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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

DYNAMISATION DE LA FILIÈRE ANARCADE AU BÉNIN: Accès aux marchés pour les acteurs béninois

 DYNAMISATION DE LA FILIÈRE ANARCADE AU BÉNIN: Accès aux marchés pour les acteurs béninois

La filière anacarde est l’une des filières phares à haute valeur ajoutée, dont la promotion est consignée dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG, 2016-2021). Ceci, en raison de sa forte capacité à contribuer à la création d’emplois et de revenus, et sa contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour mieux cerner les questions liées à l’accès aux marchés de la filière anacarde, Prudence Kpodekon a reçu dans son émission ‘’l’invité du week-end’’ sur LE RURAL Bénin Tv, Edouard Assogba, Président de l’interprofession de la Filière Anacarde au Bénin et Péniel Fanou Président du Conseil National des Exportateurs de Cajou du Bénin. Ensemble ils ont passé en revue la question de l’accès aux marchés pour les acteurs béninois du Cajou.

Par Laure S. LEKOSSA

Le fonctionnement des marchés de commercialisation des noix d’anacarde ou de tout produit agricole constitue un facteur très important de prise de décision dans la production des exploitations agricoles. Il détermine le système de production à développer par le producteur et influence la gestion de tous les facteurs de production utilisés dans le cadre de la production. Le PSDSA 2017-2025 consacre l’anacarde comme une filière prioritaire. Une filière qui est actuellement en bonne santé selon les dires des acteurs. « La filière anacarde se porte de mieux en mieux bien étant donné que pendant cette campagne qui est en cours et qui s’achève à la fin du mois d’octobre, nous avions réussi malgré la Covid -19, a évacué une bonne partie de nos productions. Globalement avec l’appui et l’encadrement des PTF et du chef de l’État, on a pu réaliser quelque chose de considérable. » a fait savoir Edouard Assogba Président de l’IFA-Bénin (Interprofession de la Filière Anacarde). Péniel Fanou, Président du CoNEC abonde à son tour dans le même sens : « la filière anacarde se porte à merveille parce qu’il y a eu des avancées notables aussi bien du point de vue technique que politique et socio-économique. Du coup, nous pouvons dire aujourd ’hui qu’il y a une visibilité qui s’observe au niveau de la filière anacarde au Bénin ».

La filière anacarde suscite un engouement majeur au niveau des acteurs particulièrement les producteurs. Le marché de noix de cajou au Bénin est favorisé par plusieurs familles d’acteurs. Aux nombres de ces derniers, figure entre autres l’interprofession de la filière anacarde IFA, la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin (FENAPAB), le Conseil National des Transformateurs du Cajou (CNTC), le Conseil National des Exportateurs du Bénin (CoNEC), la Fédération National des Acheteurs des Produits Agricoles (FENAPA).

Deuxième culture de rente après le coton, la noix d’anacarde continue son essor au Bénin en tant que deuxième filière. Sa production, sa transformation et son exportation ont connu un accroissement positif au cours de ces dernières années. Cependant, le niveau actuel d’exploitation des potentialités de la filière reste très faible en raison des multiples contraintes relevées au niveau de ses différents maillons. Le système de commercialisation qui constitue un levier majeur pour le développement de la filière végète dans la confusion et dans un dysfonctionnement qui ne permet pas de garantir le plein épanouissement de l’ensemble des acteurs.

Pour une bonne organisation, des réformes salutaires…

En effet, le système de commercialisation des noix d’anacarde implique plusieurs acteurs qui n’ont pas les mêmes intérêts et opinions sur les actions à mener pour le développement de la filière. De ce fait, le marché demeure ouvert notamment au niveau des commerçants qui au lieu d’une synergie d’actions sont en permanence dans une stratégie de lutte pour la conquête du meilleur profit au détriment des autres acteurs. Les transformateurs, en dépit des difficultés d’application de la décision favorisant l’approvisionnement des usines locales de transformation, dégagent la meilleure marge bénéficiaire de la chaîne de commercialisation. Ainsi, les producteurs qui constituent le premier maillon de la chaîne de commercialisation tire la plus faible marge bénéficiaire. Mais, étant donnée l’importance de plus en plus significative de sa place dans la vie économique et sociale des populations et même de la nation, des efforts d’organisation sont observés au cours de ces dernières décennies. Il existe donc plusieurs plans d’organisation autour de la production, de la transformation et de la commercialisation des noix d’anacarde au Bénin. « Il y a eu plusieurs réformes d’abord au niveau de l’État avec la territorialisation de l’activité, il y a eu des agences qui sont mises en place. Au-delà de ces agences, il y a eu des préparatifs pour la commercialisation de la noix de cajou, en plus la loi sur les interprofessions. Il y a pas mal de dispositions qui sont prises pour nous les acteurs. Concernant la gouvernance, il y a d’énormes réformes qui ont été engagées par le gouvernement notamment par le biais du ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche pour renforcer les liens entre les différentes familles d’acteurs, les faîtières et l’interprofession. Parlant du dossier de la contractualisation, il y a de cela deux ans que ce projet de loi a été introduite par le CoNEC, et a suivi son cours mais actuellement est déjà très avancer. Et nous programmons dans les jours à venir dans l’interprofession de rentrer en lien avec chaque famille d’acteurs au regard de leurs cahiers de charges de pouvoir réellement travailler » a noté Edouard Assogba Président de l’IFA-Bénin, avant d’ajouter « on parle de filière lorsqu’il y a le produit et le marché et le premier aspect, c’est de pouvoir produire en quantité et en qualité et cela suppose qu’il faut maîtriser les bonnes pratiques agricoles surtout au niveau des producteurs. Au niveau du marché, parlant de la qualité et au niveau de l’exploitation, il faut maîtriser le climat ; cela interpelle les exportateurs de cajou et les commerçants qui doivent s’outiller pour accompagner les producteurs. Au niveau de la transformation, nous parlerons des normes alimentaires qu’il faudra respecter en fonction de la demande et tous cela montre que chaque acteur au niveau de chaque maillon doit se professionnaliser ».

