ÉLEVAGE DES HUÎTRES

À côté du poisson et de la viande, dont l’accès peut parfois être limité pour certaines populations, une nouvelle source de protéines de qualité à moindre coût se distingue.

« Une activité rentable qui nécessite peu d’investissement », dixit Dr David AKELE

À côté du poisson et de la viande, dont l’accès peut parfois être limité pour certaines populations, une nouvelle source de protéines de qualité à moindre coût se distingue. Il s’agit des huîtres. Leur élevage ne requiert pas un investissement initial élevé et reste une activité rentable. Dans cet entretien, Dr David AKELE, spécialiste de l’élevage et de la production d’huîtres, met en lumière les méthodes d’élevage, les zones de production au Bénin, les difficultés rencontrées, ainsi que les perspectives d’amélioration pour transformer l’élevage des huîtres en une véritable filière alternative aux sources classiques de protéines.

À côté du poisson et de la viande, dont l’accès peut parfois être limité pour certaines populations, une nouvelle source de protéines de qualité à moindre coût se distingue.

Pourquoi l’élevage des huîtres ?

Les huîtres constituent une source importante de vitamines et de minéraux. Nos populations locales en consomment déjà, car elles représentent une source de protéines de bonne qualité et à moindre coût, comparativement au poisson ou à la viande, dont l’accès peut parfois être difficile pour certaines couches sociales.

Ainsi, l’élevage des huîtres apparaît comme une solution d’appoint, une alternative pour s’approvisionner en protéines bon marché, mais nutritives. L’élevage des huîtres est une activité rentable. Je dirais même très rentable, dans la mesure où l’investissement de départ n’est pas élevé. Les huîtres sont des mollusques, un peu comme les escargots : elles possèdent une coquille à l’intérieur de laquelle se trouve la chair.

Dans quelles zones géographiques du Bénin l’exploitation et l’élevage des huîtres sont-ils les plus pratiqués ?

Au Bénin, la récolte des huîtres se pratique essentiellement dans les zones lagunaires de Ouidah et de Grand-Popo. Au niveau du lac Nokoué, l’exploitation reste encore artisanale et s’effectue principalement dans le milieu naturel. L’élevage organisé n’y est pas encore véritablement développé. On y observe quelques tentatives, mais la grande zone connue pour l’élevage des huîtres demeure la lagune côtière de Ouidah et de Grand-Popo.

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Quelles sont les principales méthodes d’élevage des huîtres mentionnées, et en quoi les techniques en suspension sont-elles avantageuses ?

Il existe plusieurs catégories de méthodes d’élevage. La plus répandue est la méthode traditionnelle, pratiquée sur la lagune côtière. Elle consiste à élever les huîtres directement sur le sol, à plat. Mais il existe aussi des méthodes hors sol, notamment en suspension ou en cage. Ces méthodes permettent d’améliorer la productivité et la qualité des huîtres. Ce sont justement ces techniques modernes que nous essayons aujourd’hui d’adapter et de vulgariser auprès des populations locales. Il existe plusieurs moyens simples pour augmenter les rendements.

Par exemple, on peut élever les huîtres dans des poches hors sol ou encore à l’aide de guirlandes de coquilles percées, une méthode très utilisée au Sénégal, particulièrement dans les mangroves. Cette approche ne coûte presque rien et repose sur des matériaux locaux. D’autres techniques existent également, comme les élevages en suspension, en poches ou sur cages flottantes, qui peuvent être développées dès lors que les populations s’organisent pour les mettre en œuvre efficacement.

Quelles sont les principales causes de mortalité des huîtres dans la méthode traditionnelle, et quelles solutions sont proposées pour y remédier ?

La méthode traditionnelle présente plusieurs difficultés. On observe un taux de mortalité élevé, souvent dû à la boue dans laquelle les huîtres sont installées dans certains sites. Cette mortalité importante réduit considérablement les revenus des éleveurs. C’est pour pallier ces contraintes que nous travaillons actuellement à la promotion de techniques d’élevage en suspension, donc hors sol, afin d’améliorer la survie, le rendement et les revenus des producteurs.

L’élevage des huîtres est d’autant plus rentable qu’il nécessite peu d’investissement initial. Autrefois, les femmes achetaient les naissains (jeunes huîtres) à Grand-Popo avant de les élever chez elles, notamment à Ouidah, à Djègbadji ou à Comè. Aujourd’hui, ces naissains peuvent être récoltés directement dans le milieu naturel, ce qui réduit encore davantage les coûts.

De plus, les huîtres se nourrissent naturellement de phytoplancton, présent dans leur environnement. Il n’y a donc pas besoin d’acheter des aliments importés pour les nourrir. Ainsi, si le problème de mortalité est maîtrisé, l’élevage des huîtres devient une activité hautement rentable. L’introduction des techniques de suspension hors sol viendra encore renforcer cette rentabilité et la durabilité de la filière.

Quels conseils sont donnés à ceux qui souhaitent se lancer dans l’élevage des huîtres au Bénin, et quelles perspectives offre cette filière pour l’avenir ?

Pour ceux qui souhaitent se lancer dans ce type d’activité, ils sont les bienvenus. C’est une activité très prometteuse, peu coûteuse et peu chronophage une fois le dispositif mis en place. Avec les nouvelles méthodes actuellement développées et vulgarisées, la rentabilité et la pérennité de cette filière sont désormais assurées.

Réalisé par Vignon Justin ADANDE

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