La stratégie du Burkina Faso pour réduire la dépendance aux importations
Depuis 2023, le gouvernement burkinabè s’est engagé à relancer la culture du blé dans le but de mettre fin aux importations à moyen terme. Ainsi, le pays a pris plusieurs décisions dans cette optique, à savoir l’interdiction des importations de farine de blé au Burkina Faso depuis avril 2024 et l’instauration d’une exonération de taxe au profit de la production locale de farine de blé pour encourager l’investissement des opérateurs privés dans le secteur. Et depuis quelque mois, ces initiatives portent déjà leurs fruits. Le Pays ne compte pas s’arrêter à ce niveau.
Après une première récolte de 250 tonnes en 2024 selon Agence Ecofin, les autorités ambitionnent d’atteindre 6 500 tonnes en 2025. Traditionnellement dépendant des importations de farine de blé, le Burkina Faso veut inverser cette tendance. Le pays a une fois encore multiplié ses initiatives avec de nouvelles unités de transformation locales pour réduire la dépendance aux importations de farine de blé.
Il s’agit d’une nouvelle minoterie basée à Gampéla qui a été inaugurée le 20 février dernier dans la commune de Saaba. Cette usine, portée par le groupe Zidnaba Industrie qui représente un investissement de 15 milliards de francs CFA (24 millions de dollars) a baptisé Moulin Double Star (M2S). Avec une capacité de production de 220 tonnes de farine et 80 tonnes de son de blé par jour, cette infrastructure vient renforcer l’offre locale en farine de blé.
Cette dynamique, soutenue par des initiatives publiques et privées, vise à réduire la dépendance du pays aux importations et à promouvoir une production locale plus compétitive.
Cette initiative vient à point nommé s’ajouter à d’autres projets similaires, notamment la construction d’une unité de fabrication de pâtes alimentaires intégrant une minoterie sous le nom d’Anadolu Industrie, lancée en septembre dernier dans la commune de Toecé. Ce projet, dont le coût s’élève à 14,4 millions de dollars, s’inscrit également dans la volonté nationale de renforcer la transformation locale des produits céréaliers.
Face à la volatilité des marchés internationaux et aux défis de la sécurité alimentaire, le gouvernement burkinabè a pris des mesures décisives pour favoriser la production locale de farine de blé. Depuis avril 2024, l’importation de farine de blé est interdite jusqu’à nouvel ordre, une décision prise par le ministère du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises.
Ces efforts s’expliquent par la nécessité de réduire la facture des importations. En 2023, le Burkina Faso a importé 16 359 tonnes de farine de blé pour une valeur de près de 3,2 milliards de francs CFA (5,1 millions de dollars), selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). En développant une filière nationale intégrée, le pays espère non seulement diminuer ces coûts, mais aussi renforcer son autonomie alimentaire.
Avec ces initiatives, le Burkina Faso pose les bases d’une transformation durable de son industrie céréalière. La question primordiale est de savoir si ces initiatives permettront à terme de faire du pays un acteur clé dans la production et la transformation du blé en Afrique de l’Ouest.
Justin ADANDE