TRANSITION AGROECOLOGIQUE DANS LES PAYS DU SUD : Quid des avantages socio-économiques !
Majoritairement, quand l’on parle de l’agroécologie, sont mis en avant les avantages agro-environnementaux. Alors que, bien au-delà, il y a plus de raisons socio-économiques d’adopter les pratiques agroécologiques.
Jean-Baptiste HONTONNOU
Santé des sols, biodiversité, lutte contre la crise climatique, non-contamination de l’environnement, tels sont les effets positifs souvent vulgarisés. Alors qu’ils s’accompagnent d’effets positifs tout aussi importants dans le domaine socio-économique, comme en témoignent de nombreuses études réalisées dans divers pays du Sud. C’est d’ailleurs ce que révèle le N0 37 de « Les Notes de Sud » du mois de Janvier.
En effet, pour les familles paysannes qui les mettent en œuvre, « les pratiques et systèmes agroécologiques peuvent se traduire par une augmentation et une plus grande régularité de revenu, la génération d’opportunités de travail, une amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des effets positifs en termes de santé », peut-on lire dans le document. L’agroécologie étant bien souvent plus intensive en travail, elle représente de potentielles opportunités d’emplois productifs et rémunérateurs. Ceci est essentiel dans de nombreuses régions où il existe un sous-emploi structurel, notamment au sein de la population jeune, du fait d’une forte croissance démographique et d’une création insuffisante d’emplois productifs. Les systèmes agroécologiques ont souvent un impact significatif sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles paysannes, du fait de l’augmentation des niveaux de production et de revenus et de leur plus grande régularité d’une année sur l’autre.
D’un autre côté, alors que de nombreuses études mettent en évidence les très graves impacts sur la santé de l’agriculture productiviste, les travailleurs et travailleuses agricoles qui mettent en œuvre des systèmes agroécologiques sont nettement moins exposés. Une étude réalisée dans les Andes équatoriennes montre que l’indicateur d’exposition aux pesticides est estimé comme durable uniquement dans les exploitations fortement agroécologiques ayant développé des alternatives à travers l’usage de biopesticides et de la biodiversité agricole en vue de favoriser la régulation naturelle des ravageurs.
L’on pourrait également ajouter le fait que l’agroécologie contribue à la reconnaissance, la préservation et la valorisation des savoirs et identités paysannes, ainsi qu’à une gouvernance plus équitable des systèmes alimentaires par le biais d’un renforcement des organisations paysannes.
Pour les femmes, le développement de l’agroécologie tend bien souvent par une amélioration de leur autonomie. Il est aussi important de préciser que les effets positifs de l’agroécologie ne concernent pas que les familles paysannes, mais également, d’une façon plus globale, l’ensemble des communautés et des sociétés des pays concernés. L’accroissement de la valeur ajoutée liée à l’agroécologie du fait de l’amélioration des volumes de production et de la diminution de certains coûts contribue à la dynamisation économique des communautés et de la société du pays concerné dans son ensemble.