Les coûts mondiaux du cacao se sont nettement repliés ces dernières semaines, après plus d’un an de flambée. Début octobre, la tonne sur les marchés de New York et de Londres se négociait autour de 6 150 USD, soit près de 58 % de moins que le pic atteint en avril 2024. Un changement qui s’explique à la fois par l’amélioration de la production et par une diminution temporaire de la demande industrielle.
Selon les données publiées début octobre 2025 par la Financial Times et TradingView, les conditions climatiques se sont stabilisées en Afrique de l’Ouest. Ce qui favoriserait la reprise des récoltes dans les principaux bassins cacaoyers. Les stocks devraient ainsi se reconstituer progressivement après les pertes de la campagne précédente. Dans le même temps, plusieurs transformateurs et chocolatiers réduisent toutefois leurs achats et préfèrent écouler leurs réserves constituées lors de la flambée des prix.
Face à cette volatilité des prix, les grands pays exportateurs ajustent leurs prix. Pour preuve, le Ghana a relevé depuis le 3 octobre 2025 son prix bord champ de 12,27 %, pour atteindre 3 625 GH₵ le sac ; soit environ 58 000 GH₵/tonne, selon le Ghana Cocoa Board (Cocobod). Cette décision fait écho à l’annonce récente de la Côte d’Ivoire qui a également fixé un prix record pour la campagne principale 2025-2026. Ces révisions traduisent la volonté des États d’amortir l’impact de la baisse mondiale tout en soutenant les revenus des exploitants, dont la plupart vivent encore sous le seuil de pauvreté.
Un nouveau joueur s’invite dans la course
Déjà troisième producteur mondial, l’Équateur qui est un pays sud-américain, vise désormais la deuxième place derrière la Côte d’Ivoire avec une projection de 650 000 tonnes dès 2026-2027. Cette montée en puissance pourrait rebattre les cartes du commerce mondial du cacao en renforçant la concurrence sur les marchés traditionnels d’Afrique de l’Ouest.
Les défis de la traçabilité et de la durabilité à relever
Au-delà de la conjoncture des prix, le secteur du cacao traverse une profonde mutation. La traçabilité devient dorénavant un critère incontournable pour accéder au marché européen. D’après des informations de l’agence de presse Reuters, datant du 08 octobre 2025, la Côte d’Ivoire a réussi à tracer 40 % de ses fèves en 2024-2025. C’est un progrès notable en vue de l’application prochaine de la loi européenne contre la déforestation importée. Encore coûteuse pour les pays producteurs, elle impose une réorganisation des chaînes d’approvisionnement, mais pourrait à terme valoriser les fèves issues de pratiques durables.
Parallèlement, les initiatives autour du cacao “bas-carbone” et des crédits verts se multiplient. Selon Agence Ecofin, certains négociants explorent déjà la possibilité de rémunérer les planteurs engagés dans la réduction des émissions liées à la culture et à la transformation. Une approche qui pourrait, à moyen terme, redéfinir la valeur ajoutée du cacao africain sur les marchés internationaux.
Maëlle ANATO