs peinent à trouver solution. Dans cet entretien avec Éric Adossou, Spécialiste en service, direction de la production végétale du MAEP, la lumière est mise sur ce problème. Cela va permettre aux producteurs d’avoir une connaissance globale sur ces ravageurs et sur les différentes stratégies de lutte.
- Quelles sont les principales caractéristiques de la chenille légionnaire du maïs ?
La chenille légionnaire d’automne, comme l’indique son nom, est un ravageur du maïs. Il s’agit d’un papillon, qui pond ses œufs sur les plantes de maïs. Après éclosion, dans le cycle de développement, ces laves se nourrissent des feuilles de maïs, mais à partir du cœur des plants pour se mettent à l’abri de la lumière, de la chaleur, en se logeant à l’intérieur du cœur du plant.
Ce ravageur est apparu au Bénin en 2016 et a donc commencé sa présence par la vallée de l’Ouémé et du Zou avant de s’étendre au reste du pays. Dans son développement, l’étape actuelle de la chenille est dommageable pour la culture.
- Quels sont les signes ou manifestations de l’infestation par la chenille légionnaire du maïs ?
La présence de la chenille légionnaire d’automne est remarquée par des fientes sur les feuilles. C’est la caractéristique principale de la présence de la chenille légionnaire d’automne dans un champ de maïs.
Cette chenille, comme je le disais, est assez dommageable. En se nourrissant des jeunes feuilles du maïs, elle détruit le cœur et détruit les nouvelles feuilles qui devraient émerger pour permettre au plant de maïs de grandir en taille. Ainsi, il reste finalement un plant coupé, découpé, déchiqueté, des feuilles trouées et pour finir, un plant qui a du mal à émettre des fleurs et des fruits par la suite. Donc, elle porte atteinte de façon considérable à la productivité du plant de maïs.
- L’attaque de ce ravageur a-t-elle de conséquences sur la sécurité alimentaire ?
Naturellement, le maïs étant l’aliment de base au sud et au centre du Bénin, lorsque vous avez un concurrent de taille, un ravageur d’importance économique comme la chenille légionnaire d’automne sur le maïs, vous pouvez aisément faire le lien. Soit, vous n’avez que vos yeux pour pleurer, soit vous agissez en conséquence pour sauvegarder la culture en place et ne pas récolter de produits, ce qu’il faut pour assurer la sécurité alimentaire.
- Quelles méthodes de lutte sont actuellement les plus efficaces ou les plus utilisées contre la chenille légionnaire du maïs ?
En ce qui concerne les méthodes de lutte contre la chenille légionnaire d’automne, l’heure n’est plus à la panique. Je voudrais donc rassurer les producteurs du fait qu’au Bénin, il y a des méthodes accessibles et moins coûteuses pour combattre de façon efficace ces ravageurs.
De façon conventionnelle, nous avons des pesticides, des produits phytosanitaires qui sont homologués sur le maïs, pour combattre la chenille légionnaire d’automne. Dans le commerce aujourd’hui au Bénin, nous avons par exemple Baedo, Marelle, le Pacha, l’Amdas, l’Hémacote 50 WP, qui sont donc des produits prêts à l’emploi, disponibles, accessibles partout sur le territoire national.
Nous comptons aussi des méthodes naturelles de lutte contre ce ravageur. Il y a par exemple la solution savonneuse du savon local Palmida, que nous utilisons à une concentration de 0,5%, c’est-à-dire un pain de savon pour 20 litres d’eau, où il faut faire un mélange homogène. La préparation commence depuis la veille, après avoir haché le pain de savon, le mélanger à 1 litre d’eau, le laisser se ramollir toute la nuit et au petit matin, vous récupérez le mélange que vous agitez, rendez homogène et complétez les 19 autres pour avoir au total une solution de 20 litres par pain de savon.
Lorsque vous pulvérisez ce produit, c’est vraiment efficace et écologique pour la gestion de la chenille légionnaire. Il y a également d’autres méthodes naturelles, l’huile de Nîmes, qui sont recommandées aux producteurs. Cela permet à ce que nos habitudes soient maintenues parce qu’au Bénin, nous avons l’habitude de consommer du maïs frais.
Propos transcrits par Madeleine ATODJINOU