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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

RISQUES LIÉS AU MÉTIER DE VÉTÉRINAIRE : « … c’est notre métier, on n’y peut rien », Docteur Sylvestre Fayomi

 RISQUES LIÉS AU MÉTIER DE VÉTÉRINAIRE : « … c’est notre métier, on n’y peut rien », Docteur Sylvestre Fayomi

La communauté internationale a célébré le samedi 27 avril 2024 la Journée Mondiale des Vétérinaires. C’est une célébration qui a été initiée en 2000 par l’Association Mondiale Vétérinaire. A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre du Docteur Sylvestre FAYOMI, médecin vétérinaire depuis 1996, pour discuter des risques liés à ce métier.

 

Docteur Sylvestre FAYOMI

LE RURAL : Quels sont les symptômes courants qui indiquent qu’un animal a besoin de soins vétérinaires ?

C’est une question qui m’amène à vous demander quand un homme est malade, quels sont les signes qui permettent de le savoir ? En fait, un animal malade naturellement, ça dépend de la maladie, vous allez constater nécessairement quelque chose. Un comportement ou un fait qui pouvait vous amener à vous poser la question de savoir ‘’Est-ce que cet animal se porte bien ?’’. Déjà, en vous posant cette question, vous vous rendez compte que quelque chose a changé dans le quotidien de votre animal. Et ça peut être des diarrhées, peut-être l’animal devient nonchalant, peut-être parce qu’il se retire et ne reste plus parmi les autres animaux ou est un peu oisif, etc.

  • Dites-nous, quels sont les risques les plus courants auxquels vous êtes confronté en travaillant avec des animaux ?

Vous pouvez les imaginer parce que nous sommes au contact des animaux tous les jours. D’abord, il y a le risque d’agression et également le risque d’infection etc. Parlant donc de risques auxquels nous sommes confrontés, ils sont nombreux.

Si je prends les animaux de compagnie par exemple, les chiens, les chats et autres. Quand vous allez vers un chien ou un chat, c’est un grand risque vous prenez. Mais, c’est notre métier on n’y peut rien, c’est ce qu’on a appris. On a appris à nous familiariser avec les animaux, à travailler avec eux, à dormir avec eux s’il le faut, sinon à les adorer. Nous essayons de mettre en pratique tout ce qu’on nous a appris à l’école et tout ce que la vie nous a appris pour pouvoir nous mettre hors de danger vis-à-vis de nos patients.

  • Est-ce que vous avez été déjà attaqué par l’un de vos patients ?

Attaquer, c’est peut être un peu trop dire. Lorsque vous êtes un bon professionnel, je ne dis pas que je suis un bon professionnel, vous devez savoir à quel moment devez-vous approcher de l’animal parce que l’animal vous parle, par des gestes. Donc vous devez avoir le comportement requis pour le mettre en confiance et dès qu’il est en confiance, il vous laisse faire tout ce que vous voulez. À ce niveau, il n’y a pas de soucis. En tout cas jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore de soucis par rapport à cela.

  • Comment gérez-vous alors les situations d’urgence impliquant des animaux agressifs?

Si l’animal est agressif au moins son propriétaire est là. Généralement, les animaux sont dociles vis-à-vis de leurs propriétaires. Donc le propriétaire vous aide à le maîtriser aisément. Même si le propriétaire a peur de l’animal, nous trouvons toujours la formule pour pouvoir faire ce que nous devons faire.

  • Comment assurez-vous votre sécurité et celle de votre équipe lors de procédures médicales impliquant des animaux de grande taille ?

Ça dépend de ce que nous voulons lui faire. Si ça nécessite la contention, nous prenons les dispositions qu’il faut pour maintenir l’animal pour qu’il ne soit pas libre de vous faire du mal. Limiter ses mouvements pour que dès qu’il sent quelque chose ou qu’il ne veut plus vous sentir à côté de lui, qu’il ne soit pas en mesure de vous faire du mal. Donc, il y a les mesures de contention que nous mettons en place pour pouvoir contenir l’animal même si c’est un animal de grande taille.

  • Votre santé mentale, comment se porte-t-elle depuis?

Soupire ! Je ne suis quand même pas fou. Je vous raconte. Quand j’étais encore jeune étudiant en médecine, les premiers cours qu’on a eus, le professeur est venu nous demander de ramasser des cadavres d’animaux sans porter des gangs. J’étais stupéfait parce que ce que nous devons ramasser était une pourriture. C’est pour vous dire que nous avons été quand même formés pour ça, que l’animal soit mort ou vivant, ça ne nous dit rien.

  • Partager avec nous une situation dangereuse à laquelle vous avez été confrontée dans le cadre de votre travail en tant que vétérinaire ?

Je me rappelle quand j’étais en formation, on était en classe pratique chirurgie avec le doyen du département chirurgie et on a eu un cas de tigre qui s’est fracturé la patte. On nous a appelés et le professeur nous disait que nous aurons la chance de voir comment traiter un cas pareil. Nous tous étions contents et avions pris nos instruments. Une fois sur les lieux, on l’a anesthésié de loin. Dès qu’on s’est approché, le professeur a demandé à l’un de nos camarades de surveiller l’anesthésie, c’est un éthiopien. Le camarade se mettait à bavarder, il ne surveillait plus et d’un coup, le tigre s’est levé, vous imaginez ? C’était la débandade totale. Tout le monde a couru, le professeur, nous-mêmes, même l’animalier qui s’occupait de ce tigre. On a laissé nos instruments et on a fui d’abord. Puis, après on est revenu, on l’a anesthésié de nouveau et on a pris nos dispositions. Mais je peux vous dire que pour cette classe pratique, l’éthiopien a eu 02, parce que c’était son rôle et c’était dangereux. Mais, c’était bien passé, personne n’avait rien eu.

  • Un animal a déjà perdu la vie devant vous ? Quel cas vous a beaucoup plus touché ?

C’est arrivé plusieurs fois. Des cas d’intoxication et d’empoisonnement, l’animal était parti et je n’y pouvais rien. Mais, c’est le cours normal de la vie. C’est vrai que le vétérinaire fait le maximum de ce qu’il peut pour sauver l’animal, mais quand c’est son heure qui a sonné, nous ne pouvons rien. Vous pouvez être le meilleur des vétérinaires, vous ne pouvez rien. Le cas qui m’a vraiment touché, c’était celui de mon chien. Je n’étais pas là quand l’incident s’est produit et il était déjà à l’agonie quand j’étais rentré. Ça m’a fait très mal.

  • Nous aimerions bien savoir ce qui vous a motivé à opter pour la médecine vétérinaire.

Vous savez, je n’aime pas les animaux mais plutôt je les adore. J’adore les animaux depuis le bas âge. Je cotisais pour acheter de poussins pour les élever à la maison. Mon papa aussi aimait des chats et je m’amusais avec eux à la maison. Donc, quelqu’un qui adore les animaux ne peut pas être médecin pour les hommes et dès que j’ai eu la chance de faire la médecine vétérinaire, je n’ai pas hésité.

Propos recueillis et transcrits par Rebecca Kafui KANSOU

 

 

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