Le gouvernement et les acteurs se donnent la main pour la réorganisation de la filière
Le Bénin franchit une nouvelle étape décisive dans son ambition de produire un million de tonnes de riz paddy d’ici 2025. La réorganisation de l’Interprofession de la filière riz (Ifriz) actée le mardi 30 septembre à Cotonou marque un tournant stratégique dans la gouvernance du secteur. À travers la mise en place d’un bureau de 17 membres présidé par Pascal Gbénou, producteurs, transformateurs et autorités publiques s’accordent désormais sur une vision commune : renforcer la coordination des acteurs, améliorer la compétitivité et hisser la production nationale à un niveau jamais atteint.
L’assemblée générale constitutive de l’Ifriz nouvelle formule s’inscrit dans la dynamique impulsée par le gouvernement pour structurer durablement les chaînes de valeur agricoles. Les producteurs et transformateurs, dorénavant réunis au sein d’une même faîtière, entendent parler d’une seule voix. Pour Imali Hermann Djetta, président de la Chambre nationale d’agriculture (Cna), cette restructuration « marque une étape décisive dans le processus de professionnalisation durable de la filière ». L’Ifriz, souligne-t-il, est appelée à jouer un rôle de régulation, de concertation et de plaidoyer auprès de l’État et des partenaires techniques pour assurer une gouvernance efficace du riz béninois.
Cette nouvelle organisation interprofessionnelle intervient dans un contexte où la demande nationale en riz croît rapidement, tandis que les importations pèsent encore lourd sur la balance commerciale. Le gouvernement, conscient de cet enjeu stratégique, multiplie les réformes et les investissements pour booster la production locale.
Selon Idrissou Bako, coordonnateur national du Projet de développement intégré des chaînes de valeurs agricoles (Pdi-Cva), le Bénin a déjà franchi d’importants paliers. En moins d’une décennie, la production rizicole est passée de 204 310 tonnes en 2016 à plus de 525 000 tonnes en 2023. L’objectif d’un million de tonnes à l’horizon 2025, fixé par les autorités, paraît désormais atteignable si la dynamique actuelle se maintient. « Le riz n’est plus une simple culture vivrière, mais un pilier de la sécurité alimentaire, un moteur de développement économique local et une source de revenus pour des milliers de familles », a-t-il souligné.
Ces résultats traduisent donc la pertinence des politiques agricoles mises en œuvre ces dernières années : investissements dans les périmètres irrigués, renforcement de la mécanisation, disponibilité accrue d’intrants et d’équipements modernes, et surtout l’accompagnement technique des producteurs à travers des projets structurants comme le Pdi-Cva. Mais pour passer à la vitesse supérieure, la coordination entre les maillons reste indispensable. C’est tout l’intérêt de la relance de l’Ifriz.
Un partenariat renforcé entre l’État et les acteurs
Représentant le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Maxime Gounse, secrétaire général adjoint dudit ministère, a insisté sur la nécessité d’une interprofession forte, dynamique et inclusive. Selon lui, « les insuffisances constatées dans l’ancienne formule de l’Ifriz ont montré la nécessité de repenser son fonctionnement pour qu’elle soit véritablement un outil de développement et non un cadre symbolique ». Il a exhorté le nouveau bureau à travailler à la fixation équitable des prix, à l’amélioration de la qualité du riz local et à la mise en place d’organes de gestion performants.
Le gouvernement, à travers ses programmes et projets agricoles, s’est engagé à accompagner la filière. Cet appui portera sur la formation, la facilitation de l’accès au crédit agricole, la construction d’infrastructures de stockage et de transformation, ainsi que la promotion du riz local dans le cadre du mois du « consommons local ». L’objectif est de créer une chaîne de valeur plus compétitive, capable de répondre à la demande nationale et d’ouvrir la voie à l’exportation.
Pour les acteurs du secteur, l’heure n’est plus aux discours, mais à l’action concertée. L’Ifriz se veut une plateforme de dialogue et de planification stratégique où producteurs, transformateurs, distributeurs et autorités travailleront main dans la main. Ensemble, ils visent à faire du riz béninois une fierté nationale et un symbole de souveraineté alimentaire.
Si les efforts se poursuivent dans la même direction, le Bénin pourrait, dès 2025, franchir le cap historique du million de tonnes de riz paddy produit localement. Ce serait non seulement une victoire pour les acteurs agricoles, mais aussi un pas de plus vers la réalisation de la vision gouvernementale d’un secteur agricole productif, inclusif et durable.
Justin ADANDE