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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

PRODUCTION DE L’ANACARDE AU BÉNIN : Une filière à économie florissante malgré certaines contraintes

 PRODUCTION DE L’ANACARDE AU BÉNIN : Une filière à économie florissante malgré certaines contraintes

Le Bénin est un pays réputé pour sa production d’anacarde. Et malgré qu’un effort minutieux se fait tant par les acteurs que par le gouvernement, il y a toujours des contraintes qui entravent le développement de cette filière à économique non négligeable. Il s’agit des goulots d’étranglement qui ne laissent aucun maillon indifférent et qui impactent le quotidien des producteurs.

Jean-Baptiste HONTONNOU

Elle est l’une des filières phares à haute valeur ajoutée dont la promotion est consignée dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG). Ceci, en raison de sa forte capacité à contribuer à la création d’emplois et de revenus ; sa contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et sa grande opportunité pour l’exportation. L’anacarde est le 2ème produit agricole d’exportation du pays après le coton et fournit 3% du produit national brut (PNB), et 25% des revenus de l’agriculture d’exportation.

En effet, connaissant un essor important, cette filière n’est pas non plus exempte de difficultés. La production du cajou est entravée par plusieurs contraintes. D’abord, il faut dire que le principal défi auquel la filière est confrontée au Bénin est « la faible productivité des plantations ».  Selon Dr Kouami NDJOLOSSE, Chargé de programme Anacarde à l’INRAB,

« pour toutes catégories confondues, le rendement des plantations est d’environ 400 kilos à l’hectare, alors qu’on pouvait avoir au moins 1500 kilos à l’hectare ».

Et plusieurs sont les facteurs qui affectent cette productivité. Il y a par exemple l’inexistence du matériel végétal performant sélectionné, qui fait depuis quelques années, objet de recherches scientifiques.

Par ailleurs, la présence de parasites et de maladies impacte la productivité des plantations d’anacarde. Les producteurs doivent faire face à des attaques de la cochenille, du ver de la noix de cajou et d’autres ravageurs, ce qui nécessite des investissements importants dans la lutte phytosanitaire. Même s’il y a des appuis qui sont faits aux producteurs, ces ravageurs constituent toujours un problème pour eux. De plus, les variations climatiques récentes ont favorisé la propagation de certaines maladies, telles que la pourriture des fleurs et des fruits

L’autre majeure difficulté que rencontre la filière est au niveau de la commercialisation des noix de cajou. Vu que la majeure partie de la production est destinée pour le moment à l’exportation, le marché semble ne pas être sous le contrôle du Bénin. Ce qui entraine une certaine « fluctuation des prix ». « C’est en fonction du marché international que le prix est fixé au producteur local, ce qui fait qu’il y a des années où le prix monte et d’autres où il baisse », va affirmer Dr Kouami NDJOLOSSE.

Revenant au niveau des producteurs eux-mêmes, « certes le gouvernement fait des reformes en ce qui concerne le prix et le marché, mais le producteur est toujours défavorisé », nous fait comprendre Noukpo Élie, Facilitateur et gestionnaire comptable de l’Union Communale des Producteurs d’Anacarde de Bantè. Pour lui, les conditions avec la SIPI-Bénin (la structure qui gère désormais l’achat des noix brutes de cajou) « ne sont pas très favorables pour les producteurs ». Ces conditions seraient « peu adaptées aux réalités que vivent ces producteurs ». Et parlant des conditions, le facilitateur met en exergue le fait que les producteurs doivent par exemple fournir obligatoirement une facture normalisée à la vente de leurs produits, ce qui n’était pas dans leur habitude et qui leur rend la vie compliquée, surtout que la majorité d’eux sont peu instruits. Aussi, vendre ses produits à la SIPI-Bénin constituerait

« un réel problème pour les producteurs, car ils doivent parfois attendre deux voire trois jours avant d’entrer en possession de leur argent ».

Autant donc de problèmes que rencontre la filière anacarde au Bénin, mais il est possible de les éradiquer.

Des solutions pratiques à adopter

Déjà, il faut noter que le gouvernement béninois fait un grand travail dans ce sens. Sinon, pour le Docteur NDJOLOSSE, la principale stratégie qui va permettre de se mettre à l’abri de ces contraintes, surtout celle liée à la commercialisation, est la transformation sur place. Un aspect sur lequel le gouvernement a anticipé déjà en installant une zone industrielle à Glo-Djigbé. Toujours dans la même logique, il sera interdit à partir de 2024, l’importation des noix de cajou. Donc actuellement, l’on ne peut que se préparer à se mettre aux pas avec le gouvernement afin d’évacuer ces goulots d’étranglement qui minent la filière anacarde au Bénin.

D’un autre côté, il est très important de multiplier les partenariats public-privé, car selon le docteur, cette filière nécessite de gros investissements et l’État seul ne pourra pas l’assurer. De façon précise, il faut peaufiner la collaboration entre le gouvernement, les acteurs de l’industrie et les organisations de la société civile afin de mettre en place de nouvelles politiques et de nouveaux programmes visant à améliorer la productivité et la compétitivité de la filière.

En guise d’autres solutions, il est impérieux de faciliter davantage l’accès des agriculteurs et des entreprises de transformation à des prêts et à des financements abordables pour investir dans des équipements modernes, l’achat de semence des plantes de qualité et la mise en place d’infrastructures de transformation efficaces. Aussi, faut-il investir dans la recherche pour développer de nouvelles variétés d’anacardiers plus productives, résistantes aux maladies et adaptées aux conditions locales. Pour finir, il serait important de continuer à sensibiliser également les agriculteurs et les acteurs de la filière aux bonnes pratiques agricoles, à la gestion des risques et aux opportunités commerciales.

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