Cotonou a accueilli les 16 et 17 octobre 2025 le premier Symposium sur la croissance et le développement inclusif des micro, petites et moyennes entreprises (MPME). Déroulé à l’hôtel Golden Tulip, cet événement inédit a réuni acteurs publics, entrepreneurs, institutions financières et partenaires techniques autour d’un même objectif. Celui de renforcer la compétitivité et la résilience du secteur privé béninois.
Dès l’ouverture, le ton a été donné. « Ce moment n’est pas un simple événement économique, c’est un signal fort, le signal d’un pays qui croit en son potentiel et d’un secteur privé qui se met en mouvement », a déclaré Albin Féliho, chef de file du Groupe de Travail Croissance et Développement Inclusif des MPME. Pour lui, les MPME représentent le cœur battant de la nation, un moteur d’innovation et d’emploi, mais confronté à des défis majeurs, tels que le financement, la structuration, la digitalisation et le découragement face aux lourdeurs administratives.
Le symposium, soutenu par la coopération allemande à travers la GIZ, a offert un espace de réflexion intense sur le thème central : « Accélérer la croissance des MPME : défis, opportunités et leviers stratégiques. » Selon Felix Kress, représentant de l’Ambassadeur d’Allemagne, ce thème « résonne particulièrement fort dans un contexte où la durabilité et la compétitivité des petites et moyennes entreprises sont au cœur des priorités économiques mondiales et nationales. »
Un carrefour d’idées et de solutions
Conférences, panels et échanges directs ont permis aux participants de partager leurs expériences et de formuler des propositions concrètes. Pour Grâce Anago, entrepreneure présente à la rencontre, « ce symposium est décisif pour impulser la croissance des MPME, surtout celles dirigées par des femmes qui rencontrent encore trop de difficultés ». Dame Djossou, elle aussi participante, souligne l’importance du dialogue instauré en affirmant que « ce genre d’événement nous permet de rencontrer les partenaires techniques, les institutions et les autorités qui œuvrent pour l’entrepreneuriat en général, et féminin en particulier. »
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Des recommandations fortes pour transformer l’écosystème
Les deux jours de réflexion ont abouti à une déclaration finale riche en engagements et en recommandations. Trois priorités se dégagent. Il s’agit entre autres de faciliter l’accès au marché pour les produits transformés localement ; de bonifier les taux de crédits bancaires en faveur des entreprises féminines ; et d’améliorer l’accès des femmes entrepreneures à la commande publique.
Sur la question de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), le symposium invite l’ABSSA à décentraliser ses services, réduire les délais à six mois maximum et digitaliser ses procédures, avec l’appui du ministère du Numérique. La Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (CCIB) est, elle aussi, encouragée à renforcer son accompagnement, notamment à travers la formation et la mise aux normes des unités de production.
Concernant le financement, plusieurs acteurs sont appelés à jouer un rôle plus affirmé. L’Agence de Développement des Petites et Moyennes Entreprises (ADPME) et la BIIC sont invitées à étendre leurs programmes de bonification, tandis que les banques commerciales et institutions de microfinance sont encouragées à adapter leurs produits aux réalités des MPME. Le Fonds National de Développement Agricole (FNDA), de son côté, devrait définir des quotas spécifiques pour les femmes entrepreneures du secteur agricole.
Enfin, le symposium appelle l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) à introduire, dans la relecture du Code des marchés, des mesures de discrimination positive en faveur des entreprises féminines et artisanales. L’idée est de leur permettre d’accéder plus facilement à la commande publique, en favorisant les regroupements en consortia pour soumettre des offres plus compétitives.
Un appel à une dynamique durable
Les recommandations s’étendent également aux partenariats public-privé (PPP). L’APIEX est encouragée à renforcer les capacités des MPME sur le nouveau cadre juridique des PPP et à promouvoir la création d’un fonds de soutien dédié, notamment pour financer les études techniques.
Le symposium s’est conclu sur un message d’unité et de responsabilité collective. Les participants ont salué les efforts du gouvernement et des partenaires techniques, tout en appelant à un engagement continu pour un environnement d’affaires plus inclusif. Ils ont aussi invité les ministères de l’Éducation à intégrer des modèles d’apprentissage favorisant l’esprit d’entreprise, dès le plus jeune âge, pour bâtir une génération de créateurs et de bâtisseurs.
Enfin, le Groupe de Travail Croissance et Développement Inclusif des MPME a été encouragé à assurer une veille active auprès des institutions et partenaires engagés, afin de garantir la mise en œuvre effective des engagements pris.
Jean-Baptiste HONTONNOU
