PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
PRODUCTION HORS SOL AU BÉNIN
« Elle favorise la disponibilité des produits agricoles en ville sans… », affirme l’ingénieur Bernard Atchohoundo
Faire les plantations hors sol est considéré de nos jours comme une méthode intelligente et bénéfique. En ce qui concerne l’approvisionnement facile des villes en nourriture, cette méthode culturale constitue une alternative capitale qu’il faille promouvoir. Avec l’ingénieur Bernard Atchohoundo, TS Maraîchage et diversification de la Cellule Communale Abomey-Calavi (ATDA7), la question s’explique davantage.
Qu’entend-on par production hors sol ?
Les cultures hors sol se définissent comme des cultures où les végétaux effectuent leur cycle complet de production sans que le système racinaire ait été en contact avec leur environnement naturel, qui est le sol. Il s’agit donc d’une culture faite sans le support du sol.
Quelles distinctions peut-on faire entre la production hors sol et la production traditionnelle ?
Le simple fait que la culture hors sol est réalisable partout et surtout en jardinage, elle constitue une grande différence avec la culture traditionnelle. Mais on a relevé d’autres disparités. La culture hors sol permet de cultiver sans risque de maladies pour les végétaux. Elle donne des fruits, légumes et fleurs de plus gros calibre sans qu’il ne soit nécessaire de booster les récoltes avec des produits chimiques : c’est la qualité nutritive des substrats employés qui favorise les récoltes. En effet, la terre du jardin non fertilisée est moins riche que les substrats. Un plant cultivé hors sol ne subit pas les méfaits liés à une météorologie extrême tant en termes de chaleur que de pluie. En cas d’excès d’eau, des trous de drainage suffisent à épargner les plantations. En cas de sécheresse, les végétaux cultivés hors sol souffrent moins, car les différents substrats conservent une plus grande humidité que la terre de culture. La culture hors sol est plus économique car pour le même volume de culture, la surface occupée est bien moins importante que dans le cas de la culture classique. Elle est moins concernée par l’invasion des herbes locales c’est-à-dire les adventices. Par conséquent, la culture hors sol permet de ne pas avoir recours aux pesticides ou de réduire le temps d’arrachage des mauvaises herbes. Elle nécessite moins de main-d’œuvre que la culture traditionnelle, ce qui réduit les coûts de production à grande échelle.
Comment se déroule concrètement la production hors sol ?
Les techniques de culture ont évolué jusqu’à s’affranchir du rythme des saisons et même de la terre nourricière. Ce n’est d’ailleurs pas tant de terre dont une plante à besoin mais surtout d’eau et d’éléments nutritifs. Ainsi, dans la technique de culture hors sol, le substrat remplit son rôle de soutien mécanique à la plante et de support pour le transfert des aliments vers les racines. En ce qui concerne le choix des substrats, la culture hors sol permet l’utilisation d’une grande variété de substrats, chacun possédant ses spécificités, ses intérêts et ses limites : fibre de coco, laine de roche, perlite, vermiculite, sable lavé. Dans les cultures hors sol, la qualité et la composition du substrat de culture jouent un rôle déterminant pour l’obtention de rendements élevés et constants. En effet, le substrat est un matériel qui se substitue au sol pour jouer le rôle de support de la plante. C’est donc d’après ses propriétés physiques que l’on évalue la qualité d’un substrat. Mais, dans le cas de matériaux organiques, les critères chimiques et biochimiques sont également importants. Un bon substrat pour la culture hors sol doit posséder les qualités suivantes: être indemne de germes, de pathogènes et de substances toxiques, avoir vis-à-vis de l’air et de l’eau un comportement permettant d’optimiser l’alimentation de la plante, avoir la capacité de tamponner les variations de la salinité et du pH lors des apports de la solution nutritive, ne pas interférer trop directement avec la composition de la solution nutritive (CEC faible), être stable physiquement, être facile à mettre en œuvre et à recycler, avoir un coût acceptable. Le substrat idéal n’existe pas et souvent, les exigences économiques interviennent de façon prioritaire. Certains utilisateurs effectuent des mélanges de différents matériaux pour tenter de s’assurer les avantages de chacun d’entre eux. D’autres essaient de donner de priorité aux produits locaux. Pour le choix de la solution nutritive, contrairement au sol, le substrat est en général de faible volume et ne possède que très peu ou pas de réserve d’éléments nutritifs. L’inertie chimique et biologique du substrat le rend très peu tamponné. Compte tenu de cette relative inertie des substrats et de leurs volumes réduits, les doses et fréquences d’apports doivent être très précisément calculées de même que les équilibres de la solution nutritive. Il faut apporter tous les éléments dont la plante a besoin (macro et oligo-éléments), dans une formulation facilement et rapidement assimilable avec les équilibres convenant aux stades de cultures. Afin de satisfaire tous ces objectifs, une bonne détermination des doses et des fréquences des irrigations est nécessaire. Il convient également de bien choisir la méthode de conduite des irrigations selon les conditions climatiques.
Quels bénéfices la production hors sol apporte-t-elle aux zones urbaines ?
Comme son nom l’indique, la production hors sol est une technique qui permet de cultiver les plantes en dehors du sol grâce à une solution nutritive à partir de laquelle la plante puise les éléments essentiels pour sa croissance et son développement. En général, la culture hors sol est utilisée pour faciliter la production dans des environnements hostiles notamment salinité excessive, toxicité, pathogènes, etc. Elle permet d’obtenir des résultats surprenants, plus rapidement et plus proprement que la culture conventionnelle sur sol. Le producteur peut donc tabler sur un rendement supérieur et un produit de meilleure qualité. Cependant, chaque point compte et notamment le choix des substrats et des nutriments de bonne qualité et la nécessité de faire appel à des techniciens spécialisés.
De quelle manière la production hors sol contribue-t-elle à l’approvisionnement alimentaire des villes ?
La production hors-sol favorise la disponibilité des produits agricoles en ville sans nécessité d’importation des zones agricoles.
Quelles plantes sont particulièrement adaptées à la production hors sol en environnement urbain ?
Plusieurs cultures sont adaptées, mais nous mettrons l’accent sur les cultures maraîchères comme la tomate, le piment, la laitue, le chou, le concombre, etc. ; les cultures annuelles comme le manioc, l’arachide et le Niébé.
Votre mot de la fin
La production hors sol est une alternative crédible agro-écologique, économique et pédologique à la réduction sans cesse croissante des terres cultivables due au développement urbain. Elle garantit à la population la disponibilité des cultures les plus indispensables sans grand effort. Profitons donc des espaces non exploités dans les maisons (cours, arrière-cours, dalle etc.) pour cultiver les plants de première nécessité que ce soit alimentaire ou médicinal.
Propos recueillis par Marie Chantal GBOGBO