Cancel Preloader

1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

CÉRÉALES RUSSES : L’Europe ferme ses portes, Moscou redéfinit sa stratégie

 CÉRÉALES RUSSES : L’Europe ferme ses portes, Moscou redéfinit sa stratégie

Face à la hausse drastique des droits de douane imposés par l’Union européenne, les exportations russes de céréales se sont effondrées. Tandis que Bruxelles favorise les importations ukrainiennes, Moscou investit dans de nouvelles infrastructures pour conquérir d’autres marchés. 

Innocent AGBOESSI

En septembre dernier, les exportations de céréales russes vers l’Union européenne ont chuté à seulement 21 000 euros, un niveau historiquement bas selon les données d’Eurostat rapportées par l’agence Ria Novosti. Cette situation découle directement de l’augmentation spectaculaire des droits de douane sur les céréales et oléagineux russes et biélorusses, instaurée par Bruxelles en juillet 2024. Désormais, ces produits sont taxés à hauteur de 95 euros par tonne, ou 50 % de leur valeur, rendant leur accès au marché européen quasiment impossible.

Bruxelles sous pression, Moscou en quête d’alternatives 

Si l’Union européenne justifie ces mesures par des impératifs de protection de ses agriculteurs, elles surviennent dans un climat de tension économique exacerbé par la guerre en Ukraine. Depuis juin 2022, Bruxelles a en effet levé les droits de douane sur les céréales ukrainiennes pour soutenir Kiev, provoquant la colère de nombreux agriculteurs européens confrontés à une concurrence accrue.

Face à ces restrictions, Moscou minimise l’impact sur son économie. « Nous avons de nombreuses autres destinations pour nos livraisons », a affirmé DmitriPeskov, porte-parole du Kremlin. Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, a quant à elle critiqué l’Union européenne, jugeant que ces mesures ne feraient qu’aggraver les tensions alimentaires mondiales.

Une stratégie tournée vers de nouveaux marchés

Plutôt que de se replier, la Russie redéfinit sa stratégie. En tant que premier exportateur mondial de blé, le pays développe ses infrastructures portuaires, notamment sur la mer Baltique, pour diversifier ses destinations. Ces projets visent une capacité de plus de 30 millions de tonnes par an, soit près de la moitié des exportations actuelles transitant par la mer Noire.

Le gouvernement russe ambitionne également d’augmenter de 50 % ses exportations agricoles d’ici à 2030. Cette volonté s’inscrit dans un contexte de montée des besoins alimentaires mondiaux, notamment dans les pays en développement, où Moscou se positionne comme un fournisseur clé.

Il faut noter qu’avant l’entrée en vigueur des surtaxes européennes, les exportations russes avaient explosé : en juin 2024, elles atteignaient 11,8 millions d’euros, presque le double du mois précédent. Mais dès juillet, l’impact des nouvelles taxes s’est fait sentir : les exportations vers l’UE ont été divisées par quatre, tombant à 2,9 millions d’euros.

Ce repli forcé illustre une reconfiguration des flux commerciaux mondiaux. Si l’Union européenne semble miser sur une alliance renforcée avec l’Ukraine, la Russie s’affirme comme un acteur incontournable sur d’autres fronts, consolidant ainsi son rôle dans la sécurité alimentaire globale.

 

Loading

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *