Nourrir la plante ou sauver la terre ?

EDITO : Au Bénin, un sujet semble faire l’unanimité, même de manière discrète : la souveraineté semencière. Projets, initiatives, structures... tout semble avoir été tenté. Pourtant, rien ne prend vraiment. Et les défenseurs des semences locales ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.

L’équation est connue : pour nourrir les populations, il faut produire davantage. Et pour produire davantage, les pouvoirs publics subventionnent massivement les engrais chimiques. Cette logique, répétée campagne après campagne, semble aujourd’hui aller de soi. Pourtant, derrière cette stratégie de rendement à tout prix, une question de fond s’impose : que devient la terre ?

EDITO : Au Bénin, un sujet semble faire l’unanimité, même de manière discrète : la souveraineté semencière. Projets, initiatives, structures... tout semble avoir été tenté. Pourtant, rien ne prend vraiment. Et les défenseurs des semences locales ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.

Au Bénin, l’État a mobilisé, cette année encore, plus de 26 milliards de francs CFA pour soutenir l’accès des producteurs aux engrais minéraux comme le NPK, l’urée, le KCl ou encore le super phosphate. Objectif affiché : sécuriser les récoltes, maintenir les rendements et contenir les coûts pour les agriculteurs. Sur le court terme, le calcul est efficace. Mais à long terme, le sol paie-t-il le prix de cette efficacité immédiate ?

Car tous les spécialistes le savent : à la différence des engrais organiques (fumier, compost, résidus végétaux) qui nourrissent le sol tout en régénérant sa structure, les engrais chimiques agissent comme des dopants. Ils boostent les plantes, mais n’entretiennent pas la vie du sol. Pire, leur usage répété, sans apport complémentaire de matière organique, finit par appauvrir les sols, en affaiblissant la biodiversité microbienne et la capacité de rétention d’eau. Une terre fatiguée produit moins, malgré les engrais. Un paradoxe silencieux.

Lire aussi : SUIVI DE PROJETS SUBVENTIONNÉS PAR LE FNDA : Deux sites agricoles visités à Allada

La question n’est pas d’opposer le chimique au biologique, mais de rééquilibrer les politiques de fertilisation. Pourquoi ne pas investir autant d’efforts et de ressources dans la promotion du compostage, dans la formation des producteurs aux techniques agroécologiques, ou dans la valorisation des engrais locaux et durables ? Pourquoi ne subventionner que la réponse immédiate, quand la cause (la santé naturelle des sols) est ignorée ?

Dans un contexte de flambée des prix des intrants importés, cette dépendance structurelle devient un risque économique. Et si demain, les engrais chimiques deviennent inaccessibles ? Avec quelles alternatives comptons-nous nourrir les populations ?

Nourrir la plante ne suffit plus. Il faut désormais nourrir la terre. Et repenser notre souveraineté alimentaire à partir du sol. Car sans un sol vivant, aucune agriculture n’est viable. L’urgence n’est plus seulement de produire, mais de produire durablement. Le débat est lancé. Et il ne concerne pas que les agriculteurs. Il engage toute une vision du développement.

Par Jean-Baptiste HONTONNOU

Share the Post:

Articles Similaires

Pour la première fois, ce pays d’Afrique de l’Ouest accueillera la 17ᵉ édition du Forum Social Mondial (FSM), du 4 au 8 août, autour des enjeux de justice sociale, de paix, de durabilité et de solidarité planétaire.

FORUM SOCIAL MONDIAL 2026

Le Conseil International donne officiellement le coup d’envoi des préparatifs (L’Afrique s’organise pour faire entendre la voix des peuples) Chaque

Lire PLus