RECHERCHE AGRICOLE : Qui est Koulibi Fidèle ZONGO, le tout premier lauréat du prix de la fondation FARM ?
Le 28 janvier dernier, Koulibi Fidèle Zongo a été sacré lauréat du prix FARM 2025. C’était à l’occasion de la conférence 2025 de la fondation FARM qui a eu lieu en France. Mais qui est l’enseignant-chercheur dont les résultats de recherche ont retenu l’attention de plus d’un ?
Koulibi Fidèle ZONGO est Docteur-ingénieur en Agro-pédologie et agronomie. Il est diplômé des Universités Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou et Université Nazi Boni de Bobo Dioulasso. Actuellement enseignant-chercheur au Centre Universitaire de Tenkodogo de l’Université Thomas Sankara, il a été ingénieur agriculture au ministère de l’Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques du Burkina Faso. Mais pas que ça. Il a été consultant et chargé d’étude pour divers projets de développement agricole depuis 2008.
Le quadragénaire, soucieux de la dégradation accentuée des sols et de l’insécurité alimentaire croissante, concentre désormais ses efforts sur la gestion de la fertilité et de la productivité des sols dans un contexte de changements climatiques. « J’ai choisi cette thématique afin d’œuvrer à la recherche d’un système alimentaire durable pour les populations rurales », explique-t-il.
Pourquoi Koulibi ZONGO, le lauréat ?
Si l’agriculture a besoin de quelque chose de nos jours, c’est lui garantir une durabilité et surtout une résilience face aux aléas climatiques. Et pour y parvenir, il faut nécessairement passer par les innovations qui ne pourront arriver qu’à travers la recherche.
En effet, le chercheur a initié une approche recherche-développement participative avec 42 femmes productrices de compost au Nord du Burkina Faso. Rassemblées au sein de l’association « Nabonswende » de Niessega, ces femmes ont entrepris dès 2018 une production communautaire de compost dans l’optique de récupérer et de revitaliser les terres dégradées. Le compost y est produit pendant 45 jours avec un mélange de matériaux locaux : pailles de graminées de brousse, bouse de vache broyée et cendre.
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Dans l’optique d’améliorer les performances agronomiques de ces composts destinés à la fertilisation des sols pour des cultures vivrières, le Collectif des Associations du Sud-Est pour le Burkina (C.A.S.E. Burkina) apporte son appui technique et financier aux femmes de cette association. C’est donc avec le soutien de ce collectif et sous l’égide du Centre Universitaire de Tenkodogo que Koulibi Fidèle Zongo a pu engager son travail. Ses recherches l’ont conduit à effectuer la caractérisation du mode de compostage et des composts et la conduite de tests d’amélioration des paramètres de fertilité.
Les premiers résultats obtenus sont l’amélioration du pouvoir fertilisant des composts par des apports additionnels de phosphate de roche naturel broyé et des macérats des feuilles de légumineuses de brousse « Samanea saman » ; les essais agronomiques concluants en milieu paysan : relèvement du niveau de fertilité organique et chimique des sols dégradés, amélioration des rendements de sorgho et niébé ; et pour finir, la capitalisation de données scientifiques ayant abouti à l’encadrement de huit étudiants en licences et masters au sein de trois universités du Burkina Faso.
À en croire Koulibi Fidèle Zongo, le prix de la Fondation FARM permettra « de renforcer davantage les capacités des femmes de l’association Nabonswende et de mener des évaluations technico-économiques sur les composts améliorés, en vue d’étendre le projet dans d’autres villages du Burkina Faso ».
Le prix et ses retombées
Le prix de la Fondation FARM a été créé en 2024 et vient d’être remis pour la première fois. Ce Prix récompense l’engagement scientifique et sociétal d’un chercheur dans le domaine du développement agricole et de la sécurité alimentaire dans les pays du Sud, en cohérence avec les valeurs et missions de la Fondation FARM.
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À travers ce Prix, la Fondation FARM souhaite valoriser la recherche-action et les synergies entre science, secteur privé et politiques publiques, pour que la recherche contribue concrètement à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et au développement de systèmes alimentaires durable.
Le lauréat a donc reçu une dotation de 5 000 euros, soit environ 3,2 millions francs CFA, qui va lui permettre d’étendre une démarche engagée avec les 42 femmes de l’association « Nabonswende », en vue d’améliorer la qualité des composts.
Jean-Baptiste HONTONNOU