La production cotonnière recule de 11,5 % en 2024/2025 dans la Zone CFA

Après un sursaut encourageant lors de la campagne 2023/2024, la production cotonnière dans l’espace CFA connaît une nouvelle baisse significative. Irrégularités climatiques, ravageurs et pertes de rendement assombrissent les perspectives, malgré les performances remarquées du Bénin et du Sénégal.

Le Bénin et le Sénégal s’en sortent mieux

Après un sursaut encourageant lors de la campagne 2023/2024, la production cotonnière dans l’espace CFA connaît une nouvelle baisse significative. Irrégularités climatiques, ravageurs et pertes de rendement assombrissent les perspectives, malgré les performances remarquées du Bénin et du Sénégal. Cette campagne met en lumière les fragilités persistantes de la filière face aux aléas naturels et la nécessité d’une transformation en profondeur.

 

Après un sursaut encourageant lors de la campagne 2023/2024, la production cotonnière dans l’espace CFA connaît une nouvelle baisse significative. Irrégularités climatiques, ravageurs et pertes de rendement assombrissent les perspectives, malgré les performances remarquées du Bénin et du Sénégal.

Une production en recul de plus de 11 %. C’est la performance enregistrée dans la zone CFA lors de la campagne 2024/2025. Ce qui a replongé la filière coton dans la zone CFA dans les difficultés. Selon les données publiées par le Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), la récolte de coton graine s’est établie à 2,3 millions de tonnes pour la campagne 2024/2025, soit une chute de 11,5 % par rapport aux 2,6 millions de tonnes enregistrées un an plus tôt.

Cette contre-performance s’explique par une conjonction de facteurs défavorables, au premier rang desquels figurent des irrégularités pluviométriques et une forte pression parasitaire. « La campagne cotonnière 2024/2025 a été marquée par une instabilité climatique accrue et des infestations récurrentes de jassides, causant des pertes notables sur les cultures », a expliqué Tété Awokou, président du PR-PICA, cité par l’Agence Ecofin.

Dès novembre 2024, l’organisation avait tiré la sonnette d’alarme à propos des inondations localisées qui ont affecté plusieurs pays membres en octobre. Ces intempéries ont provoqué la perte de nombreuses parcelles et la pourriture des capsules, réduisant sensiblement les rendements.

Le Bénin et le Sénégal, exceptions dans la tempête

Dans ce contexte globalement morose, deux pays font figure d’exception. Le Sénégal affiche une hausse remarquable de 19,4 % de la production cotonnière, atteignant 15 514 tonnes, tandis que le Bénin enregistre une croissance de 6,4 %, pour un total de 637 697 tonnes, consolidant ainsi son rôle de modèle d’organisation sectorielle dans la région.

Au-delà des volumes, le Sénégal impressionne par sa productivité : avec un rendement de 1,26 tonne par hectare, en hausse de 50 % sur un an, il devance largement la moyenne zonale estimée à 960 kg/ha. Cette performance s’explique notamment par l’introduction de semences améliorées, issues d’un partenariat stratégique avec le Brésil, selon Papa Fata Ndiaye, directeur général de la Sodefitex.

La Côte d’Ivoire bouscule la hiérarchie régionale

Malgré une baisse de 4,8 %, le Mali conserve sa place de premier producteur de la zone CFA avec 656 751 tonnes, devant le Bénin. Toutefois, la Côte d’Ivoire crée la surprise en se hissant à la troisième position, grâce à une récolte de 311 647 tonnes, reléguant le Cameroun à la cinquième place.

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Le Burkina Faso (292 660 tonnes) et le Cameroun (284 613 tonnes) complètent le classement, accusant respectivement des baisses de 24,4 % et 27,8 %, témoins de la forte volatilité qui a marqué l’ensemble de la région.

Des perspectives incertaines pour la campagne 2025/2026

Alors que la nouvelle campagne a débuté en mai 2025, les perspectives demeurent préoccupantes. À la date du 30 juin, les taux de semis restent faibles à moyens dans la majorité des pays, en raison de précipitations tardives et irrégulières. Les superficies emblavées ont chuté de façon notable : 79 327 ha au Bénin, 75 330 ha au Cameroun, 66 976 ha en Côte d’Ivoire, 22 599 ha au Mali, 38 600 ha au Tchad.

Seuls le Burkina Faso (+29 302 ha), le Sénégal (+6 471 ha) et le Togo (+129 ha) affichent des hausses timides. Dans ce climat d’incertitude, le PR-PICA encourage les États à maintenir les prix d’achat bord champ, à l’exception du Cameroun où une baisse de 10 FCFA/kg a été observée. La campagne 2024/2025 aura mis en lumière les fragilités structurelles de la filière coton dans la zone CFA. Face aux aléas climatiques et aux défis phytosanitaires, seule une stratégie régionale fondée sur une meilleure organisation des filières, une modernisation des pratiques agricoles et un soutien constant aux producteurs permettra de stabiliser et relancer durablement la production cotonnière.

 

Vignon Justin ADANDE

 

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