MARCHE DE BÉTAIL AU BÉNIN : Les dessous de la flambée des prix observée pendant la période des fêtes de fin d’année
Le marché à bétail au Bénin traverse une période marquée par une hausse généralisée des prix, affectant plusieurs espèces animales. Selon un récent rapport de la Cellule Technique de Suivi et d’Appui à la Gestion de la Sécurité Alimentaire (CT-SAGSA), cette tendance résulte d’une combinaison de facteurs économiques, logistiques et structurels. Cette situation, bien que favorable à certains éleveurs, complique les activités commerciales et soulève des préoccupations pour la filière.
Justin ADANDE
En 2024, les prix des bovins, ovins et caprins ont respectivement augmenté de 6 %, 16 % et 13 % par rapport à l’année précédente. Cette flambée des prix s’explique en partie par une demande croissante, notamment durant les périodes festives, couplée à une offre limitée pour certaines espèces. En novembre 2024, les petits ruminants, tels que les ovins et caprins, ont été particulièrement sollicités dans le cadre des préparatifs des fêtes, entraînant une hausse rapide de leur prix.
À l’inverse, l’offre en gros ruminants, notamment les bovins, est restée relativement restreinte, ce qui a également contribué à leur appréciation sur les marchés. Ces hausses de prix, bien qu’inégales entre les différentes espèces, traduisent les dynamiques économiques complexes auxquelles fait face le secteur de l’élevage au Bénin.
Les causes de la flambée des prix
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance haussière. Primo, les coûts de transport. L’augmentation des prix du carburant a directement impacté les coûts de transport des animaux, notamment pour les éleveurs situés dans les zones reculées. Cela s’est répercuté sur les prix finaux sur les marchés. Secundo, les restrictions commerciales. La fermeture des frontières avec le Niger, un partenaire stratégique dans le commerce du bétail, a perturbé les flux commerciaux. Cette situation a entraîné une réduction de l’offre sur les marchés locaux. Tercio, la demande accrue. Les périodes festives, comme la fin de l’année et les célébrations religieuses, ont exacerbé la demande en viande, particulièrement pour les petits ruminants. Cette demande saisonnière a accentué la pression sur l’offre déjà limitée.
Tous ces facteurs combinés ont rendu les marchés plus volatils, mettant les commerçants dans une position difficile pour équilibrer l’approvisionnement et répondre aux besoins des consommateurs.
Une situation contrastée selon les régions
L’impact de cette hausse des prix varie selon les localités. Par exemple, le marché de Ouèssè s’est illustré par une performance exceptionnelle, avec 92 % des animaux proposés ayant trouvé preneur. Ce dynamisme s’explique par une meilleure organisation des acteurs locaux et une demande soutenue dans cette région.
En revanche, des marchés comme celui de Dogbo ont souffert d’un ralentissement quasi total des activités. Les raisons incluent un accès limité aux animaux à vendre et des contraintes logistiques majeures. Cette disparité régionale souligne les défis auxquels fait face le secteur de l’élevage au Bénin et la nécessité d’une approche différenciée pour soutenir les différentes zones.
Grande opportunité pour les éleveurs
Malgré ces difficultés, les éleveurs ont tiré parti de la hausse des prix du bétail. En parallèle, la baisse des coûts de certains intrants agricoles, tels que le sac de maïs utilisé pour l’alimentation animale, a permis d’améliorer leurs termes d’échange. Cette combinaison favorable a aidé certains éleveurs à optimiser leurs revenus, même dans un contexte économique difficile.
Cependant, cette amélioration reste fragile. Elle dépend en grande partie de la capacité des éleveurs à maintenir un équilibre entre les coûts de production et les prix de vente, tout en répondant aux exigences du marché.
L’élevage, un pilier de l’économie béninoise
L’élevage joue un rôle crucial dans l’économie du Bénin, contribuant à hauteur de 13 % au PIB agricole. Outre sa contribution économique, il représente un levier clé pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays.
Face aux défis actuels, le secteur nécessite des politiques publiques adaptées pour encourager une production durable et résiliente. Parmi les priorités figure le renforcement des infrastructures pour réduire les coûts de transport, l’établissement de mécanismes pour stabiliser les marchés en période de crise, l’amélioration des conditions d’accès des éleveurs aux intrants de qualité.
Par ailleurs, pour répondre aux défis posés par cette hausse des prix, une collaboration accrue entre les acteurs du secteur s’impose. Cela inclut les éleveurs, les commerçants, les institutions publiques et les partenaires techniques et financiers.
En mettant en place des stratégies de long terme, le Bénin pourra non seulement renforcer la résilience de son marché à bétail, mais aussi maximiser les opportunités offertes par ce secteur stratégique. À l’aube de 2025, il est essentiel de repenser les dynamiques de ce marché afin de répondre aux besoins croissants des consommateurs tout en soutenant les éleveurs dans leur quête de revenus durables.
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