Le point après six mois de mise en œuvre
L’œuf de consommation n’est plus seulement un produit de cuisine. Aujourd’hui, il devient au Bénin un véritable enjeu stratégique. En effet, avec l’ambition claire du gouvernement d’atteindre 27 200 tonnes de production nationale d’ici fin 2025, la filière s’inscrit désormais comme un pilier majeur de la sécurité alimentaire. À ce stade, en cette mi-parcours de la campagne 2025-2026, les acteurs dressent un bilan composé à la fois d’avancées notables, mais aussi de freins liés à certaines résistances structurelles.
Une campagne agricole lancée dans des conditions climatiques favorables
Concernant les conditions climatiques, l’année 2025 a été marquée par un engagement fort à satisfaire les quatre recommandations formulées par les acteurs de la filière en novembre dernier. Dès le mois de mars, les pluies se sont installées progressivement, avec une intensification notable à la deuxième quinzaine de mai. Grâce à cela, les cultures et le pâturage ont bénéficié de conditions propices, constituant ainsi un soulagement important pour les éleveurs de pondeuses. Contrairement à certaines campagnes précédentes, aucune difficulté hydrique majeure n’a été signalée dans les principales zones de production.
Une pression sanitaire toujours préoccupante
Cependant, si la météo a été favorable, la situation sanitaire, quant à elle, a maintenu la filière sous pression. Malgré les campagnes de vaccination contre la maladie de Newcastle, avec plus de 46 000 volailles vaccinées dans les départements de l’Atlantique, du Mono et de l’Ouémé, plusieurs foyers de maladies se sont tout de même déclarés dans le sud. Par exemple, la pseudo-peste aviaire, la maladie de Gumboro et la coccidiose ont été détectées dans les communes de Lokossa, Comè et Tori-Bossito, impactant localement les performances de production.
Réponse institutionnelle : des contrôles et des actions ciblées
Face à cette situation, les autorités n’ont pas baissé la garde. En effet, l’ATDA 7, en collaboration avec les DDAEP et les services vétérinaires, a coordonné efficacement les campagnes de vaccination et de contrôle. À titre illustratif, 45 opérations de contrôle ont été menées, touchant 18 distributeurs grossistes au cours de cette campagne. En tout, ce sont 24 500 plateaux d’œufs contrôlés, 2 350 poulets chairs inspectés, et surtout 55 516 plateaux d’œufs certifiés salubres, rien que dans le département de l’Ouémé.
Neuf actions prioritaires pour transformer la filière
Sous la coordination de l’ATDA 7, le plan de campagne, articulé autour de neuf actions prioritaires afin de la transformation structurelle de la filière : meilleure accessibilité aux poussins performants, alimentation et vaccins disponibles, modernisation des élevages, formation des acteurs et gouvernance renforcée.
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À mi-chemin, le taux d’exécution est évalué à 53,4 %, légèrement au-dessus des 52,6 % enregistrés à la même période en 2024. Une performance modeste, mais significative dans un contexte marqué par des menaces sanitaires et commerciales.
L’évolution des effectifs de pondeuses entre 2023 et 2025 est jugée positive, avec un accroissement constant du nombre d’élevages structurés. Cela s’est traduit par une hausse mesurable de la production d’œufs, malgré la pression des importations frauduleuses, notamment en provenance du Nigéria, qui continuent de déstabiliser le marché national.
Le tableau n’est pas entièrement rose. La résurgence des maladies, la persistance des circuits illégaux d’importation et les inégalités dans la mise en œuvre régionale des actions freinent la montée en puissance de la filière. Certains éleveurs, confrontés à ces aléas, peinent à maintenir leur production, quand d’autres peinent encore à accéder aux intrants de qualité.
Trois axes pour relever les défis à court terme
L’avenir immédiat de la campagne repose sur trois axes : renforcer la surveillance sanitaire, améliorer la gouvernance et la coordination inter-acteurs et maintenir la dynamique d’accompagnement des producteurs.
Les prochaines semaines seront cruciales pour transformer ces engagements en réalisations concrètes, dans l’optique d’atteindre les 27 200 tonnes d’œufs visées. Six mois après son lancement, la campagne 2025-2026 de la filière œufs de consommation, la filière œufs de consommation, semble sur les rails, mais le voyage est encore long. Le taux global des quatre recommandations est à 60%.
L’équilibre entre ambition politique, engagement des producteurs et efficacité des interventions institutionnelles déterminera si l’œuf béninois pourra, demain, nourrir tout un pays sainement, durablement et fièrement.
Vignon Justin ADANDE