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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE PAR LA RECHERCHE AGRICOLE (TAERA) : Le projet qui a amorcé un avenir durable au sein de la filière riz au Bénin

 TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE PAR LA RECHERCHE AGRICOLE (TAERA) : Le projet qui a amorcé un avenir durable au sein de la filière riz au Bénin

La transition agro-écologique s’impose désormais dans presque toutes les filières agricoles. Dans un contexte où la dégradation des terres au Bénin devient un casse-tête, il est primordial de trouver une solution durable. Ce qui conduit à la mise en œuvre de plusieurs projets à l’instar de TAERA. Confié à Enabel au Bénin par l’Union Européenne dans le cadre de l’initiative « Development-Smart Innovation Through Research in Agriculture » (DeSIRA H2020), le projet Transition agro-écologique par la recherche agricole (TAERA) devrait renforcer la résilience des exploitations agricoles familiales aux changements climatiques. Un défi que l’Agence a su relever dans la filière riz au Bénin pendant 5 ans de mise en œuvre avec l’appui des chercheurs et acteurs de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC).

 

Jean-Baptiste HONTONNOU

Le changement climatique induit une plus grande variabilité des pluies et le développement de pathologies, qui rendent aléatoires la réussite des cultures. La pression sur les ressources naturelles a atteint ses limites, avec un risque de tarissement des puits ou de salinisation des eaux. Le changement climatique renforce les problèmes liés à la perte de la fertilité des sols. Pour donc faire face aux enjeux environnementaux et satisfaire les besoins des populations en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, il est nécessaire de développer des technologies mieux adaptées aux contextes locaux, durables, résilientes aux changements climatiques et socialement viables. D’où, l’intervention du projet TAERA au Bénin, plus précisément dans le département du Mono et les communes de Lalo et Dogbo Tota pour la filière « riz », situées dans le Couffo. De 2019 à 2024, ce projet a poursuivi un seul objectif général : « renforcer l’agriculture familiale du Bénin dans ses capacités contributives à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et ses réponses au développement durable ».

En effet, les exploitations rizicoles étant confrontées aux aléas climatiques entraînant des pertes de récoltes et des baisses de rendement, le projet est venu offrir des alternatives aux producteurs de riz concernant l’utilisation des engrais chimiques pour fertiliser les sols.

De nouvelles technologies mises à l’échelle pour une filière riz durable

D’abord, il faut dire que l’une des stratégies opérationnelles du projet est la recherche participative pour aider les populations et les chercheurs multidisciplinaires dans l’identification de problématiques, la recherche de solutions et l’action collective. « Nous avons commencé avec le projet TAERA dans une dynamique de recherche-action participative avec les organisations paysannes, comme le CCRB sur le riz. Donc, ensemble avec cette OP, nous avons cherché à tester des innovations agro-écologiques dans la production de riz », dixit Fructueuse Ouidoh, Intervention manager sur le Projet. Parmi ces innovations, il y a le thé de vermi-compost, le vermi-compost et l’urée enrobée à l’huile de neem. Et « la plupart de ces innovations contribue à la mise en œuvre de l’agro-écologie et à l’amélioration de la production du riz », selon Rosanoff Koukè, Chercheur en Protection des végétaux et amélioration des plantes. En expérimentant ces innovations qui ne sont rien d’autres que des engrais organiques, les producteurs bénéficiaires du projet savent désormais qu’avec les verres de terre, ils peuvent avoir un engrais organique qui renferme suffisamment de composants et de stimulants pour pouvoir booster le développement et la croissance du riz, donc du coût et du rendement. Et justement, les résultats sont touchables du doigt. « Nous obtenons comme rendement sur un hectare 4 à 5 tonnes de riz. Alors que dans un passé récent, nous n’obtenons que 3 et demi tonnes, ou 3 tonnes voire même 2 tonnes. L’appui du projet TAERA nous a été très utile », affirme Mahouena Missihoun, Producteur du riz et bénéficiaire.

De façon particulière, l’urée enrobée à l’huile de neem est une « innovation révolutionnaire », car selon  le chercheur Rosanoff Koukè, « elle permet de limiter ou de réduire la dose d’urée qui doit être apportée par unité parcellaire entraînant un bénéfice pour le producteur ». Cela permet également de réduire les effets néfastes sur l’environnement. « C’est une innovation qui concourt à la rentabilité économique de la production du riz », a-t-il précisé.

Un changement de paradigme grâce à TAERA

L’autre approche utilisée par le projet est celle des champs écoles paysans. En fait, il s’agit des espaces d’échange avec les producteurs pour faire passer des messages clés portant sur des innovations agro-écologiques et qui permettent d’améliorer les connaissances et les pratiques en milieu paysan. Cette approche a permis aux producteurs d’expérimenter les innovations et de voir l’agro-écologie sous un autre angle. Sinon, en réalité, « aller vers l’agro-écologie, pour le producteur, c’est une prise de risque », a fait savoir Hermann Azagnandji, un responsable d’Enabel au Bénin. Mais, à travers cette approche et les trois innovations expérimentées par le projet telles que le thé de vermi-compost, le vermi-compost et l’urée enrobée à l’huile de neem, le producteur a pu constater de changements et trouver des résultats concluants.  C’est dans ce contexte que Joseph Koutchika, Coordonnateur CCR-B affirme qu’« à long terme, il va s’observer que sur les parcelles où le vermi-compost ou le thé de vermi-compost a été utilisé, ces sols seront utilisés sur de longues années, contrairement aux parcelles témoins où on a utilisé les intrants chimiques de synthèse où les sols vont continuer par se lessiver ».

Par ailleurs, pour un projet qui s’achève sur de bons résultats, laisser des notes de capitalisation pour la mémoire est essentiel. « Aujourd’hui, nous sommes très engagés pour pouvoir quand même faire une riziculture durable. Et c’est dans ce contexte que tout ce que nous avons eu à faire, nous avons souhaité faire la capitalisation de ces acquis », a souligné Arouna Bossou, Président CCR-B. A sa suite, Edwige ADJE, Experte Recherche-Action participative va confirmer que « la finalité de ces notes est que le CCR-B les ait à sa disposition, les multiplie et fasse la vulgarisation auprès de ces membres et d’autres partenaires pour qu’après, quand quelqu’un va s’intéresser aux mêmes thématiques, qu’il puisse avoir une base sur laquelle partir. Pas partir de zéro, mais pouvoir partir sur ce qui est resté une limite chez nous, pour pouvoir les améliorer, mieux mettre en pratique ces innovations-là que nous avons développées ».

En résumé, nourrir sainement la population du sud du Bénin avec du riz durable est un levier important qui garantit la sécurité alimentaire et nutritionnelle. À travers cette fructueuse collaboration entre le Conseil de concertation des riziculteurs du Bénin (CCR-B) et le projet TAERA, un avenir durable vient d’être amorcé au sein de la filière riz au Bénin.

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