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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

Nouvelles mesures et modalités d’exportation des produits forestiers AU Bénin : « Il faut que les mesures d’accompagnement soient mises en place », Bertin AKOUTA

 Nouvelles mesures et modalités d’exportation des produits forestiers AU Bénin : « Il faut que les mesures d’accompagnement soient mises en place », Bertin AKOUTA

Réuni en Conseil des ministres le mercredi 03 avril 2024, le gouvernement béninois a pris de nouvelles mesures et modalités d’exportation des produits forestiers en République du Bénin. Dans ce cadre, nous avons reçu les commentaires du Président de la Fédération Nationale des Opérateurs Économiques de la Filière Forêt-Bois (FéNAOEF/F-B), Bertin AKOUTA sur la question.

Bertin AKOUTA Président de la Fédération Nationale des opérateurs économiques de la filière forêt-bois (FéNAOEF/F-B)

LE RURAL : Que pensez-vous des nouvelles mesures et modalités d’exportation des produits forestiers qui ont été prises le mercredi 03 avril en conseil des ministres, pour tenir compte de la nécessité de préserver, de développer des ressources forestières ?

Bertin AKOUTA : Je crois que les mesures sont bienvenues par rapport à notre secteur, parce que c’est ce qu’on attendait. Il faut quand même actualiser les textes pour que ça soit conforme à notre aspiration : la transformation du bois. Donc, cette mesure est quand même salutaire, étant donné que quand on donne de la valeur ajoutée à un produit, c’est toujours bénéfique de l’utiliser,  que de l’exporter brut.

Quelles sont les principales différences entre le cadre réglementaire précédent et le nouveau cadre réglementaire pour l’exportation des produits forestiers ?

Pour parler de la mesure de 2016, le décret 2017-200, portant nouvelles mesures la transformation, commercialisation, exportation du produit et du bois en République du Bénin, elle portait sur une taxation différentielle. C’est-à-dire, selon le degré de transformation, qui veut encourager la transformation, mais au même moment, donne une ouverture pour l’exportation du bois brut. C’était un peu quelque chose à corriger parce que ce décret, l’actuel, est venu pour dire que tout doit être transformé avant d’être exporté, même les produits de forêts naturelles ou bien de plantations de manière privée. C’est la grande différence ça.

Comment ces nouvelles mesures normatives vont-elles contribuer à la préservation et au développement durable des ressources forestières ?

Avant d’exporter un conteneur, je dois travailler pendant un mois. Mais pour exporter brut, en une semaine, je peux exporter 10 conteneurs. Donc ça préserve la nature. C’est d’ailleurs la politique forestière qui a été validée le 22 février 2023, c’est la préservation, la valorisation des essences et la préservation. Nous, on s’était déjà dit que cette mesure allait venir pour protéger davantage la forêt.

 

S’il est vrai que la transformation locale est très avantageuse pour vous, quels sont les leviers sur lesquels il faut agir pour favoriser davantage cette transformation locale ?

 

Des mesures d’accompagnement… C’est-à-dire que l’énergie coûte cher au Bénin. Pour un transformateur, c’est la bête noire. D’ailleurs, le 10 mars, on était avec le chef de l’État au palais, il avait demandé quelles étaient les difficultés du secteur. Nous avons posé clairement cette préoccupation et il a promis en présence du ministre des cadres de vie et du transport actuel que des mesures allaient être prises pour réduire, pour faire un tarif spécial pour les entreprises de transformation du bois. On attend quand même. Si le décret prend en compte les mesures d’accompagnement, nous espérons que la réduction du coût de l’énergie soit faite et aussi les exonérations des matériels de transformation. Parce qu’une chose est de décréter la transformation, c’est l’individualisation en réalité, en termes clairs. Mais est-ce que nous avons les équipements en matière de la technologie de transformation pour rentabiliser la production ? Les acteurs iront vers l’acquisition d’autres matériels pour pouvoir rentabiliser, pour ne pas avoir trop de pertes. L’autre aspect, le coût de la matière première. C’est très important en matière de transformation. Le coût de revient en matière première, si la matière première est élevée, le coût est élevé, ça agit sur la production et aussi le coût de revient. Par conséquent, si votre coût de revient est élevé, vous allez fixer un prix élevé, vous n’êtes pas compétitif par rapport aux autres qui, peut-être, ont d’autres avantages commerciaux.

