À la croisée des chemins entre les lettres et la terre, Edgar Maxime Segninou Déguénon s’est imposé dans le monde rural comme un acteur clé pour une agriculture respectueuse de l’homme et de l’environnement.
Du monde des lettres aux sillons de la terre
Littéraire angliciste de formation, détenteur d’un master obtenu à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines de l’Université d’Abomey-Calavi, il aurait pu tracer une carrière dans les amphithéâtres ou les cercles intellectuels. Mais, c’est vers les sillons fertiles de l’agriculture qu’il a orienté sa vocation, mu par une conviction inébranlable : nourrir sainement les populations tout en préservant les ressources naturelles.
Les débuts d’un pionnier de l’agriculture biologique
Un des pionniers de l’agriculture biologique au Bénin, Edgar Maxime Déguénon s’engage dès octobre 2002 avec la création du village maraîcher de Sèmè Podji, un projet structurant qui ouvre la voie à une autre manière de produire, de consommer et de vivre. Trois ans plus tard, en 2005, il fonde l’ONG Hortitechs Développement, véritable levier d’appui-conseil pour les petits producteurs. De la semence à la mise en marché, il y défend une approche intégrée de l’agriculture, où les paysans bénéficient d’un accompagnement personnalisé pour valoriser leurs savoir-faire et écouler leurs produits dans des circuits courts.
Une vision sociale et solidaire de l’agriculture
Infatigable bâtisseur, il fonde en 2008 l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne, avec un objectif clair : redonner aux agriculteurs locaux leur juste place dans le système alimentaire. Ce projet donne naissance à Distri’solidaire, un réseau innovant de boutiques partenaires pour la distribution des produits biologiques et locaux. Plus qu’un réseau, c’est un véritable écosystème qui favorise la confiance entre producteurs et consommateurs. Il initie également un partenariat local solidaire basé sur le prépaiement de paniers hebdomadaires de fruits et légumes cultivés selon les normes biologiques. Une vision qui anticipe les tendances mondiales en matière de circuits courts et d’agriculture communautaire.
La ferme Bio Village de Toro : un laboratoire d’innovation
En 2009, il donne vie à la ferme Bio Village de Toro, nichée à Gakpé, dans la commune de Ouidah. Véritable laboratoire à ciel ouvert de l’agroécologie, la ferme est à la fois un centre de formation, un modèle de production et un outil de sensibilisation. Son engagement ne s’arrête pas là : visionnaire, il introduit en Afrique de l’Ouest le premier système participatif de garantie (SPG), une méthode de certification biologique inclusive et démocratique, qui mise sur la coresponsabilité des producteurs et des consommateurs. De 2014 à 2024, il assure l’animation nationale de ce système au Bénin, permettant à de nombreux produits bio d’être reconnus et valorisés sur les marchés.
En août 2024, fort de son expérience et de son influence, il a cofondé et a pris la présidence du Conseil d’administration du Réseau national des initiatives agro-écologiques, biologiques, participatives et équitables du Bénin (ReNABIO PEB-Bénin). Ce réseau est aujourd’hui une référence dans la promotion de modèles agricoles durables, fondés sur la justice sociale, l’équité économique et la protection de la biodiversité.
Marié et père de six enfants, Edgar Maxime Déguénon est un homme de conviction et d’action, reconnu par de nombreuses distinctions tant au plan national qu’international. Mais au-delà des prix, c’est surtout sa fidélité à une éthique, à une terre, à un peuple, qui forge son autorité morale. Il est, pour le Bénin et pour l’Afrique, une figure majeure de la transition agroécologique. Un semeur d’idées, un artisan du vivant.
