ZOONOSES AU BÉNIN : Un bilan sanitaire toujours au cœur des préoccupations

Le Bénin fait face à une présence persistante de zoonoses telles que la rage, la grippe aviaire, l’anthrax, la COVID-19 et la fièvre de Lassa. Ce bilan, basé sur une analyse approfondie de la littérature nationale, révèle des facteurs individuels, sociaux et culturels déterminants, et appelle à des réponses ciblées pour contenir ces maladies.

 

Le Bénin fait face à une présence persistante de zoonoses telles que la rage, la grippe aviaire, l’anthrax, la COVID-19 et la fièvre de Lassa.

 

Les zoonoses au Bénin restent au cœur des préoccupations sanitaires. Cinq maladies majeures sont les premières sur la liste. Il s’agit de rage, anthrax, grippe aviaire, fièvre de Lassa et COVID-19. La revue de littérature conduite en 2024 par Breakthrough ACTION, avec l’appui de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), documente la situation à travers des données précises issues de 52 articles, dont 10 spécifiquement centrés sur le Bénin.

La rage reste particulièrement préoccupante. Selon une étude réalisée dans le département de l’Ouémé par Allanonto Victor, un médecin vétérinaire et chef de la Division de la Surveillance Épidémiologique au Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche du Bénin en 2020, 94,4 % des répondants affirment connaître la maladie, mais seuls 60 % des propriétaires de chiens assurent la vaccination de leurs animaux. Pire, 25 % de la population seulement connaît l’existence de la prophylaxie post-exposition, pourtant essentielle pour éviter la mort après une morsure. Dans deux études menées au Nigeria, la prévalence de la rage dans les cerveaux de chiens abattus était de 3,9 % et 7,98 % et pourtant 64 % des personnes interrogées pensaient que les animaux enragés pouvaient être consommés. Ce qui n’est pas conseillé.

L’anthrax, ou charbon bactérien, sévit surtout dans le nord. Une étude a été menée en 2022 par KINKPE et al, sur la prévalence et l’impact de l’anthrax sur la production bovine dans la commune de Boukoumbé au nord du Bénin. Dans cette zone, 91 % des éleveurs vaccinent leurs troupeaux, contre seulement 17 % à Korontière, 38 % à Tabota et 40 % à Boukoumbé centre. La meme étude a révélé que 55,77 % des éleveurs ne savent pas comment leurs animaux contractent la maladie, bien que 26,92 % incriminent les pâturages et 13,46 % l’eau de boisson.

La grippe aviaire, quant à elle, a été signalée pour la première fois en 2007 avec cinq foyers dans le Sud-Est d’après une étude de la chaîne de valeur avicole et de l’analyse du risque d’introduction et de propagation de l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène au Bénin. De nouveaux cas ont été confirmés entre 2021 et 2022 à Ouidah, Abomey-Calavi, Bopa, Sèmè-Kpodji et Kpomassè, dus aux souches H5N1 et H9N2 d’après le rapport de Noudeke en 2023. Les marchés de volailles vivantes restent des zones critiques. Une étude indique que 97,9 % des aviculteurs et commerçants connaissent l’existence de la grippe aviaire, mais 50 % seulement savent qu’elle se transmet à l’humain. Dans une autre enquête, 57,7 % des éleveurs avouent continuer à vendre ou consommer des oiseaux malades durant les épidémies.

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La fièvre de Lassa, bien que moins fréquente, demeure une menace dans les zones frontalières du Nigeria. Un sondagemené sur un échantillon de 58 relais communautaires dans la Donga montre que 81 % des relais communautaires identifient la fièvre comme symptôme, mais seulement 37,9 % disposent de gants pour manipuler les malades. Le contact avec les rongeurs, principaux réservoirs du virus, reste courant. À Faranah (Guinée), 11 % des enfants consomment régulièrement la viande de rat. Ce comportement est également observé au Bénin, où il est ancré culturellement.

La COVID-19, enfin, a mis en lumière des failles dans la communication sanitaire. La peur des effets secondaires du vaccin, les rumeurs sur les réseaux sociaux et la faible perception du risque ont contribué à une adhésion vaccinale réduite. Une enquête montre que seulement 63,5 % de la population juge bénéfiques les pratiques préventives, malgré une conscience élevée de la gravité de la maladie (92,9 %).

Le bilan des zoonoses au Bénin met en évidence que les chiffres ne traduisent pas seulement un problème de santé, mais soulignent surtout des faiblesses profondes dans la prévention, la sensibilisation des populations et l’organisation locale. Il devient urgent de renforcer la vaccination, de rapprocher l’éducation sanitaire des communautés et d’améliorer le contrôle des marchés sensibles.

 

Innocent AGBOESSI

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