BÉNIN : Gouvernance foncière et défis agricoles, un pari à gagner

A travers son ambition constante de rendre durable et compétitive son agriculture, le Bénin a toujours misé sur des projets structurants alliant aménagement d’infrastructures, modernisation ou réorganisation des filières et industrialisation locale. De la vallée de l’Ouémé à Glo-Djigbé en passant par Kétou où une zone économique spéciale est sur le point de voir le jour, le Bénin, surtout sous le régime de la rupture, déploie une stratégie ambitieuse qui pourrait redessiner son paysage agro-industriel. LE RURAL

À travers son ambition constante de rendre durable et compétitive son agriculture, le Bénin a toujours misé sur des projets structurants alliant aménagement d’infrastructures, modernisation ou réorganisation des filières et industrialisation locale. De la vallée de l’Ouémé à Glo-Djigbé en passant par Kétou où une zone économique spéciale est sur le point de voir le jour, le Bénin, surtout sous le régime de la rupture, déploie une stratégie ambitieuse qui pourrait redessiner son paysage agro-industriel. Mais encore, faut-il que la gouvernance, l’inclusion sociale et la maitrise foncière accompagnent ces dynamiques.

 

A travers son ambition constante de rendre durable et compétitive son agriculture, le Bénin a toujours misé sur des projets structurants alliant aménagement d’infrastructures, modernisation ou réorganisation des filières et industrialisation locale. De la vallée de l’Ouémé à Glo-Djigbé en passant par Kétou où une zone économique spéciale est sur le point de voir le jour, le Bénin, surtout sous le régime de la rupture, déploie une stratégie ambitieuse qui pourrait redessiner son paysage agro-industriel. LE RURAL

Pas plus tard qu’en début 2025, un nouveau projet de désenclavement, d’irrigation et de transformation a vu le jour dans la vallée de l’Ouémé : PDIAD BMVO. Il cible particulièrement la valorisation du riz, du maïs, de la pêche et du maraîchage dans plusieurs communes. Sur cinq ans, il prévoit l’aménagement de 2 155 hectares irrigués, 120 km de pistes rurales, la création d’entrepôts, ponts, aires de séchage et la mobilisation d’équipements agro-industriels et formateurs. Le projet devrait générer 2 500 emplois directs et profiter à 45 000 personnes, avec un budget estimé à 95 milliards de FCFA.

À côté, il y a le Programme d’Appui au Développement des Filières Protéiniques (PADEFIP). En effet, une unité de transformation de soja en fromage, à l’instar d’autres, a été inaugurée à Zogbodomey en mars 2025 dans le cadre de ce programme. Dotée de kits modernes (moulins, dispositifs de lait de soja, marmites), cette initiative de 35 millions FCFA vise à dynamiser 25 coopératives de femmes, à augmenter leur chiffre d’affaires de 15 %, et à structurer une filière soja locale rentable.

Lire aussi : REVUE DE PERFORMANCES DU SECTEUR AGRICOLE, GESTION 2024 : Les acteurs évaluent les résultats et affinent leur feuille de route

Plus loin, le géant de la place : la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ). Sans nul doute, un hub agro-industriel stratégique. Depuis 2020, la Zone s’impose comme un pôle de transformation agroalimentaire. Avec environ 36 investisseurs, dont 12 unités agro-industrielles, elle emploie déjà plus de 15 000 jeunes, avec un potentiel de 300 000 emplois d’ici à 2030.

Par ailleurs, en Conseil des Ministres de ce mercredi 23 juillet 2025, le gouvernement béninois a déclaré d’utilité publique un site de 983 hectares situé à Illara dans la commune de Kétou dans le cadre de la future Zone Économique Spéciale (ZES). Destinée à la production et à la transformation de céréales, très demandées sur le marché nigérian, cette initiative vise à structurer des filières agro-industrielles compétitives à forte valeur ajoutée. La libération du site est déjà lancée, dans le cadre d’une stratégie nationale d’intégration régionale et d’industrialisation des lieux frontaliers.

Synergies, ambitions et risques

Ces différents projets et bien d’autres illustrent clairement la volonté du gouvernement de créer des liens solides entre zones agricoles de production et zones industrielles de valorisation. La décentralisation des pôles industriels vers les régions, notamment frontalières, permet en effet de diversifier les moteurs de développement économique. Par exemple, la création massive d’emplois directs et indirects, la participation des femmes à l’économie locale, comme c’est le cas avec le PADEFIP, l’inclusion des jeunes et surtout la promotion des filières locales. Aussi, l’on note une capacité renforcée à réguler les échanges transfrontaliers avec le Nigeria grâce à la proximité géographique de Kétou, tout en fournissant un cadre juridique attractif pour les investisseurs.

Mais tous ces avantages et flux vont obligatoirement se heurter à des enjeux solides ainsi que des défis pas moins importants. L’on parlerait d’abord de la coordination complexe entre acteurs publics, privés et communautaires, ce qui est essentielle pour assurer une gouvernance inclusive. D’un autre côté, il pourrait être question de la nécessité d’accompagnement technique des producteurs pour adapter les cultures et optimiser les chaînes de valeur ou encore les risques fonciers liés à la libération des sites notamment à Illara, nécessitant un dialogue social et une indemnisation adéquate.

Il est d’une certitude remarquable qu’avec les projets susmentionnés tels que le PDIAD‑BMVO, le PADEFIP, la GDIZ et désormais la ZES de Kétou, le Bénin déploie une stratégie industrielle ambitieuse fondée sur la transformation locale des ressources agricoles et l’ouverture sur les marchés régionaux. Mais, pour que ce modèle porte ses fruits, il doit s’appuyer sur une gestion transparente, une participation locale, une formation technique continue et une vision inclusive du développement durable. Si ces conditions sont réunies, le pays pourrait véritablement accéder au modèle de croissance agro-industrielle pérenne et compétitive.

 

Jean-Baptiste HONTONNOU

 

 

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