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LE HARICOT ET LE NIEBE: Deux cultures marginalisées malgré leurs apports nutritionnels
Le haricot et le niébé sont des légumineuses à grains produit un peu partout sur le continent et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Au Bénin ces légumineuses sont appréciées par la population mais sont peu produits. Bien qu’elles aient le même apport nutritionnel, il y a une différence entre elles, même si on remarque une grande ressemblance.
Par Hermione ADJANOHOUN
Le haricot est une espèce de plantes annuelles de la famille des fabaceae (Papilionacées) très courante en Afrique. Originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du sud le haricot est très cultivé dans les pays de l’Afrique de l’ouest. Une plante couramment cultivée en Afrique comme légumineuse ou légume. On en consomme soit le fruit (la gousse), haricot vert ou les graines riche en protéine (haricots secs). Au Bénin les haricots du genre phaseolus sont cultivés pour leurs graines comestibles. Plusieurs variétés existent en Afrique et dans le monde. Au Bénin, plus de 42 variétés sont produites au centre et au sud du Bénin. Le haricot sec comme le haricot vert peut être soit nains, la forme privilégiée en grande culture soit à rames. La gamme des variétés de haricots est très large. Ces derniers se distinguent par leurs formes, leurs qualités gustatives, la couleur et leur gousse ou de leur grain leur précocité et leur utilisation. Les variétés naines ne dépassent pas 60cm de hauteur alors que les variétés à rames peuvent atteindre 2 à 2,50 cm de hauteur. Le haricot a besoin d’un sol légèrement fertile et pousse mal sur des sols acides ou alcalins. Un espacement de 40 à 50 cm entre les lignes pour les variétés naines et 70 à 80 cm pour les variétés rames est vraiment nécessaire. La période favorable pour la production du haricot est mars à mi-mai. La récolte du haricot se fait lorsque les feuilles et les gousses ont séché et sont de couleur brun jaunâtre. Les récoltes peuvent commencer au bout de 40 jours pour les gousses vertes immatures et jusqu’à 3 mois pour les graines sèches. Un report des récoltes peut entraîner des pertes de récolte. Ses rendements sont très dépendants des températures et des précipitations et il est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique tout comme le niébé.
Selon Augustin Dagoudo ingénieur agronome la culture du haricot semble connaitre malheureusement une régression ces dernières années au point d’être menacée de disparition dans certaines régions du Bénin.
Zoom sur la production du niébé
Le niébé (Vigna unguiculata), tout comme le haricot est une légumineuse à graine de la famille des Fabaceae et originaire d’Asie. C’est une espèce très cultivée dans les régions tropicales notamment en Afrique subsaharienne qui assure la quasi-totalité de la production mondiale. Au Bénin on rencontre plusieurs variétés de niébé parmi lesquelles IT95KD-193-1, kplobé, tawa, kpodjiguèguè et N186-650-3(Anonsi), sont les plus produites. Ces variétés ont une tolérance à la sécheresse, la couleur et l’aspect des grains est appréciables et le rendement est aussi élevé. La culture du niébé se fait sur les sols légers et bien drainés moyennement riche en matière organique. Il est important qu’un écart de 60cm entre les lignes et 40 cm entre les poquets soit respecté. « Le semi se fait de 2 à 3 graines par poquet de fin mai à mi-juillet (zone à 400-800mm) et de début aout (zone à plus de 800mm) après une pluie d’au moins 20 mm » a expliqué Augustin Dagoudo.
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Le semi est fait à une profondeur de 2 cm puis refermer le poquet. La récolte des gousses se fait au stade de développement des gousses quand ces derniers virent à la couleur brune. Le niébé est une culture de cycle court et peut être produit en deux mois et générer des récoltes pouvant atteindre un certain seuil de rentabilité. En ce qui concerne le niébé sa production en Afrique de l’Ouest, au Niger, au Nigéria, a progressé d’environ 10 pour cent par an sur la dernière décennie. Au Bénin la culture du niébé se pratique sur toute l’étendue du territoire nationale, cependant la production reste marginalisée au détriment des céréales. Pour une production de céréale estimée à 850.000 tonnes, la production du niébé est estimée à 70.000 tonnes. L’itinéraire de la production du niébé suit 9 opérations. Il s’agit entre autres du choix de la parcelle, de la préparation du sol, du choix et de la qualité des variétés, du semi, de la lutte contre les mauvaises herbes, de la fertilisation, de la protection phytosanitaire, de la récolte, de l’égrenage et du stockage. Le haricot suit presque le même itinéraire technique que le niébé. Seulement qu’à cause du caractère rampant de certaines de ses variétés, elles sont produites sous abris avec des filets accrochés à la file de la culture, au pied des arbres. Les plantes s’accrochent naturellement sur ces supports. « Le haricot et le niébé par leur contribution à l’autosuffisance alimentaire et à la sécurité nutritionnelle des populations, peut être conseillé aux jeunes qui veulent entreprendre dans le secteur agricole. Il faut aussi souligner que la demande au Bénin est forte et que les commerçants font souvent recours au pays de l’Interland comme le Niger pour s’approvisionner et venir vendre sur le marché béninois », a indiqué Augustin Dagoudo.
Différence entre ces deux espèces de légumineuses
Selon l’agronome Augustin Dagoudo, la différence entre le haricot et le niébé se situe au niveau de leurs types de port, de la taille de leurs grains et leurs aptitudes culinaires. En effet, le haricot présente un port rampant ou effilé alors que le niébé présente un port érigé. Les grains du haricot sont généralement plus gros que les grains du niébé. En termes d’aptitude culière, le niébé cuit un peu plus rapidement que le haricot. La production des légumes secs comme le haricot et le niébé en Afrique est difficile à évaluer. Et cela est dû en partie à l’énorme variété de légumineuses. Celles-ci sont souvent cultivées dans le cadre de systèmes de cultures mixtes ou intercalées ce qui conduit parfois à les négliger au profit des céréales. Il faut souligner que le niébé est la légumineuse à graine la plus cultivée au Bénin.
Les légumineuses (haricot, niébé) sont à la base d’un développement agricole viable sur le plan écologique et axé sur les besoins des agriculteurs du Bénin et du continent africain. Il urge que les décideurs politiques pensent à la manière dont ils peuvent promouvoir et encourager la production de ces légumineuses.