PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
PRODUCTION ARTISANALE DE SEL : Du sable au sel, une activité noble mais éprouvante
À Ouidah, Grand-popo, Kpomassè et d’autres communes côtières du Bénin, plusieurs femmes s’adonnent à la préparation du sel blanc communément appelé “Xwladjè”. Si sa consommation est indispensable dans les ménages, son processus de production n’en demeure pas moins une source de plusieurs maladies affectant celles qui en ont fait leur gagne-pain.
Maëlle ANATO
Au Bénin, la production artisanale du sel est une activité génératrice de revenus pour les femmes des régions côtières. Fortement riche en minéraux dont l’iode, il s’obtient grâce à un procédé ancestral qui consiste à recueillir de l’eau salée aux abords des côtes. À travers un puits de sable, elle est filtrée et ensuite portée à ébullition durant de longues heures avant l’obtention du sel de haute qualité.
Néanmoins, ce processus aboutissant à la préparation du « Xwladjè » cache plusieurs maladies et problèmes de santé auxquels les salicultrices sont exposées.
Étant une activité qui se pratique en saison sèche dans des conditions de températures très élevées, la production de sel entraîne une forte déshydratation et des états de fatigue. C’est le cas de madame Françoise, une dame rencontrée à Pahou dans la commune de Ouidah et faisant de la préparation du sel de Djègbadji. « La chaleur est trop. On s’habitue avec le temps mais la chaleur nous fatigue beaucoup » a-t-elle laissé entendre. Sans protection adéquate, le contact répété avec l’eau occasionne des irritations cutanées, des problèmes corporels (dartres et d’autres problèmes de la peau). Ces affections peuvent même s’étendre aux yeux et affaiblir la vue, sur le long terme. Par ailleurs, l’inhalation de fumées de bois et de particules chimiques au cours de l’évaporation de l’eau salée serait la cause de maladies respiratoires comme l’asthme, la sinusite et les bronchites. Les charges lourdes et les mouvements de tension du corps sont susceptibles de causer des crampes, des douleurs au niveau des épaules, du dos et des articulations.
Pour réduire ces risques sanitaires et pour préserver la bonne santé de ces braves femmes, il est capital de penser à des mesures de protection et à l’amélioration des conditions de travail. Le 17 mars 2022, le gouvernement à lancé à Ouidah le Projet de Promotion du sel local « Xwladjè » dans la zone côtière du Bénin (ProSel). « Nous visons à réduire la pénibilité du travail de production de sel à nos mamans qui s’y adonnent […] Nous visons la préservation de la mangrove, ce milieu humide spécifique qu’il nous faut préserver, mais aussi la préservation de la santé des salicultrices. Une fois ce site achevé, les salicultrices auront de bonnes conditions de travail, ce qui va induire l’amélioration de la qualité du sel et l’accroissement des quantités produites » a expliqué le ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi, Modeste Tihounté Kérékou.
Pour rappel, la visite de constat du niveau d’avancement des travaux effectuée le jeudi 16 mai 2024 a révélé la mise en place d’un nouveau mode de production de sel, par séchage de la saumure sur bâche solaire. En attendant la réalisation effective au sein des autres communes côtières, il urge de trouver des solutions immédiates pour la protection de ces femmes spécialisées dans l’extraction du Xwladjè.