PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
MARCHES INSTITUTIONNELS AU BÉNIN : A quand une législation incitative pour les producteurs locaux ?
La commercialisation des produits agricoles passe par plusieurs marchés : ceux des biens de consommation et ceux industriels. Les deuxièmes ont pour clients des industries et les institutions qui achètent les produits bruts pour les transformer. En tant que producteur, pour l’atteindre, il faut suivre un processus très compliqué, ce qui constitue un barrage pour ce dernier.
Vanessa ZANNOU
Les critères de sélection sur le marché institutionnel peuvent varier en fonction du secteur et des besoins spécifiques de chaque institution, mais ils prennent en compte plusieurs facteurs clés. Les institutions, qu’il s’agisse d’organisations gouvernementales, d’établissements éducatifs ou d’organismes à but non lucratif, ont souvent des besoins spécifiques en matière de fournitures, de services et de produits.
Tout d’abord, il est important d’évaluer la capacité du fournisseur à répondre aux exigences de production en termes de volume, de délais de livraison et de flexibilité. Les institutions ont souvent des besoins importants et des échéanciers stricts, il est donc primordial de s’assurer que le fournisseur peut répondre à ces demandes. En termes de qualité et de fiabilité, les institutions recherchent des produits ou services de haute qualité qui répondent à leurs normes et exigences. Cela peut impliquer des contrôles de qualité stricts et des certifications spécifiques. Elles accordent une grande importance à la fiabilité des fournisseurs. Elles veulent s’assurer que les produits ou services seront livrés en temps voulu et qu’ils fonctionneront de manière fiable et constante. De plus, la conformité aux normes et aux réglementations est essentielle dans le marché institutionnel. Les fournisseurs doivent être en mesure de démontrer leur engagement envers la qualité, la sécurité et l’éthique dans leur processus de production. Cela peut inclure des certifications spécifiques, des audits indépendants ou d’autres preuves tangibles de leur conformité.
« Ces critères sont les plus classiques. Il est très important que le produit soit de bonnes qualités. Que cela ait le certificat de conformité sanitaire délivré par l’ABSSA et l’autorisation de mise sur le marché »,
insiste Edgard DEGUENON, Coordonnateur Amap-Bénin.
Cependant, selon une étude de acting for life, plusieurs éléments freinent la présence de produits agricoles locaux dans ces marchés institutionnels. D’abord, ces marchés sont difficiles d’accès pour les producteurs et productrices et leurs organisations, car l’État ne paie pas au comptant (surtout s’il y a des appels d’offres), mais avec des délais qui peuvent être longs. Alors que les fournisseurs de ces produits locaux ont besoin de l’argent immédiatement. Également, les producteurs ne savent toujours pas s’engager pour respecter un contrat et fournir les quantités définies. Dans ce sens, il est impérieux de noter que les organisations doivent les encadrer, afin de les aider à vendre avec la contractualisation. Malheureusement, elles sont peu à jouer un rôle économique (peu de vraies coopératives) et les dynamiques individuelles sont très fortes.
A titre illustratif, plusieurs sont les projets et ONG qui appuient les cantines scolaires, mais qui constatent que les Organisations de Producteurs ont souvent besoin d’appui pour réussir à approvisionner les marchés avec les volumes souhaités et la qualité demandée. Car, si l’on prend par exemple les livraisons de produits locaux, notamment dans les projets du Programme Alimentaire Mondial (PAM), il est difficile de respecter les mêmes niveaux d’exigences au niveau régional qu’au national pour l’emballage. Dans un recueil de pratiques d’influences des politiques et mesures commerciales dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest, écrit par le Roppa, les exigences du PAM sont de telle manière que les acteurs ont vraiment du mal à satisfaire la demande. La belle preuve, le riz local béninois dénommé “Riz Paddy” peine à atteindre le marché institutionnel. En ce qui concerne les marchés de l’ARAA, la demande de garantie bancaire est un obstacle. Au Bénin, les banques ne s’engagent qu’après signature des contrats et pas sur des promesses. Au regard donc de ces entraves, seuls les produits locaux subissent un piétinement dans leur valorisation.
Des leviers importants pour la promotion des produits locaux
De cette même étude de Acting for life, certains leviers ont été identifiés qui permettraient que les marchés institutionnels de produits agricoles locaux se développent entrainant ainsi un certain passage à l’échelle du « consommer local ». Ces leviers sont des composantes de politique publique qui devraient être des enjeux concrets des actions de plaidoyer ou d’accompagnement des acteurs. Il s’agit principalement d’obtenir des textes législatifs qui demandent clairement d’inscrire dans la commande institutionnelle l’achat de produits agricoles locaux bruts ou transformés, de définir des moyens pour vérifier qu’un produit est local (exigence de traçabilité). Ceci peut amener à avancer sur la mise en place de label « produit local » avec la définition des cahiers des charges et des modes de contrôles. Pour finir, prévoir des procédures simplifiées pour que les Organisations de Producteurs puissent répondre aux marchés institutionnels (sans appels d’offres mais avec diverses consultations).
En réalité, les institutions ont souvent des exigences réglementaires strictes. Raison pour laquelle, les fournisseurs doivent être en mesure de démontrer leur conformité aux lois et réglementations en vigueur. « Ces mesures sont très importantes à prendre en compte surtout si le fournisseur doit travailler avec le PAM ou d’autres institutions », a confié Mireille DEGUENON, Promotrice de » Délice Familia ».
Au-delà de tous ces aspects donnés plus haut, l’innovation pouvant offrir aux producteurs agricoles la possibilité d’accroître leur productivité tout en gérant mieux les ressources naturelles, il est envisageable que la capacité du fournisseur à proposer des solutions novatrices peut être un avantage concurrentiel important.
En résumé, la production de produits de qualité pour le marché institutionnel nécessite une sélection minutieuse des fournisseurs. La fiabilité, la conformité et la capacité de production sont des critères clés à prendre en compte. Aussi, faut-il le souligner, ces différents critères peuvent varier d’une institution à l’autre et sont souvent pondérés différemment en fonction des priorités spécifiques de chaque institution. Les fournisseurs doivent comprendre les besoins et les attentes des institutions et adapter leurs offres en conséquence pour augmenter leurs chances de réussite sur le marché institutionnel.
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