ENTRETIEN AVEC PATRICK PAGEARD À PROPOS DU RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS DANS LES FILIÈRES AVICOLES

Patrick Pageard Directeur Général de la coopérative Nutriciab, président de l’interprofession de la dinde et vice-président de l’interprofession de la volaille en France, à propos du renouvellement des générations dans les filières avicoles.

« Le problème ne se pose pas qu’en France, il est partout en Europe »

Que retenir de cette conférence de ce matin, ici au Space ?

Patrick Pageard « On remarque qu’aujourd’hui, un vieillissement du parc d’éleveur en France. Il faut dire qu’on a tendance à perdre les éleveurs de façon importante. Les questions se posent vraiment pour essayer de retrouver une certaine souveraineté alimentaire et de redynamiser le paysage rural. C’est tout le sens de la présentation de ce matin qui aborde la question et nous sommes entrain d’identifier les actions à mener et qui pouvaient redonner de l’attractivité à nos éleveurs sur le territoire français. Justement, je reviens d’une conférence des producteurs européens de volailles, le problème est partout en Europe.                                 Comment redonner de l’attractivité et de la noblesse aux métiers agricoles ?

Puisse que notamment en Europe nos métiers sont souvent critiqués, on prend souvent le mauvais côté et non le côté nourricier de la chose qui est pourtant essentiel, notre cœur de motivation au quotidien ».

Pourquoi avoir cibler que les jeunes pour cette conférence ?

« Pourquoi les jeunes, parce qu’aujourd’hui on a un métier qui est très encadré et on peut facilement installer un jeune de part le modèle de financement qui existe de part l’accompagnement et la sécurité du système. La particularité de la volaille dans toutes les productions animales en France, est qu’on ne se met dans la volaille que quand on a de débouché commercial. Par ailleurs, avec notre système de production, quand on a un problème ce n’est souvent pas pour assez longtemps car on a une organisation de production qui encadre vraiment le quotidien financier et organisationnel des jeunes et des producteurs de volaille en général ». Patrick Pageard

Quel est votre regard sur l’isolement des agriculteurs qui s’observe de plus en plus?

P.P— « Aujourd’hui, la prospective future est que d’ici peu, 60% des habitants en France ne seront plus des ruraux mais des citadins. Cela fera que l’agriculteur ou l’exploitant est de plus en plus toute seule dans son exploitation et finalement il aura comme référence son technicien. Auparavant, ce qui faisait la force de l’agriculture, c’était d’être la base du tissu social. Souvent on était les nourrisseurs, on était un peu le référent dans la commune ou dans la ferme mais aujourd’hui ces gens (techniciens) sont de plus en plus présents dans notre quotidien et on doit faire attention. Moi dans l’organisation que je pilote, on est très vigilant, c’est bien d’avoir des réunions certes a caractère technique mais aussi beaucoup à caractère conviviale parce que les gens ont besoin de se réunir, besoin de se parler et c’est ça l’isolement agricole vécu aujourd’hui en France ».

Mot de fin

P.P « Mon mot de fin c’est que j’espère qu’on pourra collaborer avec d’autre pays car c’est ce qui fait la valeur du monde agricole. Le monde agricole n’est pas franco française, il n’est pas européen, il est mondial et on le voit bien au niveau de l’interaction qu’on a sur les échanges de matières premières qu’il y a tous les jours des besoins de nutrition partout dans le monde ».

Propos recueillis par Djibril Azonsi