Cancel Preloader

1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

PRODUCTION DES ALEVINS AU BENIN : Un maillon rentable mais qui peine véritablement à se révéler malgré les différents appuis

 PRODUCTION DES ALEVINS AU BENIN : Un maillon rentable mais qui peine véritablement à se révéler malgré les différents appuis

La production des alevins est une activité qui évolue tant bien que mal au Bénin. Cependant, se faisant par plusieurs méthodes, la production des alevins donnent du fil à retordre aux pisciculteurs, les exposant aux contraintes difficiles à surmonter. Ce qui retarde l’essor effectif de ce maillon.

Stag Arsène Salanon

Elle constitue un maillon à part entière de la filière aquaculture. Se pratiquant beaucoup plus au sud du Bénin, la production des alevins nécessite de la technique, la technologie et de la connaissance donc par ricochet, un peu délicate. Mais d’après le pisciculteur Claude Denakpo, promoteur de l’entreprise Poisson d’Afrique « Dèka », cela dépend des différentes espèces, car chaque espèce a ses exigences. Pour les tilapias, il utilise le couplage qui consiste à associer les mâles et les femelles, les identifier et les stimuler à se reproduire. Au niveau des clarias, c’est le contraire. Il pratique la reproduction artificielle qui est comme la reproduction in-vitro. Au fait, c’est une technique similaire qui consiste à enlever les gonades femelles et mâles, les fertiliser et les suivre jusqu’à l’éclosion. Après cela, conduire les larves, les postes larves et les alevins jusqu’à la taille commercialisable.

En effet, la production des alevins est un maillon rentable si l’on en croit les propos du pisciculteur. « Actuellement, nous avons 500 têtes de géniteurs tilapia et une centaine de géniteurs clarias. Au niveau de tilapia, nous avons produit 365 000 d’alevins cette année et pour les clarias 160 000 » nous confie-t-il. Mais, la difficulté est l’accès aux souches d’alevins.

« Au départ, nous allons vers ceux qui ont commencé avant nous pour nous approvisionner en géniteur »

a-t-il souligné. Le Docteur Luc Gangbè, chercheur à l’Inrab et chargé du programme de la recherche halieutique précise que « l’Etat n’a plus ce rôle régalien de détenir les alevins prébase et de les dissimuler auprès des pisciculteurs ». Ce qui justifie que ce sont les pisciculteurs eux-mêmes qui vont acquérir les souches dans la sous-région, sur le continent ou dans le monde. Et c’est le mal qui gangrène ce maillon de l’aquaculture qui a du mal à se révéler.

Un maillon qui peine à décoller

Depuis une dizaine d’années, la production aquacole a commencé par rencontrer des difficultés. Malgré les apports des hommes de la recherche pour promouvoir cette filière (comme la sauvegarde des souches locales par l’Inrab, la fédération des acteurs de la recherche sous la dénomination de Système de Recherche Agricole du Bénin pour contribuer à l’amélioration de la filière à travers la lutte pour disposer des alevins de qualité,  le laboratoire du Professeur Laleye sur le campus d’Abomey Calavi qui a un partenariat avec les Belges et les ONG qui travaillent dans ce sens) les difficultés persistent toujours. Cela s’empire du jour au lendemain et freine le développement de cette filière. D’après les statistiques de la DSA en 2021, la production aquacole a connu une baisse de 12,6% et de 40,3% respectivement par rapport à 2020 et la moyenne obtenue sur les cinq dernières années. Et ceci à cause des difficultés d’importations de l’aliment extrudé adopté par les pisciculteurs à cause de la crise de la COVID-19 (limitation et cherté du transport). Également, la production totale aquacole est de 2 649 tonnes contre 3 031 tonnes en 2020 et la production moyenne aquacole sur les cinq dernières années est de 4 440 tonnes.

Par ailleurs, au Bénin, l’élevage de poissons fait face à des défis tels que la dégénérescence des souches des géniteurs et la faible performance des alevins. La plupart des installations de reproduction et d’élevage des alevins ne répondent plus aux normes requises, ce qui a un impact négatif sur la qualité des alevins. D’après Luc Gangbè, le principal frein au développement de la production animale et halieutique est la question d’alimentation. « Nous achetons des aliments extrêmement chers. C’est difficile pour nous, on fait toujours recours à l’extérieur pour ça » déplore Claude Denakpo.

Malgré ce recul et ces difficultés, il y a quelques points positifs

« Il y a eu d’avancés avec la contribution notoire des projets programmes. Le plus récent, c’est PROVAC qui a été fait en deux phases au niveau du milieu aquacole. Ce projet a formé plusieurs pisciculteurs depuis son arrivée en 2010 »

souligne le Dr Luc Gangbè. Ceci a contribué à rehausser la production des alevins, la maîtrise de la gestion de poissons dans les infrastructures et aussi la formation d’autres pisciculteurs par ceux qui ont été déjà formés. L’État aussi a apporté sa pierre à l’édifice avec l’Inrab qui a travaillé avec beaucoup de pisciculteurs sur la condition de l’élevage au niveau des étangs et des cages flottantes. « Ce n’est pas suffisant mais nous allons continuer cet appui en faveur des pisciculteurs au Bénin » martèle Luc Gangbè. Il y a également d’autres structures qui essaient d’apporter de l’eau au moulin, telles que l’IPEB, les ATDA notamment du pôle 7, qui à travers le PDNF Aquaculture, permet à tous les acteurs de se réunir dans un cadre de concertation pour discuter des questions, des contraintes et mener des débats sur le développement de la filière. Mais tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait. Les acteurs de la recherche ont besoin d’un appui financier et des infrastructures. « Ce que nous avons aujourd’hui est un peu obsolète et un peu rudimentaire » confie Luc Gangbè.

Il faut des infrastructures de haut niveau afin de disposer d’un centre de sélection et d’aménagement génétique, un centre bio sécurisé pour que l’on puisse régler le problème de souche au Bénin. En ce qui concerne l’alimentation, il faudrait installer deux à trois fabriques d’aliment au Bénin tout en étudiant le marché et l’environnement pour ne pas sombrer dans la faillite. De là, l’aliment sera fabriqué sur place pour faciliter la tâche aux pisciculteurs. Ainsi, l’on pourrait assister à un épanouissement de la filière aquaculture notamment celui de la production des alevins au Bénin.

Loading

1 Comment

  • We need high-level infrastructure in order to have a genetic selection and development center, a secure organic center so that we can resolve the strain problem in Benin.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *