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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

FIN DES IMPORTATIONS DE POULETS CONGELÉS ANNONCÉ : Le Bénin est-il prêt pour l’échéance du 31 décembre 2024 ?

 FIN DES IMPORTATIONS DE POULETS CONGELÉS ANNONCÉ : Le Bénin est-il prêt pour l’échéance du 31 décembre 2024 ?

Alors que l’année 2024 touche à sa fin, le Bénin se prépare à un tournant décisif pour son autonomie alimentaire. Dès janvier 2025, l’importation de viande de poulet congelé sera interdite. Une mesure audacieuse qui vise à dynamiser la production locale et à réduire la dépendance aux importations, mais qui suscite des interrogations sur la capacité des aviculteurs béninois à répondre à la demande nationale.

Innocent AGBOESSI

Un déficit de production alarmant

Au Bénin, la production locale de volailles est encore très faible. En 2021, 16 005 tonnes de viande de poulets ont été produites, tandis que la quantité importée s’élevait à 65 653,04 tonnes, soit plus de quatre fois la production locale. En valeur, les données de la FAO indiquent que 60 962 000 dollars américains de viande de poulet réfrigérée ont été importés en 2021.
Face à cette situation, le gouvernement du président Patrice Talon annonce des mesures fortes. « À partir du 31 décembre 2024, « plus aucun œuf ni poulet congelé ne pourront être importés au Bénin ». Le ministre béninois de l’Élevage, Gaston Dossouhoui, l’a annoncé aux acteurs en avril 2023. Notons que cette dépendance aux importations nuit non seulement à nos producteurs locaux, mais expose également nos populations à des produits de qualité douteuse. Il est temps de changer de paradigme. »

D’après le ministre de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, la production locale de viande de volaille est actuellement estimée à 20 000 tonnes par an, soit bien en deçà des 1,5 million de tonnes nécessaires pour satisfaire la consommation nationale annuelle. En comparaison, les importations représentaient jusqu’ici près de 80 % de l’offre sur le marché, avec un volume d’environ 60 000 tonnes de poulets congelés importés chaque année. Ces importations, souvent vendues à bas prix, ont engendré un manque à gagner estimé à plus de 50 milliards de FCFA par an pour l’économie béninoise.

Les causes de la dépendance aux importations

Pendant des décennies, la filière avicole locale a souffert de politiques peu incitatives. Les producteurs ont été découragés par le coût élevé des intrants, tels que les poussins d’un jour et les aliments pour volailles, ainsi que par l’absence de subventions efficaces. « Ces défis ont conduit à l’abandon de nombreuses exploitations et à une stagnation de la production locale », explique Blaise Sèton, président de l’Union nationale des aviculteurs professionnels du Bénin (UNAP).

Les premiers impacts de la mesure

À court terme, les experts prévoient une hausse des prix des produits avicoles locaux, une situation jugée inévitable par les acteurs du secteur. « Il faut s’attendre à une tension sur les prix dans les premiers mois », reconnaît Modeste Dayato, président de l’Association nationale des aviculteurs du Bénin (ANAB). Cependant, il reste optimiste : « Avec des cycles de production de trois mois, nous pouvons atteindre un équilibre rapide si les investissements nécessaires sont réalisés dès maintenant. »
Selon les propos du ministre
Gaston Dossouhoui : « Cette mesure est un levier stratégique. Si elle est bien accompagnée, elle pourrait permettre une augmentation de la production locale de 30 % dès 2025 et une réduction significative de notre dépendance alimentaire d’ici à 2030. »

Les actions nécessaires pour réussir

Pour atteindre ces objectifs, plusieurs mesures prioritaires ont été identifiées par les acteurs de la filière avicole. Il s’agit notamment :
– Investissements massifs dans la filière : Relance des exploitations avicoles abandonnées et construction de nouvelles infrastructures.
– Subventions ciblées : Réduction des coûts des poussins d’un jour et des vaccins grâce à une production locale.
– Promotion des circuits courts : Sensibilisation des consommateurs aux bienfaits du poulet local et encouragement à acheter auprès des producteurs locaux.
– Renforcement des capacités : Formation des aviculteurs pour adopter des techniques modernes et durables.
– Lutte contre les importations illégales : Renforcement des contrôles aux frontières pour éviter un marché noir qui pourrait nuire à la relance de la production nationale.

Un avenir prometteur pour la filière avicole

Avec cette décision historique, le Bénin se positionne à l’avant-garde de la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest. « Cette interdiction va au-delà de l’économie ; elle est aussi sanitaire et stratégique », insiste Gaston Dossouhoui. Il ajoute : « La réussite dépend de la collaboration entre les producteurs, le gouvernement et les consommateurs. Ensemble, nous pouvons transformer ce défi en opportunité. » Si les efforts sont maintenus, cette réforme pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs agricoles, ouvrant la voie à une économie plus résiliente et autosuffisante. « À nous de jouer pour que cette renaissance avicole soit un succès durable », conclut Blaise Sèton.
Des annonces aux actes, le fossé reste grand. Les regards des populations sont donc tournés vers le 31 décembre 2024.

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