Le Conseil International donne officiellement le coup d’envoi des préparatifs
(L’Afrique s’organise pour faire entendre la voix des peuples)
Chaque 12 ans, les mouvements sociaux du monde entier choisissent un point de convergence pour canaliser leurs luttes, mutualiser leurs expériences et projeter des alternatives. En 2026, ce point d’unité sera l’Afrique et plus précisément au Bénin. Pour la première fois, ce pays d’Afrique de l’Ouest accueillera la 17ᵉ édition du Forum Social Mondial (FSM), du 4 au 8 août, autour des enjeux de justice sociale, de paix, de durabilité et de solidarité planétaire.
Lancement officiel de la phase active de l’organisation du Forum Social Mondial
Depuis plusieurs années, la société civile béninoise, les mouvements sociaux africains et les partenaires internationaux s’activent pour faire de cette édition un moment historique. Une étape décisive vient d’être franchie avec la tenue à Cotonou, à l’hôtel Casa Ciel de Fidjrossè, de la réunion du Conseil International (CI) du FSM. Ces trois jours de réflexions ont abouti à une conférence de presse, le 30 juillet 2025, marquant officiellement le lancement de la phase active de l’organisation.
Ainsi, pour Sa Majesté Dada Zèhé, Porte-parole de la Coordination nationale du FSM Cotonou 2026 et Secrétaire Général de l’Alliance des Chefs Coutumiers et Traditionnels d’Afrique de l’Ouest et du Centre, cette conférence de presse symbolise un passage stratégique. « Cette conférence de presse symbolise le démarrage de la phase opérationnelle. Nous entrons dans une dynamique de mobilisation collective à l’échelle nationale et internationale », a-t-il déclaré. Il a insisté sur l’ambition de construire un processus décentralisé, inclusif et citoyen, ouvert à toutes les énergies.
Ensuite, Bertrand C. YEHOUENOU, Porte-parole de la plateforme nationale de la Convergence et Secrétaire technique du FSM Cotonou 2026, a rappelé les nombreuses étapes franchies depuis l’attribution du forum au Bénin. Initialement prévu pour janvier 2025, le FSM a été reprogrammé du 4 au 8 août 2026, permettant un meilleur ancrage local. « Cette date nous a permis de lancer véritablement le processus », a-t-il souligné, insistant sur l’importance de la concertation multi-acteurs et du rôle moteur de la société civile.
Le thème du Forum Social Mondial 2026
Marcela Escribano, militante canadienne engagée depuis des années dans le FSM, a rappelé que le Forum ne se limite pas à un événement. « Tous les 12 ans, on décide d’un lieu pour rassembler nos énergies, mais le FSM, c’est avant tout un processus vivant, permanent, fait de forums thématiques, régionaux, d’initiatives continues sur tous les continents », a-t-elle déclaré. À ses yeux, le choix du Bénin est porteur de sens. « Le pays mène un travail remarquable autour de la mémoire de la traite négrière, de la reconstruction des liens entre l’Afrique et ses diasporas. Cela donne une résonance particulière à ce que nous préparons ici », a affirmé Marcela Escribano.
En effet, pour Massa Koné, Porte-parole de la Convergence Globale des Luttes pour la Terre et l’Eau – Afrique de l’Ouest, la désignation de Cotonou est un signal fort. Le Bénin, riche de son héritage historique, de ses mobilisations paysannes et de sa stabilité, représente un territoire stratégique où se croisent savoirs endogènes, spiritualité, et résistances populaires face aux logiques esclavagistes et néolibérales.
Pour ce fait, sous le thème : « Gouvernance des ressources : Crises alimentaires, climatique, économique, migratoire, politique, sanitaire, sécuritaire, socio-culturelle… Quelles alternatives pour la paix, la cohésion sociale et le développement durable ? », le FSM 2026 abordera l’interconnexion des crises globales et la nécessité de leur répondre à travers des solutions locales, populaires et solidaires.
Les cinq grands axes autour duquel s’organisera le SFM 2026
Le Forum Social Mondial 2026 s’organisera autour de cinq grands axes structurants, pensés comme autant de leviers pour transformer les crises actuelles en opportunités d’action collective. Le premier axe vise à comprendre les crises et leurs causes profondes, qu’elles soient historiques ou contemporaines, afin d’en identifier les logiques systémiques et les dynamiques de domination qui les alimentent.
Le deuxième axe s’attache à soutenir les luttes des populations les plus affectées, femmes, jeunes, paysannes, migrant·es, personnes sans emploi, toutes et tous pris dans l’engrenage des inégalités et des violences structurelles. Le troisième axe mettra l’accent sur la promotion de la justice sociale et environnementale, à travers des alternatives telles que l’agroécologie, la coopération Sud-Sud ou encore les économies solidaires.
De plus, le quatrième axe entend résister à la numérisation incontrôlée, en alertant sur ses effets sur les libertés, les identités culturelles et les pratiques communautaires, tout en appelant à des régulations éthiques. Enfin, le cinquième axe proposera de renforcer l’intelligence collective du FSM, en repensant ses modes de gouvernance, ses outils participatifs et ses méthodes d’action, pour qu’ils soient à la hauteur des enjeux du XXIᵉ siècle.
En fin, depuis Bénin, l’Afrique se prépare à accueillir le monde et à faire entendre la voix des peuples dans leur diversité et leur dignité. Et selon le Secrétaire technique du FSM Cotonou 2026, tout va de bon train pour une organisation parfaite. Il a annoncé que plus de 150 000 participants sont attendus à ce rendez-vous.
Vignon Justin ADANDE
