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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

DÉFIS ET OPPORTUNITÉS DE LA FILIÈRE PORCINE AU BÉNIN

 DÉFIS ET OPPORTUNITÉS DE LA FILIÈRE PORCINE AU BÉNIN

« Le porc n’est inscrit nulle part dans la planification des politiques agricoles », Professeur Jean T. Claude Codjia

La filière porcine s’est implantée au Bénin et constitue une activité économique très rentable. Pour promouvoir cette filière, la Fédération des Sociétés Coopératives pour la Promotion de la Filière Porcine au Bénin (FéCoFIPoB) prend des mesures pour mieux accompagner les producteurs. Dans cette interview, le Professeur Jean T. Claude Codjia, Président du Conseil d’Administration de la FéCoFIPoB, donne plus d’éclaircissements sur cette filière.

Quel est l’état actuel de la filière porcine au Bénin ?

La production porcine est une activité ancrée depuis longtemps au Bénin. Cependant, elle a toujours été menée de manière isolée, sans réel appui technique ni compétence technique. L’activité était très individualisée, et il n’y avait pas d’organisation faîtière pour structurer la filière. En réalité, la filière n’existait même pas. Mais au cours de l’année et demie écoulée, un consensus s’est dégagé pour changer cette situation. L’élevage porcin est une activité économique majeure qui emploie de nombreux producteurs, même dans les zones les plus reculées du Bénin. Cependant, le porc n’est pas pris en compte dans la planification des politiques agricoles, ce qui nécessite une organisation pour améliorer la filière et lui offrir un avenir prometteur.

Quelles sont les zones à forte production porcine ?

L’élevage porcin est pratiqué à l’échelle nationale, mais certaines zones se sont réellement spécialisées dans cette activité. Par exemple, la vallée de l’Ouémé est une zone de forte production, de même que le Plateau, le Couffo, et le Mono. En général, l’élevage porcin est bien implanté dans toutes les régions du sud, contribuant significativement à la vie socio-économique des populations. Dans le nord, on retrouve l’élevage porcin dans le Borgou, l’Atacora, où la production est dominante, à l’exception de certaines zones comme l’Alibori. Dans la Donga, l’élevage porcin est moins exploité. Cependant, dans les régions proches de la frontière togolaise, la production porcine est forte.

Qu’est-ce qui a conduit à la création d’une fédération, et comment les activités ont-elles évolué pour atteindre ce niveau ?

Tous les acteurs de ce sous-secteur étaient confrontés aux mêmes difficultés et réalités. Nous avons constaté que si nous restions isolés, nous n’obtiendrons aucun résultat. Compte tenu du contexte actuel dans notre pays, nous avons opté pour la création d’une coopérative plutôt qu’une association à but non lucratif. Dans le cadre de cette dynamique, nous avons commencé par mettre en place des coopératives au niveau communal pour regrouper les acteurs locaux. Chacune de ces coopératives vise à résoudre les problèmes de ses membres au sein de leurs unités de production. Les coopératives communales ont ensuite donné naissance à une structure faîtière, la Fédération des Sociétés Coopératives pour la Promotion de la Filière Porcine au Bénin (FéCoFIPoB). Lorsque nous parlons de fédération, il s’agit de l’union des coopératives et des unions conformément au système OHADA. Ainsi, ces coopératives et unions se sont regroupées pour créer la fédération.

Combien de coopératives comporte-t-elle de façon générale ?

Actuellement, nous avons environ une vingtaine de coopératives, mais nous devons aller plus loin. Nous recevons des demandes de la part de toutes les communes, tant dans le nord que dans le sud, et nous devons travailler à la création de nouvelles coopératives.

Avez-vous des actions sur le terrain et des rencontres avec les coopératives déjà en activité ?

Nous avons une approche de travail et de fonctionnement bien établie. Nous organisons régulièrement des rencontres avec les coopératives de base. Il est impératif que nous allions sur le terrain pour visiter toutes les coopératives, afin de discuter des questions d’organisation, de technique et de finances. Au niveau des coopératives, nous avons mis en place des organes de gestion, et nous organisons régulièrement des réunions avec ces groupes pour communiquer un certain nombre d’informations.

Existe-t-il des initiatives visant à promouvoir des pratiques d’élevage porcin respectueuses de l’environnement ?

Nous travaillons sur l’établissement de paramètres respectueux de l’environnement. Le principal défi concerne les excréments, car les porcheries sont nettoyées deux à trois fois par jour, et les animaux sont régulièrement lavés. Nous sommes aujourd’hui dans une approche d’utilisation des excréments soit en termes de fumure pour amender le sol mais également au plan énergétique pour faire du biogaz. Toutes ces démarches s’inscrivent dans une démarche de respect de l’environnement.

Que se passe-t-il en ce qui concerne la commercialisation et les règles d’hygiène ?

Il est essentiel de respecter les normes de qualité. Les conditions d’élevage des animaux doivent répondre à des critères spécifiques. Toutefois, les conditions de traitement de la viande par les charcutiers ne sont pas toujours idéales. Le véritable défi réside dans la nécessité de faire respecter un certain nombre de règles par les charcutiers et les transformateurs pour garantir la santé publique.

Quelles sont les opportunités et les défis pour le développement de la filière porcine au Bénin aujourd’hui ?

En termes d’opportunités, ce secteur est en pleine croissance et génère de nombreux emplois. La viande de porc est largement consommée au niveau national. Cependant, nous manquons de producteurs et de produits pour satisfaire la demande. Le défi réside dans la nécessité de professionnaliser les coopérateurs et de renforcer l’organisation des coopératives pour mener des activités commerciales. Les coopératives doivent être en mesure de plaider en faveur de la filière auprès des autorités locales. Sur le plan de la santé animale et de l’alimentation, le principal défi est la Peste Porcine Africaine (PPA) et d’autres pathologies qui ont un impact majeur sur l’activité. En ce qui concerne l’alimentation, le coût de l’alimentation représente jusqu’à 75% des charges de production. Sur le plan commercial, il est nécessaire d’organiser la distribution et de travailler sur les coûts de production par kilo et les prix de vente par kilo. La filière porcine doit être soutenue par les pouvoirs publics. L’élevage porcin a toujours été considéré comme risqué, ce qui a suscité des hésitations quant au financement de la part des institutions financières. Nous travaillons à lever ces barrières. En fin de compte, il incombe aux éleveurs porcins de s’engager pleinement et de se fixer des objectifs clairs.

Propos transcrits par Oyéyèmi AGANI

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