DROIT À L’ALIMENTATION : Quel sort pour les enfants de rue au Bénin ?
Dans le cadre de la 44e journée mondiale de l’alimentation tenue le mercredi 16 octobre 2024, il a été question du « Droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs ». Une thématique qui démontre l’importance d’une bonne alimentation dans le quotidien et le futur de chaque être humain, en particulier les enfants. Ainsi, il se pose la question de savoir ce qu’il en est des enfants de rue béninois.
Madeleine ATODJINOU
« Tout être humain, depuis la conception jusqu’à la vieillesse a droit à l’alimentation. Mais pas n’importe quelle alimentation, mais une alimentation saine et équilibrée ». En effet selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le droit à l’alimentation est le droit de chaque être humain à avoir accès à une alimentation saine et nutritive, conformément au droit à l’alimentation et au droit fondamental de chacun d’être à l’abri de la faim. Pour l’UNICEF, le droit à l’alimentation est le droit pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant d’avoir accès à une alimentation sûre. Mais répondant à quatre critères à savoir : la disponibilité, l’accessibilité et la stabilité des aliments, qui doivent être exempts de tous risques sanitaires.
Quant à la Convention Internationale des Droits d’un enfant, chaque enfant a le droit d’être protégé de la malnutrition et d’être soigné. Chaque enfant a le droit à un niveau de vie suffisant et de jouir d’un meilleur état de santé possible.
Même si ces différentes déclarations prônent clairement le droit de chaque individu à l’alimentation et spécialement les enfants, la situation devient alarmant. Car, malgré les efforts déployés pour garantir l’accès à la nourriture, en particulier pour les enfants malnutris, la situation des enfants de rue au Bénin demeure préoccupante.
Comme l’explique Fidèle Hounkpatin, Nutritionniste-Diéthétiste au CNHU-HKM, Les autorités gouvernementales ne prennent pas encore en charge de manière officielle et suffisante que ce soit les étudiants, les personnes âgées et surtout les enfants sans-abri, à part certaines ONG et des particuliers qui prennent l’initiative d’aider ces enfants.
Pourtant, la Convention Internationale des Droits d’un enfant, par son article 23, stipule que les États ont l’obligation de réduire la mortalité des enfants, de lutter contre la malnutrition et ce, en fournissant à la population des informations suffisantes, en leur fournissant de l’eau potable, des aliments nutritifs en cas de besoin. « L’article 25 de la même convention rappelle encore que la Déclaration des Droits de l’Homme énonce encore clairement que toute personne a le droit à un niveau d’alimentation suffisant pour assurer sa bonne santé », a fait savoir l’ingénieur Parfait Alohoutade, membre de Food for all.
Malgré cela, des milliers d’enfants se retrouvent dans la rue sans alimentation saine trainant un fort taux de malnutrition. À titre d’exemple, plus de 10.000 enfants et jeunes sont en situation de rue dans la ville de Cotonou, avec 5000 dans le marché de Dantokpa, selon un rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecin du Monde, la plupart ayant moins de 15 ans. Une situation qui n’épargne guère à ces enfants une alimentation précaire. Ainsi, ces enfants mangent rarement à des heures fixes et consomment souvent des aliments peu nutritifs, achetés, quémandés ou encore repêchés dans la rue. Cette situation est due à la pauvreté, au manque d’accès à l’eau potable et à l’absence de programmes alimentaires adaptés.
Par ailleurs, les conséquences sur leur santé sont énormes. Il s’agit de la malnutrition, du retard de croissance et de la vulnérabilité aux maladies.
Enfin, face à ces situations auxquelles font face cette catégorie d’enfants malgré les différentes règles de l’alimentation concernant chaque être humain, il urge que les autorités locales prennent des mesures concrètes afin de lutter efficacement contre la malnutrition et de garantir à chaque enfant le droit à l’alimentation.