Pour une consommation urbaine saine et des femmes autonomes
Ce mercredi 30 juillet 2025, la mairie de Cotonou a servi de cadre à une cérémonie porteuse d’espoir pour les femmes transformatrices de produits agroalimentaires. La mairie de Cotonou, en partenariat avec des structures telles que la FSA-UAC, le LARES, l’IRD, le CIRAD, a procédé à la remise officielle d’une dizaine d’unités mobiles de production et de vente à la coopérative féminine Aïdoté Minanwanou. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de valorisation du niébé et de l’autonomisation économique des femmes artisanes productrices de Ata et Abobo.
Une recherche collaborative au service de l’innovation
La Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), en partenariat avec le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’ONG LARES (Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale-Bénin), conduisent des travaux de recherche sur l’amélioration de la qualité nutritionnelle des produits à base de niébé, sur l’optimisation des procédés de transformation et sur leur adaptation aux attentes des consommateurs béninois. Ces travaux rentrent dans le cadre de plusieurs projets dont le projet ICOWPEA (Increasing COwpea value chain sustainability in West Africa through Product and procEss innovation ; le projet ProPulse, (Towards sustainable intensification in West Africa through improved production and processing of Pulses), et le Projet LegAE (Légumineuses pour la transition agroécologique et la sécurité alimentaire en Afrique).
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Une des dimensions importantes de ce travail consiste en une collaboration avec des petites entreprises et des artisanes de l’alimentation de rue à Cotonou. Cette démarche vise à promouvoir l’adoption de solutions techniques durables en réponse à une consommation urbaine croissante et aux défis de la préservation de l’environnement. L’enjeu est de renforcer les artisanes pour insuffler une nouvelle dynamique à la filière et créer les conditions d’une montée en puissance pour répondre de manière adéquate aux nouvelles exigences d’une consommation croissante.
Cette démarche a permis des avancées scientifiques dont la construction de l’unité mobile de production et de vente et l’émergence d’une organisation professionnelle des artisanes transformatrices du niébé de Cotonou.
Une nouvelle cuisine mobile pour mieux travailler et protéger l’environnement
L’unité mobile de production et de vente est composée d’une plateforme de travail intégrant l’unité de cuisson, le présentoir et une unité de nettoyage. Elle a une toiture modulable et une partie pour le rangement. Ce dispositif de cuisine mobile est conçu pour permettre aux artisanes d’exercer leur métier dans de meilleures conditions sanitaires et hygiéniques, dans un environnement de travail fiable et plus durable et pour contribuer à affirmer l’identité visuelle ainsi qu’à valoriser ce patrimoine culinaire de la ville de Cotonou.
L’unité mobile est équipée d’un foyer amélioré fonctionnant avec un biocombustible qui favorise des économies d’énergie et contribue ainsi à la protection de l’environnement en se passant du bois, du charbon ou du gaz.
Une des dimensions importantes de cette initiative est qu’elle porte sur une spéculation bénéfique sur plusieurs plans : le niébé est une source de protéines végétales de grandes qualités nutritionnelles, en approvisionnement à cycle court et source de revenus et d’autonomisation des femmes.
L’initiative mise sur un partenariat multi-acteur impliquant les artisanes productrices de la plateforme AIDOTÉ, les centres de recherche, un fabricant local d’équipements ATIGAN Solutions, les ONG locales d’appui, la collectivité locale à travers la mairie de Cotonou pour assurer son ancrageinstitutionnel et son appropriation par ensemble des parties prenantes.
Un appui structurant pour les femmes entrepreneures
Prenant la parole au nom du maire de Cotonou, Paul SEHOUHOUE a salué une initiative a forte porté sociale et économique. Pour lui, « la remise officielle de ces unités mobiles de production et de vente de produits à base de niébé est bien plus qu’une simple dotation, c’est un symbole fort de notre engagement commun pour une alimentation urbaine saine et durable à Cotonou ». S’adressant directement aux bénéficiaires, il a souligné leur rôle central dans le tissu économique local et l’opportunité que ces équipements représentent pour renforcer leur autonomie et leur visibilité dans la chaîne de valorisation agroalimentaire.
Pour Benjamin AKABASSI, représentant de la Secrétaire Générale du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, cette action va au-delà du simple appui économique. « Aujourd’hui, grâce à ces unités mobiles de production-vente, nous passons d’une simple production à une véritable transformation alimentaire… Chaque unité est une usine ambulante qui va générer des revenus non seulement pour ceux qui l’opèrent, mais aussi pour les producteurs de niébé en amont », a-t-il faire savoir.
C’est aussi un acte bien évidemment très accueilli et apprécié par les bénéficiaires elles-mêmes. Elles ont profité de l’occasion pour adresser leurs remerciements à l’endroit du projet et de ses partenaires. « Nous sommes très heureuses de cette action qui est comme une bouée de sauvetage pour nous, femmes transformatrices de niébé », a laissé entendre Firmine ADILEHOU, la Secrétaire Générale de l’Association.
Vers un cercle vertueux de valorisation du niébé
La remise des unités mobiles à l’association « Aïdoté Minanwanou » marque une phase de capitalisation post-projet. Elle traduit la volonté des partenaires de prolonger les projets en assurant leur appropriation par les bénéficiaires, en majorité des femmes.
Au-delà de la technologie, c’est un écosystème qui se renforce : du producteur de niébé jusqu’au consommateur urbain, en passant par les femmes transformatrices. Cette démarche met en lumière la capacité de l’innovation locale à répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, de nutrition, d’autonomisation économique et de durabilité.
En misant sur le renforcement de capacités, l’équipement et la structuration des actrices du secteur, les parties prenantes montrent la voie vers une intensification durable en Afrique de l’Ouest à travers l’amélioration de la production et de la transformation des légumineuses : promotion des innovations de la fourche à la fourchette.
Jean-Baptiste HONTONNOU