La filière anacarde au Bénin amorce un tournant décisif avec le lancement de la campagne nationale 2025 dédiée à la plantation d’anacardiers et à la réhabilitation de 170.000 hectares de vergers anciens.
Le vendredi 16 mai 2025, la commune de Savalou a accueilli la cérémonie officielle de lancement, organisée dans la plantation de Kpakpassa, sous la présidence du Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Gaston Cossi DOSSOUHOUI.
Dans le même élan, la campagne de réhabilitation des anciennes plantations a été lancée à Agbon, dans la commune voisine de Bantè, en présence du maire de Savalou, du chargé de mission du préfet des Collines, et d’une forte mobilisation des producteurs agricoles des deux localités.
Les précédentes campagnes n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes. Trop de plants n’ont pas survécu, et de nombreux efforts ont été anéantis. Pour changer la donne, une série de mesures correctives a été engagée, à savoir sélection rigoureuse des pépiniéristes, livraison ponctuelle des plants, renforcement des formations et mobilisation accrue des partenaires. Une nouvelle dynamique est désormais en marche.
170.000 hectares à réhabiliter d’ici 2026
Porté par cette volonté de redressement, le Projet d’Appui à la Compétitivité des Filières agricoles et à la Diversification des Exportations (PACOFIDE) se positionne comme un moteur du renouveau. Selon Dr Samuel AKPOVI, spécialiste en appui à la productivité agricole au sein du projet, 42.000 hectares de plantations anciennes seront réhabilités en 2025, puis 18.000 hectares supplémentaires en 2026. L’objectif global est de remettre à niveau 170.000 hectares au terme du projet.
25.000 hectares d’anacardiers à planter
Dans le même élan, 4.000 hectares de nouvelles plantations seront établis dans les communes productrices d’ici à la fin de l’année, pour atteindre environ 22.000 hectares cumulés au 31 décembre 2025. En 2026, plus de 3.000 hectares viendront s’y ajouter afin d’atteindre un total de 25.000 hectares. “Le projet vise une hausse significative des rendements, passant de 450 à 800 kg/ha d’ici à 2026, grâce à une série de mesures visant à améliorer les performances des producteurs”, a précisé Dr AKPOVI.
Des mesures correctives pour garantir le succès
Mais pour que ces objectifs deviennent réalité, le Ministre DOSSOUHOUI a insisté sur les leçons tirées des précédentes campagnes. Il a notamment pointé le taux élevé de mortalité des plants mis en terre, qui a réduit l’impact des efforts déployés. Face à cela, des mesures correctives ont été adoptées avec l’appui du PACOFIDE, de l’ATDA Pôle 4 et du cabinet ministériel.
Parmi ces mesures figure le renforcement du dispositif de sélection des pépiniéristes et de la production de plants de qualité ; une meilleure planification pour la mise à disposition des plants aux producteurs ; la formation des prestataires, producteurs et agents de vulgarisation ; une mobilisation renforcée des structures d’accompagnement et des partenaires techniques et financiers.
Un appui stratégique et financier
“C’est un nouveau départ que nous célébrons ici à Savalou. Il marque une rupture avec les pratiques anciennes et inaugure une ère de professionnalisation et de responsabilité partagée”, a déclaré le ministre. Il a par ailleurs annoncé qu’un financement additionnel de 92 milliards de FCFA est en discussion pour renforcer davantage le projet et faire reculer la pauvreté et la faim au Bénin.
Au nom des bénéficiaires, le président de l’interprofession de la filière anacarde, Léopold LOKOSSOU, a salué la vision du gouvernement. Il a souligné que cette stratégie s’inscrit dans la volonté de promouvoir l’industrialisation du pays, en boostant la production nationale de noix d’anacarde pour garantir un approvisionnement suffisant des usines à un prix juste pour les producteurs.
« L’option faite par le Gouvernement de promouvoir l’industrialisation de notre pays pour la création de l’emploi et de la richesse à travers le développement des filières agricoles engage l’interprofession à travers l’accompagnement du processus de production pour assurer l’amélioration du volume de production nationale de noix d’anacarde et garantir la matière aux usines à un prix rémunérateur », a-t-il affirmé.
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Justin ADANDE