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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

FAUX BISSAP À BASE DE POUDRES AROMATISÉES : Un mal qui prend le dessus du marché béninois

 FAUX BISSAP À BASE DE POUDRES AROMATISÉES : Un mal qui prend le dessus du marché béninois

Au Bénin, le bissap est une boisson traditionnelle prisée pour ses nombreuses vertus. Cependant, une tendance inquiétante se développe : l’utilisation de poudres aromatisées pour produire une imitation du bissap. Ce phénomène pose des questions non seulement sur la préservation des traditions, mais aussi sur l’économie et la santé des consommateurs.

Innocent AGBOESSI

Le bissap, une boisson emblématique préparée à partir de fleurs d’hibiscus, est apprécié non seulement pour son goût rafraîchissant, mais aussi pour ses nombreux apports nutritionnels. Traditionnellement, il accompagne les grandes célébrations et est largement consommé dans les foyers béninois. « Parfois, je le prépare à la maison pour faire plaisir à mes enfants et à mon mari », avoue Yessoufou Sidikatou, vendeuse de fleurs d’hibiscus et de poudres aromatisées. Cependant, une inquiétude émerge : celle du « faux bissap », une imitation créée en mélangeant de la poudre aromatisée avec de l’eau, imitant l’apparence et le goût du bissap, mais sans offrir les mêmes bienfaits pour la santé.’

Ces poudres, disponibles en sachets bon marché sur les marchés locaux, contiennent des colorants, des arômes artificiels et une grande quantité de sucre. Elles séduisent les consommateurs par leur coût réduit et leur préparation facile. Toutefois, cette popularité croissante autour de ces poudres soulève des préoccupations. Contrairement au véritable bissap, ces boissons en poudre n’apportent pas les mêmes nutriments essentiels que les fleurs d’hibiscus et peuvent même être nocives à long terme, notamment en raison de leur teneur élevée en sucre.

Le marché du bissap au Bénin présente des particularités économiques intéressantes, surtout lorsqu’il s’agit de comparer les fleurs d’hibiscus utilisées pour le jus de bissap traditionnel aux produits utilisés pour la fabrication du faux bissap. Les fleurs d’hibiscus, aussi connues sous le nom de « bissap », sont vendues principalement dans les marchés locaux et les épiceries spécialisées. Au Bénin, le prix des fleurs séchées d’hibiscus peut varier entre 19 000 FCFA et 25 000 FCFA le sac de 50 kilogrammes, selon la qualité et l’origine des fleurs. « Il y a trois ans, ce même sac se vendait à 100 000 FCFA en raison des frais de douane, ce qui a détourné l’attention de presque tous les producteurs de jus de bissap vers les poudres aromatisées », explique Yessoufou Sidikatou. Pour préparer environ 1,5 litre de jus de bissap, il faut environ 1 kilogramme de fleurs, ce qui revient à environ 500 FCFA.

En revanche, la production de faux bissap, souvent réalisée à partir de poudres chimiques ou de colorants artificiels, coûte beaucoup moins cher. Ces substituts sont généralement vendus à des prix nettement inférieurs. « Autrefois, le carton était vendu à 12 000 FCFA, mais les utilisateurs s’en sont tellement servis qu’aujourd’hui, le même carton est passé à 25 000 FCFA, ce qui ne diminue pas son affluence puisqu’il demeure plus rentable que les fleurs d’hibiscus », déclare Ida Lokossi, une vendeuse de poudres aromatisées. Parfois, un petit sachet de poudre aromatisée, souvent vendu à 50 FCFA, peut servir à faire 1 à 2 litres de jus. « La majorité de mes clients qui utilisent les poudres aromatisées achètent aussi un peu de fleurs d’hibiscus pour masquer la vraie nature de leur jus », dévoile Yessoufou Sidikatou.

Impact économique

L’existence de ces produits bon marché nuit gravement aux producteurs locaux de bissap, qui voient leurs marges réduites en raison de la concurrence déloyale. Les petits agriculteurs et vendeurs de fleurs d’hibiscus, qui dépendent de cette culture pour leur subsistance, sont particulièrement touchés, ce qui affecte l’ensemble de la chaîne économique locale.

De nombreux consommateurs ignorent la différence entre le vrai bissap et ces imitations, ce qui met en danger la préservation de cette tradition culinaire. Les vendeurs de « faux bissap » peuvent être motivés par le profit, sacrifiant la qualité et la tradition au nom de la rentabilité. Cependant, ce phénomène va bien au-delà de la simple question économique. Il soulève des interrogations sur l’impact de ces pratiques sur la santé publique, notamment avec l’augmentation des maladies liées à la consommation excessive de sucre.

Il s’avère donc essentiel de sensibiliser la population sur les dangers de ces produits, tout en valorisant le vrai bissap et ses bienfaits. Les autorités sanitaires devraient également jouer un rôle dans la régulation de ces poudres aromatisées et dans l’éducation des consommateurs.

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