PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
COMMERCIALISATION DES BAVES D’ESCARGOT AU BÉNIN : Un potentiel économique sous-estimé
Les baves d’escargot au Bénin sont une ressource naturelle aux multiples vertus cosmétiques et médicinales. Sa commercialisation sous d’autres cieux offre un gain économique très alléchant, mais au Bénin, les héliciculteurs restent toujours face à cela.
Innocent AGBOESSI (stag)
La bave d’escargot est riche en allantoïne, acide glycolique, élastine, collagène et vitamines. Ces composants en font un ingrédient prisé dans les industries cosmétique et pharmaceutique pour ses vertus hydratantes, réparatrices et anti-âge. En médecine, elle est utilisée pour ses effets anti-inflammatoires et antibactériens, aidant à traiter des affections telles que les brûlures, les verrues et certaines infections cutanées. Elle est également explorée pour ses potentiels bénéfices dans la cicatrisation des plaies et la réparation des tissus endommagés. De plus, la bave d’escargot peut être transformée en poudre pour être utilisée comme source de calcium et de protéines. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2023, le marché mondial des produits à base de bave d’escargot est en pleine expansion, avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 8,5 %.
Par ailleurs, l’extraction de la bave d’escargot peut se réaliser par plusieurs méthodes, dont celle nécessitant l’abattage des escargots. Selon Delalie Andréa, une jeune éleveuse et transformatrice d’escargots, après avoir abattu les escargots, on les malaxe pour en extraire la bave. Une autre méthode consiste à maintenir l’animal en vie et extraire la bave par stimulation. « Il suffit de les stimuler pour extraire la bave », explique la jeune transformatrice. En outre, des machines ont été conçues pour l’extraction de la bave d’escargot. Selon elle, il existe différentes qualités de bave, la plus précieuse étant celle riche en protéines. Il est important de noter qu’il faut utiliser une centaine de gros escargots pour obtenir un litre de bave. L’espèce d’escargot la plus utilisée pour l’extraction de bave au Bénin est l’Achatina fulica.
En termes de commercialisation, la bave d’escargot est coûteuse sur le marché, ce qui en fait un secteur rentable. « Sur le plan national, le litre est vendu au minimum à 15 000 FCFA et à l’international, cela pourrait être vendu à 50 000 FCFA et même au-delà », souligne Delalie Andréa.
Au Bénin, l’élevage d’escargots, ou héliciculture, est principalement une activité de subsistance. Cependant, quelques initiatives locales commencent à voir le jour. D’après les statistiques de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE), la production annuelle d’escargot s’est estimée à environ 200 tonnes. Pourtant, moins de 5% de cette production est destinée à l’extraction et à la commercialisation de la bave, indiquant un vas te potentiel inexploité.
Il est enfin crucial de savoir que la production de bave d’escargot nécessite le développement de l’élevage des escargots, une pratique encore sous-estimée au Bénin, mais avec un potentiel économique considérable. Pour répondre à la demande croissante de ce précieux mucus, il est essentiel d’établir des systèmes d’élevages à grande échelle, en particulier de l’espèce Achatina fulica, qui est la plus couramment utilisée. Développer cette filière pourrait générer des opportunités économiques significatives, en créant des emplois et en diversifiant les sources de revenus. En valorisant l’élevage des escargots, le Bénin pourrait ainsi exploiter pleinement ce secteur prometteur et contribuer à une exploitation plus durable et rentable des ressources naturelles du pays.