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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DU FROMAGE GASSIRE : Un levier pour l’autonomisation des femmes peules

 PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DU FROMAGE GASSIRE : Un levier pour l’autonomisation des femmes peules

Communément appelé « Wagashi » au Bénin, le « Gassirè » est un fromage originaire du milieu Peul. Grâce à une technologie traditionnelle propre à cette ethnie, il est fabriqué exclusivement à partir de lait de vache et d’un filtrat de « Calotropis procera » contenant une enzyme. Dans les départements du Borgou et de l’Alibori, qui concentrent à eux seuls près de 70% du cheptel bovin du pays, la production et la commercialisation du Gassirè représentent la principale source de revenus pour les femmes rurales, favorisant ainsi leur autonomisation.

« Gassirè » teinté en rouge

Yélian Martine AWELE

Le Gassirè fait partie des vingt produits béninois identifiés comme pouvant bénéficier d’une indication géographique (IG). Ce produit laitier est très apprécié et profondément enraciné dans la cuisine africaine et occidentale. Il est teinté en rouge grâce aux panicules de sorgho ou aux jeunes feuilles de teck, afin de le rendre plus attrayant.

L’appellation « Gassirè » est adoptée par l’Association Nationale des Organisations Professionnelles des Eleveurs de Ruminants (ANOPER), une organisation nationale qui regroupe les Unions Départementales des Organisations Professionnelles d’Eleveurs de ruminants (UDOPER). Dans le cadre de sa mission de promotion des femmes dans le secteur agropastoral, l’ANOPER a mis en place des actions d’accompagnement pour valoriser le lait local selon des normes de qualité. Pènon Koro, transformatrice de lait en fromage à Djougou, fait partie des bénéficiaires de ces actions. Elle témoigne : « Avant la formation, je n’étais pas très rigoureuse quant à la précision de la dose de coagulant et au respect des règles d’hygiène. De plus, je ne valorisais pas mes fromages lors de la vente sur le marché. Les clients se plaignaient parfois de leur qualité, ce qui a entraîné une baisse de la demande. Je ne produisais que 10 fromages par jour. Après la formation, j’ai appris à maintenir un environnement de transformation et de vente propre, ainsi qu’une bonne hygiène corporelle. La qualité de mes fromages s’est nettement améliorée. La demande est devenue forte et ma production a considérablement augmenté », estime-t-elle. Actuellement, elle produit environ 45 fromages par jour, qu’elle vend à 600 F CFA l’unité, ce qui lui permet de réaliser un bénéfice net de 11 000 F CFA. Elle se réjouit : « Les bénéfices que j’obtiens après la vente me permettent de subvenir aux besoins de ma famille, de mon foyer, et surtout de répondre aux besoins de mes enfants ».

Ramatou Aissatou, autre transformatrice, confie fièrement : « Quand mon mari était malade, c’est grâce à l’argent que j’ai gagné en vendant mes fromages (puisque je les livre en gros à certaines revendeuses) que j’ai pu payer la scolarité de mes cinq enfants ».

Les appuis techniques pour l’amélioration de la qualité du « Gassirè »

Des organisations telles que Aced, Gret et Cirad accompagnent les femmes transformatrices de lait en fromage dans l’initiative de « Mise en place et développement de l’IG Wagashi Gassirè du Borgou-Alibori ». Le 27 avril 2023 à Parakou, Aced et Gret ont organisé un atelier réunissant 35 transformatrices et commerçantes pour présenter les premiers résultats de l’analyse fonctionnelle de la filière laitière au Bénin, enrichir cette analyse et engager des réflexions spécifiques sur l’initiative de mise en place de la future IG Wagashi.

Unité de vente de lait de vache et dérivés à Banikoara

Cependant, ces femmes sont confrontées à des contraintes considérables qui nécessitent une attention particulière. « Il n’y a pas de marchés bien organisés où les transformatrices pourraient vendre le wagashi », affirme Giuseppe Licitra. De même, Sikirath HADA, transformatrice de lait en fromage dans la commune de Dassa-Zoumé, déclare : « Nous, les transformatrices, n’avons pas d’argent pour effectuer des recherches en vue de valoriser nos produits ». Il incombe donc aux gouvernements et aux institutions de combler cette lacune et de sauvegarder ces produits culturels dans les zones défavorisées, afin de ne pas seulement préserver ces produits qui sont précieux pour les communautés rurales, mais aussi pour préserver la diversité alimentaire, évitant ainsi la prédominance d’un régime basé sur des produits industriels plastiques.

Face aux nombreux défis liés à la rentabilité, à l’équité et à l’accès au marché auxquels les transformatrices sont confrontées, il est essentiel que les gouvernements et les organismes de financement s’engagent pleinement pour favoriser véritablement l’autonomisation et l’augmentation des revenus de ces femmes qui œuvrent sans relâche pour le développement économique, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.

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