Le Bénin dépend davantage du riz importé avec des exportations en recul
Les statistiques du commerce agricole béninois pour le premier semestre de l’année 2025 traduisent un déséquilibre entre importations et exportations. Si les volumes de riz importés se sont multipliés sur un an, les exportations de produits comme le coton et le soja se sont fortement contractées.
Selon le Système d’Information sur les Marchés Agricoles (SIM-Agricole) de la CT-SAGSA, les importations de produits alimentaires au Bénin ont connu une hausse significative au premier semestre 2025. Les volumes de riz importés ont plus que doublé, passant de 902 149 tonnes au premier semestre 2024 à 2 174 368 tonnes à la même période en 2025, soit une progression de 141 %.
Entre autres raisons, cette envolée est liée à la levée de la politique restrictive d’exportation du riz par l’Inde, principal fournisseur du marché béninois. Il faut également relever l’amélioration des flux logistiques vers les ports d’Afrique de l’Ouest.
En revanche, les importations de farine de blé ont reculé de 35 % sur un an, traduisant une meilleure disponibilité locale et un ralentissement des activités de certaines industries de transformation. Les graines de coton et le soja figurent aussi parmi les produits importés, mais en volumes marginaux.
Des exportations en forte baisse
Côté exportations, les chiffres au 30 juin 2025 traduisent une nette contraction des performances du Bénin sur le plan agricole.
Les exportations de fèves de soja affichent une quasi-inexistence (-100 %), tandis que les graines de coton chutent de 78 % et le coton fibre de 38 % par rapport à la même période de 2024. Selon le SIM-Agricole, cette baisse est une résultante partielle de la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation du gouvernement, qui vise à transformer sur place une part croissante des produits agricoles bruts.
La montée en puissance de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), sous la coordination de la Société d’Investissements et de Promotion de l’Industrie (SIPI-BENIN), illustre ce virage industriel. En d’autres termes, une part importante des volumes qui étaient destinés à l’exportation brute est désormais redirigée vers la transformation locale.
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Des flux commerciaux sous influence monétaire et logistique
La dynamique des échanges agricoles est également influencée par le contexte monétaire. Entre août et septembre 2025, le Bulletin SIM-Agricole rapporte une stabilité du naira nigérian et une dépréciation du dollar américain sur le marché informel de Dantokpa. Cette évolution favorise légèrement les importations depuis les marchés voisins et les zones dollarisées, mais renchérit certaines transactions libellées en euros.
Toujours élevés, les coûts logistiques et portuaires continuent d’alourdir le prix final des produits importés sur les marchés urbains. Les mois à venir permettront de mesurer les effets de cette orientation sur les revenus des producteurs et la création d’emplois dans les filières du coton, du soja et du riz.
Maëlle ANATO


