MOIS DU « CONSOMMONS LOCAL » AU BENIN : Un emballage attrayant pour un contenu parfois douteux
Le mois du « Consommons Local » est une période pour mettre en lumière la production locale afin d’apporter une plus-value économique à la nation. Ces produits, pour les commercialiser, sont pour la plupart emballés. Mais, l’interrogation à laquelle une solution doit être apportée est la qualité du « made in Benin » dont certains contenus n’ont rien à envier à la beauté de la maquette.
(Stag) Watson Sama
Le mois d’octobre est dédié à la promotion des produits locaux. Cette coutume instaurée depuis 2020, est une initiative des ministres de l’industrie et du commerce des pays de l’union économique monétaire ouest africaine (UEMOA). Elle vise la valorisation des produits locaux, la promotion du secteur privé régional ainsi que l’intensification des échanges intracommunautaires. Cette fête des denrées alimentaires locales sera à sa quatrième édition et aura pour thème, « quelles stratégies pour stimuler la consommation des biens et services locaux dans l’espace UEMOA ? » C’est une occasion qui est offerte aux différents entrepreneurs ou producteurs locaux et transformateurs locaux de montrer les fruits de leurs innovations à travers une exposition ouverte aux publics pour la découverte et l’achat. Ces foires commerciales organisées par l’État, ont également pour objectif de faire profiter les bienfaits des produits frais et de saison et de réduire son impact sur l’environnement. L’autre but, est de privilégier les circuits courts et soutenir l’économie locale pour susciter le locavorisme. Elle participe également au progrès de l’entrepreneur et peut être exporté pour accroître la croissance financière du pays. Il faut rappeler que ces produits sont issus des sous secteurs de la production animale, végétale, halieutique et la sylviculture.
La population réticente par rapport au « made in Benin” ?
Certains reconnaissent la valeur locale et promeuvent son développement. À en croire Gloria Tossou, « ça contribue au développement du pays ». Pour renchérir, Armand « aime les produits locaux et les consomme pour pouvoir contribuer d’une manière ou d’une autre au développement du pays ». Dieudonné Etéka, quant à lui, confirme « la consommation de ces produits qu’il a choisi sur le critère de la promotion des richesses de son pays ». Mais tous les avis ne sont pas uniformes. Dans la masse des consommateurs béninois, il est constaté une certaine réticence face à ces produits locaux. D’autres préfèrent ceux importés dont la qualité semblerait être meilleure que les produits locaux. Ils pensent que les produits transformés localement seraient juste attrayants à cause de la beauté de son emballage. D’après certains témoignages recueillis auprès de quelques citoyens qui ont souhaité garder leur anonymat, le contenu des emballages ne seraient pas parfois convaincants. « Pour le Consommons Local de l’année dernière, je n’ai pas été convaincu par la qualité de certains produits achetés tandis que l’emballage exprimait autre chose », affirmait un enseignant des Lettres rencontré à Cotonou. Pour conséquence directe, ce comportement conduit à l’abandon de la valeur locale et amène à penser si les produits destinés à l’exposition respectent vraiment les normes de contrôle qualité requises.
Quid du respect des normes de qualité des produits locaux !
« Nos produits font face à des défis qu’ont connus aussi les produits occidentaux de par le passé même jusqu’aujourd’hui », disait Franck Robin Accrombessi, président de « La voix des consommateurs », dans une interview accordée au quotidien L’économiste. De ces propos, l’on peut en déduire qu’actuellement, la qualité des produits locaux constitue un défi majeur à relever par les producteurs et que les consommateurs doivent en être conscients. Si « la qualité n’est pas toujours l’apanage des jeunes entreprises », les consommateurs doivent savoir que toute innovation a un début et cesser d’exiger autant. Néanmoins, les producteurs doivent faire aussi l’effort d’être en règle vis-à-vis des normes et règlementations de contrôle qualité en vigueur au Bénin et à l’échelle internationale, puisqu’au-delà de promouvoir le « de chez nous », il s’agit d’une question de santé publique.
Alors, parlant du contrôle qualité au Bénin, le laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments (LCSSA), office sous tutelle du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep) représente l’organe responsable du contrôle qualité des produits locaux. Il évalue la qualité des denrées alimentaires, en tenant compte de multiples éléments comme l’origine des produits, sa composition, ses aspects sensoriels mais surtout le respect des normes garantissant la sécurité alimentaire. En effet, la qualité d’un produit couvre quatre (4) dimensions objectives que sont la fiabilité, la durabilité, le respect des normes et la performance. En exemple, Chakirath Salifou, enseignante chercheure à l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi de l’Uac explique au sujet de la garantie de la sécurité des produits d’origine animale : « le contrôle sanitaire s’effectue d’abord à la ferme avec le respect des densités et la bonne alimentation des animaux. Ensuite l’entretien du logement afin d’assurer une parfaite santé à l’animal.
Enfin, après abattage, effectuer un contrôle post-mortel dans des laboratoires pour certifier et garder la viande à des températures adaptées. D’où la nécessité de veiller au bon fonctionnement des congélateurs et chambre froide ». La traçabilité est aussi importante. En termes des outils de mesure de la qualité d’un produit agroalimentaire et HACCP, on peut citer le pH, rédox et ions spécifiques ; le réfractomètre numérique ; l’enregistreur de températures ; les thermomètres ; et la chlore libre et total en eau de process. Les produits locaux suivent donc des règles strictes avant leur mise à disposition sur le marché. Il serait également primordial que les consommateurs puissent prêter attention sur la notice du produit payé afin de lutter contre le faux et de savoir qu’il est certifié. Et ces produits certifiés ne sont rien d’autres que ceux qui ont suivi le processus sécuritaire normal instauré par l’Etat.