PRODUCTION DU CRABE AU BÉNIN

« Dans nos recherches, nous avons découvert des espèces très … » dixit Eugène DESSOUASSI

Au Bénin, la pêche du crabe semble être laissée pour compte et la filière peine à décoller. Avec Eugène DESSOUASSI, Docteur en science agronomique spécialiste en aménagement des pêches et aquaculture, votre journal vous propose d’en savoir plus sur l’état de cette pêche.

Quel est l’état actuel de la production de crabe au Bénin ?

Les crabes sont des crustacés qu’on désigne sur le terme de décapodes. Ce sont des espèces qui possèdent dix pattes dont les morphologies dépendent de leur locomotion, selon qu’ils sont des espèces nageurs ou des espèces marcheurs. Nous sommes en pleine recherche dans cette nouvelle filière qui n’existe pas encore.

Quel est le volume de production de crabes au Bénin ?

En termes de production, il est estimé par rapport à ceux qui sont commercialisés (nageurs) au Bénin. Il s’agit du callinectes paludis et un faible pourcentage de callinectes majeur, génitus. Ce sont ces trois groupes qui sont consommés et font une production de 1000 tonnes par an (production estimé en 2016).

Quelles sont les régions clés de production ?

Le Bénin possède deux grands milieux lagunaires où se pêchent les crabes. Il s’agit du complexe lagunaire Est qui est composé de la vallée de l’Ouémé, du lac Nokoué, de la lagune de Porto-Novo et qui communique directement avec l’Océan de Cotonou avec la lagune de Cotonou. Le deuxième est le complexe lagunaire Ouest qui est composé du bras inférieur Couffo, du lac Ahémé, de la lagune côtière qui communique avec l’océan Atlantique.

Quels sont les types de crabe produits au Bénin ?

Au Bénin, il a été répertorié de 2016 à 2020, dans le cas des travaux de recherche 14 espèces de crabes dont 7 nageurs et 7 marcheurs. Cet inventaire a été fait dans les deux grands milieux lagunaires.

Quel est leur importance sur le marché national ?

Les crabes comestibles ont une importance économique. Les trois espèces sont consommées par la population et exportées vers l’extérieur notamment le Togo, le Ghana et dans une faible mesure vers le Nigéria dans une certaine période de l’année quand il y a manque de l’autre côté. En plus des trois espèces, le cardiosoma est aussi commercialisé vers ces mêmes pays.

Quels sont les principaux défis auxquels est confrontée l’industrie des crabes au Bénin en matière de réglementation, de durabilité et de qualité des produits ?

Il y a une période d’abondance dans les zones où ils sont pêchés et qui va de mars à juillet et parfois août. A cette période, toutes les tailles sont prélevées et capturées. Pour donc assurer la durabilité des ressources halieutiques, il faut attendre la taille de maturité et dont la carapace est de 11cm. Dans la pratique, on est allé jusqu’à 9,86 de crabes qui ont une longueur interépine de cette taille ne devaient pas être capturés. Sur ce point de vue, les crabes ne sont pas pêchés au Bénin pour assurer une durabilité. Il urge que l’État prenne des arrêtés spécifiques sur la pêche de ces espèces. C’est le grand défi qui mérite d’être relevé.

Quels sont les principaux enjeux environnementaux liés à la production de crabe au Bénin, et quelles mesures sont prises pour les atténuer ?

Les enjeux environnementaux consisteront donc à faire respecter les règlementations pour que l’espèce reste et demeure dans l’écosystème pour les générations futures. La chance que nous ayons est que l’écologie de l’espèce lui même permet un peu sa durabilité. Il ne se produit pas au niveau des lagunes, elle va au niveau des mers, au niveau de la zone salée. Et donc les pêcheurs n’ont pas un accès car ils sont capturés sans réserve.

Quelles recherches ou projets sont en cours actuellement pour améliorer la production de crabes au Bénin ?

Actuellement, nous avons les étudiants qui travaillent sur les essais d’élevage de ces crabes. Nous voulons voir dans quelle condition l’on peut les élever pour qu’au cas où la surpêche serait au rendez-vous, la calcinoculture puisse venir en amont.

Avez-vous des recommandations ou des conseils pour renforcer et soutenir davantage la production de crabe au Bénin ?

En termes de production de crabes, des recherches s’investissent dans la condition optimale de production de ces espèces. Il faut avoir de stock et conserver pour éviter les menaces. Également, dans nos recherches nous avons découvert les espèces très invasives de crabes au Bénin. Nous avons par exemple Carilientus. Il est important d’informer la communauté là-dessus parce que cette espèce est apparue sur la côte atlantique et elle combat les espèces endogènes qui sont de taille relativement inférieure. Ce crabe est un réservoir de parasite, de la maladie des tâches blanches. Sur le plan écologique, cela nécessite une surveillance pour pouvoir éviter les catastrophes que nous rencontrons dans d’autres pays.

Votre mot de fin

Vivement que la production de crabes soit une réalité et en particulier l’élevage dans notre pays et que nous ayons les ressources pour faire le suivi des autres espèces notamment invasives pour que ça ne constitue par une menace.

Propos transcris par Stag Watson SAMA