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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

TRANSFORMATION DU LATEX D’HÉVÉA : Un levier prometteur pour l’économie locale béninoise 

 TRANSFORMATION DU LATEX D’HÉVÉA : Un levier prometteur pour l’économie locale béninoise 

Le Bénin, pays aux ressources agricoles multiples, s’est officiellement lancé dans la filière hévéicole en décembre 2023, avec pour objectif de diversifier son économie. Le latex, extrait de l’hévéa, offre des perspectives prometteuses non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour l’économie locale.

Innocent AGBOESSI 

Le latex est extrait de l’arbre hévéa par un procédé appelé « saignée », qui consiste à inciser l’écorce de l’hévéa pour permettre à la sève de s’écouler. Ce processus nécessite une grande précision afin de ne pas endommager l’arbre et de garantir une production continue. Les techniques de saignée ont considérablement évolué, passant de méthodes artisanales à des approches modernes plus efficaces, souvent accompagnées de pratiques de gestion durable. Marc-André, ingénieur agricole et hévéaculteur, confie que le Bénin n’est pas encore à ce niveau dans l’hévéaculture. « Le latex peut commencer à être récolté lorsque l’arbre atteint au moins 5 mètres, alors que les nôtres n’ont pas encore atteint ce stade »

Transformé en caoutchouc naturel, le latex est un matériau aux multiples usages. « Il est essentiel dans la fabrication de pneus pour les véhicules, mais sert également à produire des équipements médicaux tels que des gants et des cathéters, ainsi que des articles du quotidien comme des chaussures, des élastiques ou encore des ballons de baudruche », explique Marc-André. Dans l’industrie cosmétique, le latex est utilisé pour des crèmes hydratantes grâce à ses propriétés élastiques et protectrices.

Le caoutchouc naturel se distingue par sa flexibilité, son élasticité et sa résistance, ce qui le rend souvent préférable au caoutchouc synthétique dans certaines applications. Il peut également être transformé en bioplastique, une alternative plus respectueuse de l’environnement comparée aux plastiques dérivés du pétrole. Des recherches suggèrent même que certains composants du latex pourraient avoir des propriétés anti-inflammatoires utilisables en médecine.

Le développement de l’hévéaculture au Bénin représente un potentiel considérable pour la diversification économique. Cela pourrait générer de nombreux emplois dans les domaines de la plantation, de la récolte et de la transformation du latex, tout en stimulant les infrastructures rurales.

Pour maximiser les bénéfices de cette filière, il est essentiel d’adopter des pratiques durables dès le départ, garantissant ainsi la pérennité des plantations et la protection de l’écosystème. Julien Avadji, un planteur d’hévéa basé à Sakété, se montre optimiste quant aux opportunités qu’offre cette nouvelle culture. « Avec le travail que nous abattons, d’ici trois ans, le Bénin sera partiellement indépendant en ce qui concerne l’industrie du caoutchouc », a-t-il expliqué.

L’hévéaculture béninoise peut s’inspirer des réussites ivoiriennes et nigérianes. En Côte d’Ivoire, par exemple, la filière caoutchouc contribue significativement au PIB agricole. Avec une production annuelle de près d’un million de tonnes, la Côte d’Ivoire a su moderniser ses techniques de saignée, augmentant ainsi le rendement et la qualité de son latex.

Avec une gestion efficace et durable, le Bénin pourrait transformer le latex en une nouvelle source de richesse nationale. En s’inspirant des pays pionniers comme la Côte d’Ivoire, le développement de cette filière pourrait générer de l’emploi, des devises, et renforcer l’industrialisation locale, offrant ainsi un avenir prospère à l’agriculture béninoise.

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