Donc, le coût, les exonérations de l’équipement et aussi l’énergie constituent des leviers sur lesquels le gouvernement doit agir pour accompagner cette transformation.

 

Êtes-vous d’accord avec le fait que l’exportation des produits forestiers soit soumise à une autorisation et surtout à l’obtention préalable d’un avis technique ?

 

C’est ce qui se faisait. La mesure était là depuis. Sans avis technique, vous ne pouvez rien exporter même si vous avez l’agrément forestier. C’est normal. Il faut que l’administration forestière donne son avis sur ce que vous avez transformé, si réellement c’est conforme aux dispositions. L’avis technique est nécessaire, c’est un préalable avant les exportations.

 

En interdisant l’exportation du charbon de bois, ne pensez-vous pas que cela pourrait avoir des répercussions sur la situation financière des populations qui dépendent de cela ?

 

Non, la mesure est venue confirmer ce qui se faisait, on n’exportait pas, la loi avait interdit ça. On n’exportait pas le charbon de bois et ça n’aura pas de conséquences sur les commerçants de produits forestiers. La consommation était essentiellement nationale à 80%, donc ces commerçants n’ont pas la capacité d’exporter de grande quantité. Cette mesure, ça vise à protéger, pour que la demande au plan national, que des commerçants qui ont les moyens d’exporter ce qui est destiné au plan local, au point de créer des pénuries, ce qui n’est pas bien. Mais plus on exporte le charbon, c’est-à-dire plus vite on détruit la forêt, parce que c’est les arbres d’avenir que les gens coupent, c’est-à-dire la production du charbon, ça détruit la forêt. Donc lorsque des exportateurs vont se mettre dedans, ça va être une exploitation à grande échelle. On est dans un contexte de changement climatique, il faut protéger nos forêts, donc il faut carrément interdire ça, nous on trouve que c’est bien. Mais ça n’a pas d’incidence sur le commerce local, à 80% les acteurs vendent sur le marché local.

 

Vous semblez donc être très favorable pour la décision prise par le gouvernement, quel serait-être votre mot à l’endroit des différents acteurs de cette filière ?

 

Au niveau de l’acteur principal, État, il faut que les mesures d’accompagnement soient mises en place très rapidement pour favoriser la mise en œuvre effective, c’est-à-dire exonérer l’importation des équipements de transformation de pointe, réduire le coût d’énergie pour les entreprises qui transforment le bois, et aussi voir pour les plantations domaniale le coût de revient des matières premières. Parce que la qualité de certaines matières premières n’est pas bonne, mais lorsque vous les vendez à un prix sérieux, on transforme, c’est zéro profit là-dessus. Personne n’ira là-bas chercher, ça va rester là-bas.

Et puis pour nous acteurs, si nous donnons de la valeur ajoutée, nous allons créer de l’emploi, nous allons gagner plus en vendant sur des marchés où le bois est payé plus cher. Lorsque nous exportons brut, nous envoyons le job là-bas, c’est le pays de destination, et nous ici, on n’a même pas les débits pour faire le fagot et bénéficier de tous ces atouts, on envoie tout là-bas, ce n’est pas bien. Donc nous devons prendre conscience, et j’invite tous les acteurs d’ailleurs à aller dans ce sens.

Ceux qui ont de petites installations, n’ont qu’à penser à aller vers les banques pour monter des dossiers, et surtout à ce niveau-là, le gouvernement doit favoriser ça, doit créer les conditions favorables pour que les banques aussi accompagnent ces acteurs-là.

Propos transcrits par Rébécca Kafoui KANSOU

 

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