PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
CARBONE ORGANIQUE DU SOL : Les activités anthropiques à la base d’une perte élevée du COS
La régulation de la santé des sols et d’autres services écosystémiques dépendent en grande partie du carbone du sol (COS). Un composant de la matière organique du sol dont les activités humaines ne manquent pas d’impacter conséquemment. C’est un constat fait à travers un examen approfondi d’un collectif d’auteurs dénommé « une méta-analyse globale du carbone organique du sol à l’Anthropocène », publié le 22 juin 2023 sur Nature Communications.
Jean-Baptiste HONTONNOU
Le carbone du sol est un élément central de la fertilité des sols et joue un rôle important pour le climat. Il représente 25 % du potentiel des solutions fondées sur la nature identifiées pour lutter contre le changement climatique. À l’aide d’une méta-analyse de second ordre réalisée par Beillouin D., Corbeels M., Demenois J. et al, il est retenu que les activités anthropiques ont un impact profond sur le carbone organique du sol, affectant sa contribution aux services écosystémiques tels que la régulation du climat.
« Ici, nous avons effectué un examen approfondi des impacts du changement d’affectation des terres, de la gestion et du changement climatique sur le COS »,
ont affirmé les auteurs. En effet, parlant des résultats de cette étude, il a été révélé que les effets globaux du changement d’affectation des terres et de la gestion des terres sur le COS étaient 7 à 10 fois plus importants que les effets directs du changement climatique (c’est-à-dire en excluant les effets indirects des incendies de forêt et du changement de couverture de neige). Des effets à la fois négatifs et positifs du changement d’affectation des terres et des pratiques de gestion des terres ont été constatés, soulignant ainsi les opportunités d’augmentation du COS mais aussi les risques de son épuisement.
« Sur les 60 types de changement d’affectation des terres analysés, 25 % ont présenté une diminution du COS supérieure à 24 %, tandis que 25 % supplémentaires ont présenté une augmentation supérieure à 15 %. Parmi les 143 pratiques de gestion des terres identifiées, 25 % affichent une diminution du COS supérieure à 1 %, tandis qu’un autre 25 % présente une augmentation supérieure à 23 % »,
peut-on lire. De ce fait, des impacts importants mais en même temps très variables peuvent être attendus, certains des changements d’affectation des terres ou des pratiques de gestion des terres considérés s’avérant très efficaces pour augmenter le COS, tandis que d’autres ne le sont pas.
D’un autre côté, l’analyse nous informe que les effets directs du changement climatique (c’est-à-dire le réchauffement, la sécheresse et l’enrichissement en CO2 ) étaient relativement faibles. Également, les changements les plus importants du COS liés au climat étaient associés aux effets indirects du changement climatique (par exemple, les feux de forêt, la diminution de la couverture de neige etc.).
Eu égard à ces résultats, les auteurs pensent qu’ils fournissent (les résultats) des preuves solides pour aider les décideurs à sauvegarder les stocks de COS et à promouvoir les pratiques de gestion des terres pour la restauration du COS. Aussi, servent-ils de feuille de route de recherche cruciale, identifiant les domaines qui nécessitent une attention pour combler les lacunes de connaissances concernant les facteurs à l’origine des changements dans le COS.