Agriculture en saison sèche à Parakou

À Parakou, des jardiniers s’adaptent aux contraintes de la saison sèche en misant sur un système d’irrigation basé sur les barrages d’eau

Les barrages d’eau, un système d’irrigation privilégié 

À Parakou, des jardiniers s’adaptent aux contraintes de la saison sèche en misant sur un système d’irrigation basé sur les barrages d’eau. Produisant des légumes sous un mode biologique, ils font face à plusieurs défis, notamment la gestion de l’eau et l’accès au marché. 

La saison sèche est généralement une période difficile pour la production agricole. Cependant, à Parakou, certaines coopératives de jardiniers ont trouvé une alternative efficace pour poursuivre leurs activités maraîchères. Ils s’installent à proximité des cours d’eau et construisent des barrages de fortune afin de stocker l’eau nécessaire à l’irrigation de leurs cultures.

« Ici, nous cultivons la carotte, la salade, le chou et la betterave », explique Issa Mohamed, un maraîcher de la région. Ces cultures nécessitent un apport en eau constant, ce qui justifie le recours aux barrages d’eau comme principal système d’irrigation. Grâce à ce procédé, les producteurs peuvent puiser l’eau nécessaire à l’entretien de leurs champs, même en période de forte sécheresse.

Cependant, la rétention de l’eau dans ces barrages reste un défi majeur. « Nous sommes en saison sèche, et l’eau tarit malgré nos efforts pour la retenir à l’aide de divers objets », confie le jardinier. La baisse du niveau d’eau oblige les producteurs à multiplier leurs efforts pour assurer une irrigation régulière, condition indispensable à la réussite de leurs cultures.

Un engagement pour une agriculture biologique 

L’une des particularités du maraîchage en contre-saison à Parakou est l’orientation des producteurs vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Contrairement aux pratiques conventionnelles qui reposent largement sur les engrais chimiques, ces jardiniers ont choisi une approche purement biologique.

« Nous travaillons sans engrais chimiques et nous obtenons un rendement encourageant », affirme Issa Mohamed. Cette méthode permet non seulement de préserver la qualité des sols et des ressources en eau, mais aussi d’offrir aux consommateurs des produits sains. Toutefois, l’absence d’intrants chimiques exige un entretien plus rigoureux des cultures et une gestion optimale des ressources naturelles, en particulier de l’eau.

Malgré cette ingénieuse alternative de recueil et de gestion de l’eau, les maraîchers de Parakou font face à d’autres difficultés. Le premier obstacle reste l’accès aux terres agricoles. En raison de la pression foncière croissante, il devient difficile pour ces producteurs de sécuriser des espaces de culture à proximité des cours d’eau.

À cela s’ajoute la question du matériel agricole. Faute d’équipements adéquats, l’irrigation se fait souvent de manière rudimentaire, augmentant ainsi la pénibilité du travail. De plus, le manque de moyens de conservation et de transformation limite la capacité des producteurs à écouler leurs récoltes sur le marché.

Le dernier défi, et non des moindres, concerne l’écoulement des produits. Le manque de débouchés constitue une contrainte majeure pour ces maraîchers. Bien que la demande en produits biologiques soit en progression, le marché local peine encore à absorber l’ensemble de la production.

Il faut donc noter que le maraîchage en contre-saison basé sur l’utilisation des barrages d’eau représente une solution innovante face aux défis climatiques. Toutefois, pour garantir la pérennité de cette pratique, un accompagnement des autorités agricoles s’impose.

Des politiques d’appui à l’accès aux terres, des programmes de modernisation des équipements et des initiatives de promotion des produits biologiques pourraient permettre à ces producteurs de surmonter leurs difficultés. En valorisant cette agriculture durable, Parakou pourrait renforcer sa résilience face aux effets du changement climatique et assurer une production maraîchère plus stable, même en période de sécheresse.

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Madeleine ATODJINOU

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