La stratégie de la vente groupée développée par plusieurs organisations d’appui aux producteurs dans le but de renforcer leur pouvoir de négociation du prix de vente des noix d’anacarde vis-à-vis des transformateurs et des commerçants n’est adoptée que par une petite frange de producteurs en raison des problèmes de gouvernance au sein des organes de gestion, des structures d’appui ou des organisations des producteurs. Par ce fait, l’accès au marché répond à un certain nombre de conditions telles la possession et l’obtention d’un produit de très bonne qualité et la maîtrise des marchés d’écoulement. Une chose qui passe par la sensibilisation et la formation des producteurs qui doivent avoir une bonne pratique, et contacter les acheteurs pour la vente des produits fait comprendre Péniel Fanou, Pdt du CoNEC. « Chaque type d’accès au marché est lié à un contrat et passe aussi par le respect des dispositions contenus dans ce contrat. L’exportateur doit dans ce cas être en relation avec à la fois les acheteurs et les producteurs c’est tout un circuit pour accéder au marché » a expliqué Edouard Assogba Président de l’IFA-Bénin.
« La campagne de commercialisation passe d’abord par des réunions des ministères sous sectoriels pour étudier sur les différents prix à pratiquer. C’est au terme de ces échanges que la campagne de commercialisation des noix d’acajou peut être lancée. Cette campagne offre ainsi la possibilité aux acteurs de pouvoir vendre leurs produits » a-t-il poursuivi.

La Covid 19 n’arrange rien…

Par ailleurs la crise sanitaire liée à la Covid -19 a fait parler aussi d’elle au niveau de la filière anacarde. Le président de l’IFA Bénin a souligné que le coronavirus a eu des effets remarquables sur l’évolution et le bien-être de sur la filière « il y a des gestes barrières que nous devrons respecter, nous n’étions pas autorisés à aller sur le terrain et il y avait des difficultés à évacuer les produits et tout le monde était contraint à rester confiner. Les grands acheteurs comme la Chine, le Vietnam ne pouvait pas venir au Bénin et tout le monde était atteint; le prix a chuté ce qui a fait que les producteurs ont dû avoir pendant longtemps les produits sous les bras, c’est après quelques temps que le marché à commencer et progressivement les produits ont commencés à être évacués avec une moyenne de 200 à 300 FCFA. Et au niveau des exportateurs, les contrats ont pris un coût. Globalement par rapport à la campagne passée, il y a eu des pertes au niveau de la production. ». Péniel Fanou, Pdt du CONEC va plus loin. « Il y a la peur qui a bravé les producteurs parce qu’il y a sur le territoire des commerçants internationaux qui étaient sur place avant que le Covid ne vienne et qui n’ont pas pu voyager. Et en rentrant dans la danse de la commercialisation, il n’y avait pas eu un contrôle donc les producteurs ont dû garder leurs produits; et au niveau des exportateurs le prix normal des produits n’a pas été suivi et le contrat ne répondait pas trop à ce qu’on aurait pu espérer ».

Les acteurs de la filière anacarde demande toutefois, des actions urgentes à l’endroit des producteurs notamment pour leur accompagnement à l’entretien des champs pour de bon rendements, et le suivi des bonnes pratiques de cautionnement pour l’obtention des produits de bonne qualité ainsi que pour le respect des règles établies par l’État et par l’interprofession. Notons que la filière anacarde contribue à près de 3{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} du PIB (Produit Intérieur Brut), à 7{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} au PNB agricole et représente 8{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} des recettes d’exportation, et constitue le troisième pilier de l’économie nationale après le coton.

LE RURAL

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