PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
GESTION DE LA FERTILITÉ DES SOLS : De nouvelles pratiques agroécologiques font des merveilles à l’Est du Burkina Faso
Dans l’Est du Burkina Faso, nul n’est censé ignorer les difficultés auxquelles fait face l’agriculture. Et à des fins de lutte contre cette barrière, plusieurs efforts se conjuguent par des acteurs à travers différents projets. C’est le cas de celui « Ten-Viiga » dont des résultats probants ont été enregistrés.
Jean-Baptiste HONTONNOU
Dans un pays comme le Burkina Faso où la crise sécuritaire, les effets néfastes de la pression démographique et des changements climatiques dictent leurs lois, les populations agricoles sont contraintes à réfléchir deux fois plus qu’avant pour sortir la tête de l’eau. Face à cette situation, les programmes de développement mis en œuvre dans ce domaine depuis 60 ans deviennent moins efficaces. Pour cela, il faut une méthode adaptée et très efficiente.
En effet, la seule solution la plus adéquate pouvant permettre à la production nationale agricole (dont 70% est issue de la paysannerie sur petite surface) d’être plus rentable, se résume à la gestion de la fertilité des sols. Elle représente ainsi un enjeu très crucial. A l’est du pays, un projet a été mis en œuvre pendant trois ans et a rendu possible un rendement dépassant presque la moyenne.
Dans un document de capitalisation du projet dont l’intitulé est Ten-Viiga (« Sol vivant » en langue locale), l’on peut s’imprégner des grands résultats obtenus. D’abord, mis en œuvre par l’ONG belge îles de Paix et l’Association pour la Recherche et la Formation en Agroécologie (ARFA), le projet a été pensé « dans le but de renforcer la résilience des agricultrices et agriculteurs face aux contraintes environnementales accentuées par les changements climatiques ». Et ce, à travers des pratiques agroécologiques. De façon réelle, ce projet a ciblé 150 familles d’agriculteurs dont 06 personnes en moyenne par ménage et 900 personnes directement impactées.
L’approche mise en œuvre par le projet Ten-Viiga a essentiellement visé « l’augmentation des rendements agricoles des cultures vivrières à travers l’accroissement de la fertilité des sols ». Trois composantes principales se sont dégagées pour appuyer les producteurs dans l’amélioration de la fertilité de leurs sols. Il s’agit de « la récupération et la protection des sols pour augmenter les espaces cultivables, des modes alternatifs de production de compost pour s’adapter au contexte » et « l’agroforesterie pour réconcilier productivité et protection de l’environnement ». Au-delà donc de ces composantes, le projet s’est basé sur des techniques de gestion de la fertilité des sols qui ont été diversement adoptées par les paysans. « Certaines l’ont été spontanément et d’autres avec plus de difficultés », peut-on lire. Entre autres techniques, l’on a celle de la récupération et la protection des sols qui a permis au projet de s’adapter aux difficultés de vulgarisation du zaï mécanisé. Le zaï est une technique de culture dont l’efficacité n’est plus à prouver sur les terres fortement dégradées. Également, comme technique, il y a eu l’utilisation des biofertilisants qui a connu « une adoption large mais sélective ». Pour finir, le projet a aussi adopté l’agroforesterie.
En ce qui concerne les résultats obtenus, les acteurs pensent que « malgré les difficultés rencontrées, le chemin parcouru auprès des productrices et producteurs met en avant des résultats encourageants ». Le succès des bandes enherbées, dont les producteurs ont perçu de nombreux avantages économiques, en plus de son action de lutte contre l’érosion hydrique ; une production et une utilisation accrue de différents types de composts vulgarisés promus par le projet, mais également une amélioration de la qualité et des effets du compost paysan traditionnel ; une adoption large des techniques d’agroforesterie, en particulier la régénération naturelle assistée, à la fois par les bénéficiaires directs du projet mais également au sein des autres communes de la zone d’intervention. Ainsi se présentent les grands résultats.
Actuellement, le projet Ten-Viiga fait l’objet d’une phase de prolongation de 18 mois pour consolider les résultats et contribuer à leur essaimage au sein des communautés voisines. Le chemin vers une restauration de la fertilité des sols se poursuit donc à l’Est du Burkina Faso, comme celui plus large de la transition agroécologique dans lequel il s’inscrit.