PATATE DOUCE AU BÉNIN

Entre croissance et défis, quel avenir pour la filière ?

Longtemps considérée comme une culture de subsistance, la patate douce s’impose aujourd’hui comme une filière stratégique au Bénin. Troisième racine tuberculeuse produite après le manioc et l’igname, la patate douce devient l’un des produits agricoles les plus dynamiques au Bénin, avec une production en forte augmentation au cours de la campagne 2023-2024. Pourtant, la filière peine encore à atteindre son plein potentiel en raison de plusieurs contraintes structurelles

Longtemps considérée comme une culture de subsistance, la patate douce s’impose aujourd’hui comme une filière stratégique au Bénin

Depuis quelques années, la production de patates douces au Bénin a connu une forte amélioration grâce aux différentes reformes opérées dans le secteur agricole pour accompagner les producteurs et les transformateurs. Selon le dernier bulletin d’informations de l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des services (Ocis) de janvier 2025, la production de patate douce au Bénin a enregistré une hausse qui passe de 58 145 tonnes en 2017 à 77 477 tonnes en 2024. Cette croissance est due à la forte demande des consommateurs, à cause des qualités nutritionnelles du produit.

Cultivée sur toute l’étendue du territoire national pendant toutes les périodes de l’année, la production de patate douce est particulièrement basée dans le Sud du pays, notamment dans les départements de l’Atlantique et de l’Ouémé avec 40% de la production nationale. Le dernier bulletin d’informations de l’Ocis relève que le département qui détient la plus forte production, soit 18 774 tonnes au cours de la campagne 2023-2024, 24,2% de la production nationale, est celui de l’Atlantique. Ensuite, les départements de l’Ouémé (16,2%), de l’Atacora (11,9%), du Borgou (9,2%) et du Zou (9,0%).  Malgré la forte croissance de ce tubercule, sa disponibilité reste une situation complexe. Car, elle varie selon les saisons et les régions. Une situation qui rend son approvisionnement difficile.

La patate douce au Bénin, un marché en plein essor, mais encore fragile

La filière ne se limite plus à la production brute. De nombreux produits transformés sont désormais disponibles. Ce qui favorise la diversification du marché. Parlant des dérivés, on peut citer : la farine de patate douce, les chips de patate douce, le gari de patate douce, le pain à la patate douce, la confiture de patate douce, les pâtes de patate douce.  Les feuilles de patate douce peuvent se consommer comme des épinards. Cette transformation diversifiée contribue à l’industrialisation locale, bien que les infrastructures de transformation et de conditionnement restent insuffisantes pour répondre à la demande croissante.

Par ailleurs, malgré cette croissance, plusieurs obstacles freinent encore le développement du secteur. Au nombre de ces derniers, il faut noter entre autres l’absence d’organisation structurée des acteurs et le manque de financement freinent le développement du secteur, le manque des initiatives pour développer des variétés plus résistantes, mieux adaptées aux conditions locales et aux exigences du marché. Et, Mieux, selon le dernier bulletin d’informations de l’Ocis, sa consommation par habitant reste faible, soit 7 kg par an, comparée à d’autres produits de base comme le manioc ou l’igname. Le commerce de patate douce au Bénin est essentiellement local, avec des échanges limités entre les différentes régions du pays.

De plus, la productivité de la patate douce au Bénin est à 6 tonnes par hectare en moyenne. Ce qui n’est pas conforme aux standards mondiaux qui sont de 11 tonnes/ha. Ce déficit est dû au manque de variétés améliorées et adaptées aux conditions locales, l’insuffisance des intrants agricoles et des formations techniques pour les producteurs, l’absence de solutions de conservation et de stockage, rendant l’approvisionnement irrégulier.

La patate douce au Bénin, du champ au marché, une filière à structurer

Bien que des initiatives commencent à voir le jour pour structurer la filière de patate douce, les producteurs et transformateurs subissent le martyre. Afin de permettre aux producteurs et transformateurs de bénéficier pleinement de leurs efforts, la création des coopératives de producteurs peut faciliter l’accès aux financements et aux marchés extérieurs, la mise en place d’un cadre réglementaire et d’une certification des produits peut également améliorer la compétitivité du secteur.

Avec un accompagnement adapté et une meilleure structuration, la filière patate douce pourrait jouer un rôle crucial dans la diversification des revenus agricoles au Bénin. La filière patate douce pourrait devenir un moteur de croissance durable et de sécurité alimentaire dans le pays, si les producteurs et transformateurs bénéficient des investissements comme les autres filières.

Lire aussi : TOFÂ 2025 : À quoi s’attendre dans le secteur agricole ? (La pluie toujours au centre de toutes les attentions)

 

Justin ADANDE

 

 

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