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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

Utilisation des fertilisants organiques et biopesticides en agriculture : Un changement de paradigme difficile à admettre dans la quête de meilleurs rendements agricoles

 Utilisation des fertilisants organiques et biopesticides en agriculture : Un changement de paradigme difficile à admettre dans la quête de meilleurs rendements agricoles

À la quête de meilleurs rendements agricoles dans le strict respect de l’environnement, les partisans d’une agriculture biologique ou agroécologique recommandent l’utilisation des intrants organiques dans les cycles de production. Leur production et même leur adoption à grande échelle restent encore sujettes à certaines insuffisances.

Cédric Joawo BAKPE

La promotion des pratiques agricoles durables est sur toutes les lèvres aujourd’hui, compte tenu de l’urgence climatique qu’impose la vie. Des solutions émergent, telles que des moyens de lutte biologique contre les ravageurs en lieu et place de l’utilisation des pesticides chimiques, ainsi que l’utilisation des fertilisants organiques qui substituent l’utilisation des engrais chimiques. Si certains producteurs ont opté pour l’utilisation de zéro intrant chimique, d’autres préfèrent rester dans le conventionnel, utilisant ainsi des intrants chimiques pour atteindre de meilleurs rendements.

Des concepts difficiles à saisir

Face à l’accroissement de la demande alimentaire alors que la production reste encore insuffisante, on est à même de se demander si une adoption généralisée de fertilisants organiques et de biopesticides serait possible. Déjà, les enjeux auxquels sont confrontés les acteurs qui défendent cette cause, selon le professeur Simplice Vodounhè, sont que « jusqu’à présent, ce sont les producteurs en général qui s’occupent de la fabrication de leurs intrants pour pouvoir produire ». En effet, pour cet acteur défenseur de la production biologique, « les intrants utilisés en production biologique ne sont pas autant disponibles sur le marché comme c’est le cas des intrants disponibles en conventionnel ». Il justifie cela par le fait que « les grandes firmes peuvent introduire un intrant et peuvent supporter tous les frais, ce que les petits producteurs d’intrants biologiques n’arrivent pas encore à faire ». Ce qui freine quelque peu une large adoption de l’utilisation des fertilisants organiques et biopesticides reposant alors sur des savoirs paysans. Même certains scientifiques ne sont pas convaincus d’une réelle utilisation des intrants organiques. Dr Hervé Soura, enseignant-chercheur en phytopathologie et physiologie végétale à la faculté des sciences et techniques de l’université d’Abomey-Calavi, pense, pour sa part, que « c’est une lutte qui est réservée à ceux qui sont rassasiés ». En effet, pour lui, « ces techniques peuvent être utiles pour les petites superficies, mais à l’échelle nationale, cette lutte reste inaccessible à l’heure actuelle ».

Une alternative mixte à prioriser

Le débat sur l’adoption de l’utilisation des fertilisants organiques et biopesticides au détriment de ceux chimiques et vice-versa amène certains à préconiser une alternative mixte. Déjà, pour certains spécialistes à l’instar de Dr Soura, « le véritable problème n’a nullement été l’utilisation des engrais chimiques qui causent des dommages, mais c’est l’usage abusif qu’en font les producteurs ». Le réel challenge, selon lui, est de travailler à mettre à la portée des agriculteurs des « produits homologués ». Ce qui n’est pas encore totalement le cas dans certains pays. « Nous avons l’habitude de laisser la fatalité agir et des produits qu’on ne doit pas du tout utiliser en agriculture se retrouvent sur le marché et toute approche pouvant amener du profit est acceptée », regrette le professeur Vodounhè.

Parallèlement à cela, d’autres acteurs sont favorables à l’idée d’utiliser de façon mixte les engrais minéraux en faible proportion et les alternatives organiques comme c’est le cas dans les transitions agroécologiques. Car comme le pensent certains, « les engrais minéraux servent à nourrir la plante, mais la matière organique sert à améliorer la qualité du sol pour que la plante puisse utiliser cela plus tard ». De toute façon, réussir les défis qui s’imposent en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changement climatique nécessite une prise de conscience collective. Mieux, une obligation pour les politiques de choisir des alternatives crédibles pour garantir une agriculture durable.

 

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