FILIÈRE ŒUFS DE CONSOMMATION AU BENIN Quand des actions concrètes s’imposent ?
Le Bénin fait partie des pays les plus pauvres du monde. L’indicateur de développement humain pour le Bénin en 2002, le classe à la 158e place sur 173 pays évalués par le PNUD avec un revenu annuel par habitant de 380 dollars EU (Banque mondiale, 2002). Le secteur rural contribue pour 39 pour cent à la constitution du PIB, procure 90 pour cent des recettes d’exportation du pays et participe à hauteur de 15 pour cent aux recettes de l’État. Néanmoins la filière œufs de table nécessite encore de sérieux travaux au regard des contraintes rencontrées par les acteurs de la filière.
Laure LEKOSSA.
L’élevage représente 8 pour cent du PIB total. Dans les conditions d’une bonne pluviométrie, le Bénin est autosuffisant sur le plan alimentaire en ce qui concerne les productions alimentaires de base. L’aviculture représente quant à elle, une activité pratiquée par la majorité des ménages aussi bien en zone rurale qu’en zone périurbaine et occupe une place de choix dans les stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Ceci compte tenu des potentialités enregistrées notamment la courte durée du cycle de reproduction et de production, le retour rapide sur les investissements, la forte accessibilité à toutes les couches sociales. Plus particulièrement, l’aviculture traditionnelle joue un rôle clé dans la quête de l’autosuffisance et de la durabilité de la sécurité alimentaire et contribue aux moyens d’existence des populations rurales. De plus, la volaille traditionnelle représente une source de revenus pour les exploitants pauvres en milieu rural, notamment les femmes, voire pour l’économie des états, mais aussi d’engrais organiques pour l’agriculture. Les œufs de table constituent le principal produit des aviculteurs modernes béninois. Les CVA œufs de table prennent en compte les œufs des poules pondeuses et les œufs des poules locales consommées (FAO 2015).
En effet, ces dernières années dans la région ouest africaine, le niveau de performance des industries de production de volaille est allé en dessous des attentes. Parmi les autres facteurs, le coût élevé des aliments pour animaux résultant de la fluctuation des matières premières, de la hausse des prix des ingrédients, de la qualité médiocre des aliments et de la plus grande inefficacité de la production. En aviculture, le niveau de performance n’est pas bien maitrisé par les acteurs, ce qui entraine une baisse de production en viande et en œufs. Ainsi, l’offre de l’aviculture traditionnelle et moderne n’arrive pas à couvrir la demande nationale en produits de volaille. La demande en œufs même si des efforts sont fournis (plus de 13 000 tonnes au niveau national) est insuffisante, d’où une importation massive de ces produits. Sur la période de 2010 à 2015, les importations de produits (œufs de volaille) sont estimées de 42 à 203 tonnes. Il est donc nécessaire, que la production locale puisse satisfaire la demande, mais cela passe par la connaissance des facteurs d’inefficacité des élevages actuels pour des recommandations utiles pour les gouvernements. Notons que grâce à l’accompagnement des autorités, on assiste au développement de cette filière, qui fait toutefois face à de nombreuses contraintes, liées notamment aux conditions d’accès au crédit, à la concurrence des importations et aux enjeux fonciers.Les récentes crises mondiales économiques et financières, couplées à l’apparition de nouvelles épizooties, devraient faire prendre conscience aux politiques de la nécessité de maîtriser les sources alimentaires. Les politiques et décideurs béninois devraient comprendre qu’en favorisant l’importation de viande en provenance d’autres pays, ils favorisent l’emploi des aviculteurs de ces pays exportateurs et en font perdre à leur propre pays. Notons que les Œufs de consommation font partie des filières stratégiques sur lesquelles travaille l’ATDA 7 et qui visent à accroître la couverture des besoins en protéines de nos populations tout en contribuant à la couverture des besoins alimentaires et nutritionnels des populations à travers un accroissement des niveaux de productions animales. Tant qu’il reste à faire, rien n’est fait dit-on. Il s’avère important que le gouvernement tourne vers cette filière un regard favorable.