USAGE DE « SIDAKIN » POUR ASSAINIR L’EAU CONTAMINÉE : Une solution peu efficace
HUILE VÉGÉTALE : Un produit de base aux prix désormais dignes de l’or
En quelques mois, le prix de l’huile végétale a connu une augmentation spectaculaire. Le bidon de 25 litres, autrefois accessible, est devenu un bien de luxe pour de nombreuses familles, accentuant la pression économique. Quelles sont les causes de cette flambée, et quelles solutions envisager pour alléger ce fardeau ?
Innocent AGBOESSI
Depuis quelques mois, le prix de l’huile végétale a considérablement augmenté au Bénin, particulièrement dans les marchés de Cotonou et Abomey-Calavi, touchant lourdement les familles et les commerçants. Alors qu’il s’agissait d’un produit de première nécessité, accessible à la majorité des ménages, l’huile végétale est devenue un véritable produit de luxe. Cette augmentation vertigineuse du prix de l’huile, de 1100 FCFA au litre à plus de 1600 ou même 1700 FCFA, reflète une situation complexe et multifactorielle.
Dans le marché d’Akassato, à Abomey-Calavi, les commerçants et consommateurs ressentent tous l’impact de cette flambée. Rosine Kiki, une commerçante en gros d’huile végétale, observe une hausse constante du prix du bidon de 25 litres, passé en seulement quelques mois de 25 000 FCFA à 37 500 FCFA, soit 1500 FCFA le litre. Selon elle, cette augmentation constante est une source d’inquiétude : « En quelques mois, le bidon de 25 litres est passé de 25 000 à 28 000, puis à 30 000, et enfin à 37 500 FCFA. C’est une hausse qui n’a pas de précédent », explique-t-elle.
Tawa, une vendeuse en détail d’huile végétale, a-t-elle aussi dû ajuster ses prix : le litre d’huile vendu auparavant à 900 FCFA se vend désormais à 1600 FCFA. Elle déplore que ces nouveaux prix rendent l’huile inaccessible pour ses clients. « Je vois de plus en plus de clients repartir sans rien, faute de pouvoir se permettre d’acheter l’huile au prix actuel », déclare-t-elle avec tristesse. Ces prix croissants réduisent la capacité d’achat des consommateurs et perturbent gravement les habitudes d’approvisionnement.
Une combinaison de facteurs économiques et géopolitiques
La flambée des prix de l’huile végétale s’explique par des facteurs variés. La principale cause semble être la hausse mondiale du coût des produits de base. L’inflation et les fluctuations économiques internationales ont un impact direct sur le prix des matières premières telles que l’huile végétale, largement importée au Bénin. Les tensions géopolitiques à l’international perturbent également les chaînes d’approvisionnement, augmentant les coûts de transport et, par extension, le prix final des produits.
Par ailleurs, des commerçants comme Rosine Kiki et Tawa soulignent les difficultés logistiques et les frais de transport élevés, qui pèsent sur les coûts d’approvisionnement. Les grossistes, ne pouvant pas absorber ces coûts sans impact, les répercutent inévitablement sur les prix de vente.
Cette hausse fulgurante des prix de l’huile végétale a des répercussions profondes sur les consommateurs et les commerçants. De nombreuses familles, dans l’impossibilité de maintenir leur niveau de consommation habituel, réduisent leurs achats ou passent à d’autres types d’huile, comme l’huile rouge, malgré ses différences gustatives et nutritionnelles. Certaines ménagères ont drastiquement limité leur consommation d’huile. « Je ne mets plus trop d’huile dans la sauce. Que la quantité d’huile dans la sauce suffise ou pas, on se contente du peu et on mange », raconte une consommatrice.
Face à cette crise, des solutions doivent être envisagées pour atténuer l’impact de cette hausse des prix sur les populations. Une première mesure pourrait consister en une régulation des circuits d’approvisionnement, afin de contrôler les prix et éviter des hausses excessives. Des interventions publiques pour surveiller les marges appliquées par les distributeurs et limiter les spéculations pourraient également contribuer à stabiliser les prix.
Rosine Kiki propose aussi de favoriser la production locale d’huile végétale, une solution qui pourrait réduire la dépendance du Bénin vis-à-vis des importations et les fluctuations des prix internationaux. Des initiatives de soutien aux producteurs locaux, à travers des subventions, des formations et des techniques de production améliorées, offriraient une solution durable. Cette approche permettrait d’accroître la production nationale d’huile et de réduire les coûts de transport, stabilisant ainsi les prix au niveau local.
Si rien n’est fait, la hausse du prix de l’huile végétale risque de continuer à creuser l’écart entre les besoins des consommateurs et leur pouvoir d’achat. Face à cette situation, il devient essentiel pour les autorités et les acteurs du secteur de travailler de concert afin de trouver des solutions pérennes et protéger les ménages de la spéculation et des pénuries.