Autrefois moins consommé, le blé occupe désormais une place importante dans les habitudes alimentaires de la région, derrière le maïs et le riz. Cette évolution résulte d’une combinaison de facteurs, à savoir l’explosion démographique, l’urbanisation rapide et la transformation des modes de consommation. Ainsi, le blé est devenu la principale céréale importée en Afrique subsaharienne.
D’après le dernier rapport du Département américain de l’agriculture (USDA), la région a franchi pour la première fois le seuil symbolique des 30 millions de tonnes de blé importées sur la campagne 2024/2025. Un volume en hausse de 7 % par rapport à la saison précédente, qui consacre l’Afrique subsaharienne comme un acteur incontournable du commerce mondial de cette céréale.
Parmi les pays qui tirent cette demande, le Nigeria reste de loin le plus grand acheteur avec 6,25 millions de tonnes importées, ce qui le place au 7ᵉ rang mondial. Le Kenya, avec 2,6 millions de tonnes, et le Soudan, avec 2,5 millions de tonnes, complètent ce trio de tête, représentant à eux seuls plus d’un tiers des importations régionales.
L’approvisionnement de l’Afrique subsaharienne repose principalement sur deux grandes origines, notamment la Russie et l’Union européenne, qui assurent ensemble 70 % des volumes livrés. D’autres pays comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie ou encore la Tanzanie importent également des quantités notables, bien qu’à des niveaux plus modestes (moins de 5 millions de tonnes au total).
Les perspectives ne laissent entrevoir aucun ralentissement. L’USDA prévoit que les importations de blé en Afrique subsaharienne pourraient atteindre 30,1 millions de tonnes pour la campagne 2025/2026. Ce nouvel accroissement interroge sur la résilience du système alimentaire régional et la nécessité de renforcer les politiques visant à stimuler la production locale de céréales adaptées aux réalités climatiques du continent.
Au moment où les importations s’envolent, la dépendance aux marchés extérieurs expose davantage les pays subsahariens aux chocs des cours mondiaux et aux tensions géopolitiques sur l’offre.
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Justin ADANDE