CONSOMMATION LOCALE : Le « made in Benin » toujours freiné par plusieurs obstacles
Dans un monde de plus en plus globalisé, la consommation locale est essentielle pour le développement durable des communautés. Au Bénin, la valorisation des produits locaux se heurte à des accrocs qui retardent le renforcement de l’économie locale et l’exploitation des ressources endogènes.
Maëlle ANATO
C’est une évidence. La population béninoise trouve quelque peu onéreux les coûts des produits localement manufacturés.
Il faut rappeler que le tissu industriel béninois est en majorité composé de PME et de PMI. Ces petites et moyennes entreprises/ industries étant pour la plupart dans l’informel sont confrontées à des obstacles qui impactent la consommation locale. Au prime abord, l’accès aux matières premières. Nombre de produits bruts, tels que le coton, l’ananas, le soja, les noix de cajou, sont massivement exportés sans transformation préalable. Cette dynamique prive le pays d’une valeur ajoutée significative, pourtant essentielle au développement économique et social du pays. Les matières premières quittent le territoire pour être transformées à l’étranger, avant d’être à nouveau importées sous forme de produits finis. Dans d’autres cas, les coûts liés au transport et à la conservation constituent également un frein à l’élan des entrepreneurs. La concurrence des produits étrangers souvent perçus comme plus abordables ou de meilleure qualité freine l’essor des produits locaux, malgré leurs bénéfices pour l’économie nationale.
Il faut ensuite relever le défi de la certification. Bien qu’elle garantisse la qualité et la conformité des produits, elle fait appel à des coûts supplémentaires et des procédures complexes.
Dieudonné ALLADJODJO, Directeur général de Promo Fruits ajoute que la certification en elle seule n’est pas encore ce qu’il faut pour véritablement convaincre le consommateur à consommer béninois. « Il a besoin d’être rassuré aussi sur ce que porte ce certificat, sur la traçabilité du produit et les conditions dans lesquelles il est fait », avance t’il. Un défi qui procède à un autre: l’accès au financement. Le Bénin est un pays où l’accès au crédit n’est pas chose aisée pour les entrepreneurs locaux. Malgré les efforts consentis par le gouvernement, les banques tardent à porter l’enjeu pour accompagner les entreprises au niveau supérieur. Or, c’est la ressource financière qui permet l’acquisition de technologies performantes pour un travail à grande échelle. À cela s’ajoute un manque de visibilité des produits locaux. Les petites entreprises manquent souvent de ressources pour investir dans des campagnes publicitaires efficaces ou pour accéder aux réseaux de distribution structurés. Ce déficit conduit alors la plupart des entrepreneurs à travailler dans l’ombre de manière manuelle ou semi-automatique.
À en croire l’entrepreneur à succès à la tête de Promo Fruits, «l’autre obstacle au financement bancaire est aussi les échéances données par les banques. Il y a peu de crédit à long terme quand on sait que pour des investissements industriels, il faut des crédits sur au moins 7 à 10 ans ».
De plus, un frein à la consommation des produits made in Bénin reste le manque d’informations fiables sur le packaging. Ce qui remet en doute la qualité perçue des produits locaux. Selon la Directrice du Développement Industriel, Murielle Gnamblohou, il y a encore des efforts à faire par nos entreprises car le visuel d’un produit est ce qui attire. Il faut donner les informations justes et conformes sur le produit afin de le faire accepter au consommateur, même quand il n’a pas directement accès au contenu.
« Plus les béninois consommeront les produits plus l’investisseur va rentabiliser et revoir automatiquement à la baisse le coût parce que la même énergie qui produit 500 tonnes est celle qui produira 10000 tonnes », a encouragé la Directrice du Développement Industriel.